9/10Korn - concert à Bercy

/ Critique - écrit par Loic, le 15/06/2004
Notre verdict : 9/10 - Watch the Leader (Fiche technique)

Tags : korn concert paris bercy festival album rock

La venue de Korn à Paris après la sortie d'un album est maintenant devenue une habitude. Ce lundi 14 juin, c'est pour promouvoir Take a Look in the Mirror que le groupe investit Bercy, en emmenant avec lui Static-X. Le groupe français Silmarils sera aussi de la partie, en ouvrant pour les deux groupes américains.

Comme tous les soirs de concerts « hard », les alentours de Bercy prennent des allures de carnaval deux ou trois bonnes heures avant le début du concert : les bracelets à clous, colliers à clous, casquettes à clous, sacs à dos à clous (les Castorama de la capitale ont dû tous être dévalisés) ornent une bonne partie des promeneurs du parc de Bercy. Devant l'entrée principale, c'est encore plus la cohue : tous les « gothiques du dimanche » de Paris se sont donnés rendez-vous et s'amusent à celui qui criera le plus fort. Bref, l'ambiance est plutôt bon enfant dans la file d'attente. La première surprise de la soirée arrive avant même le début des concerts, dès l'arrivée dans la salle : la fosse a été coupée en deux dans le sens de la largeur, afin de limiter l'effet de foule. Tant mieux pour les personnes arrivées tôt, les retardataires n'auront qu'à assister au concert de loin ou depuis les gradins.

Silmarils arrive sur scène alors que Bercy n'est pas encore plein, et attaque fort avec C'est pour ça, l'un des morceau les plus péchus de leur dernier album. Le public réagit plutôt mollement, des insultes commencent à fuser, mais quelques irréductibles fans de Silmarils tentent de mettre l'ambiance en pogottant à tout va, avec plus ou moins de réussite. Comme on pouvait s'y attendre, le groupe a choisi avec soin ses morceaux les plus violents, principalement issus du dernier album, comme Guérilla ou On n'est pas comme ça et réussit à limiter la casse. Par contre, ils ont choisi le pari osé de jouer animal, morceau principalement rap joué avec deux rappeurs. Les rappeurs sont accueillis sous les huées du public, qui ne cesseront qu'à la fin de la chanson. Ce public a sans doute oublié ou, vue la moyenne d'age dans la salle, n'a jamais connu les débuts de Korn, avec ses duos avec Ice Cube et ses reprises de morceau rap comme Wicked. Bref, les fans de metal, et ceux de Korn en particulier viennent encore de prouver leur intolérance. Le set de Silmarils se termine par un apocalyptique Cours vite, qui fera certes bouger le public, mais ne récoltera pas le succès escompté.

Le réagencement de la scène et les balances en préparation du show de Static-X passèrent assez vite, et c'est sous les acclamations que le groupe de Wayne Static s'empare de la scène. Malgré la sortie récente de leur dernier album, le groupe ne prend pas de risques et enchaîne les morceaux les plus efficaces des deux premiers disques (looser, Get to the Gone, Push it), et ne joue au total que deux ou trois chansons de Shadows Zone, leur très décevant troisième disque. Les grimaces et le jeu de scène de Wayne ont toujours autant de succès auprès du public, qui chante avec lui les paroles de leurs tubes. On pourra regretter le niveau sonore général trop faible, et la voix quasiment inaudible, mais leur prestation est réussie dans l'ensemble.

La préparation du concert de Korn est quant à elle beaucoup plus longue et fastidieuse. Tout le monde tente de se rapprocher de la scène, ce qui compresse les spectateurs encore plus que pendant les deux premières parties réunies. Quand le drap cachant le superbe pied de micro de John et la structure dissimulant la batterie sont retirés et que les lumières et la musique de fond s'éteignent, une clameur générale vient saluer les rois de la soirée. Le concert commence par un très énervé Right Now, deuxième single de Take a Look in the Mirror, pari risqué étant donné la médiocrité (relative) de ce disque par rapport aux premiers albums. Mais Korn est ici en terrain conquis, et quoi qu'ils fassent, ils seront toujours acclamés, et la fosse remuera toujours autant. Le groupe enchaîne ensuite, sans grandes surprises, mais pour le bonheur de tous sur les tubes de leurs six albums, citons pelle-mêle Here to Stay, Dead Bodies Everywhere, Faget, Blind, Falling away from me, Freak on a Leash, Y'all Want a Single (dernière chanson du concert)... Le son est de meilleure qualité que lors de leur dernier passage à Bercy, et la voix de John, bien que diminuée par rapport aux disques, est moins faiblarde. Par contre, comme toujours, avec Korn, la communication avec le public est presque inexistante, et seul Munky semble avoir plaisir à jouer avec le public.
Malgré un dernier album moins bon que le précédent, ce concert dépasse celui d'il y à deux ans sur tous les points, des premières parties en passant par le son et la voix de John. Espérons qu'ils feront aussi bien voire mieux pour le prochain concert, qui accompagnera un disque renouant en terme de qualité (en tout cas on l'espère) avec leurs premiers essais.