8.5/10Lofofora, de retour avec Monstre ordinaire

/ Critique - écrit par nazonfly, le 30/10/2011
Notre verdict : 8.5/10 - Capables du meilleur, responsables du pire (Fiche technique)

Tags : lofofora album avec live ordinaire daniel pierre

Il y a des groupes qu'on ne présente plus tant ils occupent la scène française depuis de longues années. Lofofora est de ceux-là. Le groupe parisien qu'on avait découvert au milieu des années 90 avec les deux hits, L’œuf et Holiday in France, alors omniprésents sur les radios et les télés, n'a jamais cessé d'être présent grâce à une fusion metal, rap et punk et à un engagement de tous les instants. Depuis Lofofora en 94, chaque album a vu ainsi son quota de très bonnes chansons : Peuh ! avec Amnes' history et Vive le feu, reprise des Bérus, Dur comme fer avec Charisman ou le titre éponyme, Le fond et la forme une
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fois encore avec l'éponyme et Carapace, Les choses qui nous dérangent avec le diabolique Buvez du cul. À vrai dire, nous avions bizarrement manqué l'avant-dernier album, Mémoire de singes mais il est temps de réparer cela avec la sortie de Monstre ordinaire.

La merde en tube

D'emblée on est en territoire connu : Reuno n'a rien perdu de sa hargne, de son flow de malade reconnaissable entre mille. Il crache, il hurle, il vocifère comme il le fait depuis plus de 20 ans. Comme il le dit sur Utopiste, il n'a pas dit son « dernier mot » et on peut le « tuer, ou même pire, mais jamais [le] faire taire ». Ce chant sans concession dure depuis 20 ans et continue encore sur Monstre ordinaire : La merde en tube consacre l'abrutissement de masse à coup de « connerie en barre », Les conquérants évoque la conquête du Nouveau Monde vu par les indigènes et ce n'est pas très beau, Un mec sans histoire rappelle bizarrement Macho blues même si tout est dans le sous-entendu (chacun entendra ce qu'il veut entendre?). Autant de constats amers sur la société.

Schizo et paranoïaque

Pourtant cet album, plus sombre selon les dires même de Reuno, est aussi très personnel tout en gardant sa portée universelle : Ma folie est une véritable introspection sur la folie du chanteur, à la limite de la schizophrénie, un thème qu'on retrouve sur Frustrasong qui peut tout aussi bien dépeindre le relatif parallélisme qui existe entre le héros et le monstre, Le visiteur de son côté suinte d'une paranoïa
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rampante qui fait froid dans le dos. Les autres titres de l'album sont paradoxalement beaucoup plus abscons et il faudrait sans doute écouter de longues heures pour parvenir à déceler tout ce que Lofo a voulu exprimer.

Bourrinage en règle

Côté musical, Utopiste d'entrée annonce la teneur de l'album : un très bon son, parfaitement mixé où la guitare, la basse, la batterie et la voix se partagent la scène et assènent de grands coups sur la gueule de l'auditeur tout en gardant une pointe de mélodie. Seules les quelques premières secondes de Le visiteur laissent un peu de répit avant que des guitares bien crades reviennent annoncer le retour du bourrinage en règle sur cette chanson magnifique de noirceur et de violence. Mais c'est bien entendu la voix de Reuno qu'on remarquera : elle affronte, elle charme, elle assène, elle guide, elle déclame, elle magnifie l'avalanche causée par les autres instruments.

Avec Monstre ordinaire, Lofofora revient en grande forme et prouve que le groupe, malgré les changements de line-up (dernièrement le batteur est parti rejoindre The Dø), est toujours là et qu'il faut compter avec lui.

Lofofora – Monstre ordinaire

01. Utopiste
02. Les évadés
03. Élixir
04. Les conquérants
05. La merde en tube
06. Le visiteur
07. Ma folie
08. Un mec sans histoire
09. Cannibales
10. Frustrasong
11. La beauté et la bête