8/10Jude - .Redemption

/ Critique - écrit par Filipe, le 11/11/2006
Notre verdict : 8/10 - Chroniques d'un homme apaisé (Fiche technique)

Tags : god film scribd jude you are this

Remercié par sa maison de disque suite à l'échec de son troisième opus, King of Yesterday, Jude a connu une période difficile, "sans label ni appartement". Dans son malheur, il eut un peu de chance - cela arrive quelquefois - puisque c'est une déception sentimentale qui est à l'origine de son retour sur le devant de la scène (nous l'avions rencontré l'an dernier lors d'un passage à Paris). Ce mois-ci paraît le cinquième tome des chroniques sentimentales de l'ami Jude Christodal. Chroniques d'un homme apaisé, que la presse s'obstine à présenter comme l'héritier d'un Paul Simon ou d'un Brian Wilson. Produit par un illustre inconnu, Shelden Goldberg, Redemption s'inscrit dans la lignée des précédents, plus optimiste que la moyenne, sans réelles innovations mais toujours aussi agréable à écouter.

Son talent d'écriture et son goût pour la littérature ne sont plus à démontrer. Jude a le don d'écrire des choses simples, à la portée de tous. Dix ans se sont écoulés depuis l'enregistrement de 430 N. Harper Avenue, et pourtant, les mélodies qu'il compose sont toujours aussi imparables (Run to my room), ses interprétations, à tomber (Stay). La recette n'a rien de très original au premier abord. Elle tient en deux mots : simplicité, sincérité.

Entre constats amers (Your Eyes) et envolées frivoles (Run To My Room), Redemption se situe à mi-chemin entre pop (Save me) et folk (Love, love, love), acoustique (All I want), agrémenté ici ou là d'une pincée d'electro. Lors de sa dernière tournée, Jude avait pratiquement fait l'impasse sur Sarah (l'album qui justifiait pourtant cette tournée), au profit d'inédits, que l'on retrouve tout naturellement sur cet album. Les amateurs de ballades intemporelles trouveront leur compte, dans la mesure où l'album propose quelques modèles du genre (Your Eyes, Fly Again). En terme d'instruments, rien de surprenant : l'artiste, à l'aise comme jamais, varie les plaisirs, alternant entre guitare acoustique et piano. A noter que le songwriter se lâche un peu plus qu'à l'accoutumée, notamment sur End Of My Rainbow et Taking More and Giving Less, où il joue les "Superman" de service auprès d'une gente féminine qui le lui rend bien.

Avec Redemption, le songwriter américain récidive en nous offrant le meilleur de lui-même : un florilège de ballades intemporelles aux textes ciselés, interprétés de façon brillante, le coeur sur la main. Jude confirme son retour au tout premier plan, avec un album aux influences évidentes : Beach Boys, Buddy Holly, Beatles (notamment sur Money et Save Me), pour ne citer qu'eux. L'album n'a rien à envier à ses prédécesseurs, avec lesquels il dialogue à la perfection. Ainsi, (She's getting) Married n'aurait pas été de trop sur l'album Sarah ; Beautiful loser évoque spontanément le délirant Brad and Suzy ; Money est un clin d'oeil à sa période King of Yesterday... Un an après nous avoir impressionné en concert, Jude continue de faire preuve d'une désarmante constance dans la qualité, jamais démentie au fil des ans. Redemption est, au même titre que n'importe lequel de ses disques, à écouter les yeux fermés, la tête dans les étoiles...


Jude - Redemption
01. All I want
02. Save me
03. Dreaming
04. Love, love, love
05. Run to my room
06. End of my rainbow
07. Your Eyes
08. Break-up song
09. Married
10. Stay
11. Money
12. Beautiful loser
13. Fly Again
14. Taking more and giving less