Pomme - Concert au Ninkasi Gerland - 12/02/2020

/ Critique - écrit par nazonfly, le 14/02/2020

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La Lyonnaise Pomme a choisi une relativement petite salle, celle du Ninkasi Kao, pour présenter son nouvel album, Les Failles. Chronique d'un concert fait de douceur, d'empathie et de beauté.

Ce sont les Black Lilys, ouvrant la soirée dans la salle du Kao au Ninkasi Gerland, qui prononceront les deux phrases thématiques de la soirée : « Le public de Pomme est vraiment très doux », « on croit à la magie ». Car c’est de douceur et de magie dont on va principalement parler dans cette chronique consacrée à deux groupes d’origine lyonnaise.


Robin, la moitié des Black Lilys à la guitare DR.

Sur scène les Black Lilys sont deux : Camille au chant et au clavier et Robin à la guitare et aux chœurs. Dès le premier titre, il est impossible de ne pas être subjugué par la voix délicieusement rauque de la chanteuse et l’univers pop et doux du duo, idéal pour ouvrir pour Pomme. La chanson d’ouverture au nom qui nous échappe est réellement un petit bijou délicat comme le sont du reste Dust of you, le titre le plus connu du groupe et attendu par la salle, la toute tranquille et superbe Color my soul ou encore Yaläkta, dernier single sorti il y a une petite semaine qui clôt le concert de la plus belle des manières. Entre temps, le groupe aura su parfois sortir de son chemin pop délicat pour amener une grosse caisse numérique et emprunter une voie plus pêchue et plus déstructurée qui n’est pas sans rappeler Cocorosie. Le public est évidemment conquis par le beau duo qui termine son set par un rappel de la magie qu’il y a dans les coïncidences, dans les petites étonnements de la vie.


Sur scène les dessins d'Ambivalently Yours et Clem la bassiste DR.

Mais, pour les spectateurs, la magie n’est pas terminée puisque c’est Pomme qui investit la scène accompagnée de deux musiciennes : Clem au clavier, à la basse et aux chœurs et Caro à la batterie et aux chœurs. La mise en scène est assez particulière puisqu’elles sont toutes les deux reléguées un peu à l’arrière plan derrière des rideaux de plastique transparent qui font écho à la tenue de Pomme, le terme de reléguées étant surtout un terme topologique puisqu’elles sont bien présentes au fil d’un concert qui alterne les moments acoustiques, à base d’une simple guitare ou de la fameuse autoharpe, et des instants plus électriques, voire complètement dansants comme sur La lumière dont l’instrumentation parvient à lui donner une autre amplitude. Ce titre, cependant, n’est qu’une aparté dans un concert qui évidement fait la part belle aux sentiments, à la sensibilité, à la douceur en mêlant les plus beaux titres de À peu près (La lavande, On brûlera, Ceux qui rêvent) aux plus beaux de Les failles (Pourquoi la mort, Grandiose, Saphir) ainsi que deux reprises aussi magnifiques l’une que l’autre (Bad Guy de Billie Eilish et Itsumo Nando Demo issu du Voyage de Chihiro), le tout soutenu par de superbes vidéos défilant sur un écran dans le fond : on y retrouve quelques unes des œuvres de l’artiste Ambivalently Yours qui a créé les visuels de l’album. La musique, les paroles de Pomme touchent particulièrement et on verra même quelques larmes couler sur des visages à la fin de Une minute.


L'ombre de Pomme plus grande que l'artiste DR.

La magie de cette soirée tient beaucoup à la personnalité de Pomme, simple, talentueuse, drôle, pertinente, touchante, sensible : la Lyonnaise est un peu plus qu’une artiste, peut-être une sœur-cière pour beaucoup de personnes présentes dans ce concert et au long d’une tournée complète à peu près partout, quelqu’un avec qui l’on partage plus qu’un simple moment dans une salle bondée. Et ce n’est pas la fabuleuse lune gibbeuse brillant avec fierté sur l’horizon de l’avenue Tony Garnier, parfaite clôture du concert, qui dira le contraire !