Verone - Interview

/ Interview - écrit par Filipe, le 23/05/2005

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"La musique de Verone apparaît d'abord fragile et lumineuse comme du verre traversé de soleil, striée par les guitares en apesanteur, saupoudrée de frôlements de cymbales et de violoncelles. Mais que le soleil tape un peu trop fort, et elle plonge sous la glace d'arrangements synthétiques et de beats métronomiques dans des ténèbres mystérieuses, peuplées d'animaux fantastiques et de fumées de feux indiens."

C'est aux alentours de l'Hôtel du Nord, à deux pas de la gare de l'Est, en plein dixième arrondissement, que Fabien Guidollet et sa complice Delphine Passant, ont accepté de me donner rendez-vous. Avec Stéphane Auzenet, ils forment le groupe Verone et sont actuellement en pleine période de promotion pour leur premier album Retour au Zoo (paru en janvier 2005). Habituellement, on la retrouve à la guitare, pendant que lui, s'exprime au micro. Pendant presque une heure, je les ai tous deux réunis autour de mon dictaphone, blottis dans un bar quelconque à l'abri du mauvais temps. Compte-rendu à partir d'un enregistrement quasi inaudible.

Krinein : Bonjour à vous deux, Fabien et Delphine. Pour ceux qui ne vous connaissent pas encore, pourriez-vous brièvement vous présenter ?
Fabien Guidollet : Eh bien, le groupe Verone date de 1997-98. A l'époque, on était trois : Delphine à la guitare, Stéphane à la basse et Fabien au chant. On a essentiellement joué sur scène pendant deux ou trois ans. C'est à ce moment-là qu'on a rencontré un producteur américain sur Paris, qui s'appelle Daniel Presley, et qui depuis a fait plein de choses pour Cali, Luke, Matmatah ou Dionysos.
Delphine Passant : A l'époque, il montait son label et nous a fait signer sur son label.
FG : Et puis on a commencé l'enregistrement d'un premier album avec lui en 2000-2001, qui aurait été assez folk, mais qu'on n'a pas terminé, faute d'argent et d'entente.

Effectivement, on reparlera de cet épisode par la suite. (à Fabien) Tu as dit quelque part que tu n'étais né qu'à vingt ans. Les vingt premières années de ta vie ont-elles été à ce point ennuyeuses ?
FG : En fait, j'ai vécu seul avec ma mère jusqu'à vingt ans. Elle est morte à ce moment-là. Donc, j'ai peut-être fait moins de choses pendant mon adolescence que d'autres gens. J'étais plus renfermé, plus à la maison avec ma mère jusqu'à mes vingt ans. Et là, je me suis retrouvé tout seul d'un coup, ce qui a été un peu bizarre.

Mais tu t'étais déjà plongé dans la musique bien avant cette époque. Tu devais certainement avoir des idoles ?
FG : Oui, effectivement, je jouais de la musique déjà au lycée. J'écoutais les Flamin' Groovies, un groupe des années 70. J'écoutais aussi des choses assez classiques, les Rolling Stones, les Beatles...
DP : (A Fabien) Mais si tu n'es né qu'à vingt ans, c'est parce que tu as commencé à vivre ta vie un peu plus librement à partir de ce moment-là.
FG : Oui, c'est ça.

Avant les années Verone, il y a d'abord eu l'aventure Evergreen. Est-ce que vous pourriez nous en dire quelques mots ?
FG : Il y en a même eu plusieurs.
DP : Il y en a eu deux, Lollipops puis Evergreen. Lollipops, c'était à la fin du lycée, il y a bien douze ans. On a commencé ensemble la musique avec d'autres personnes
FG : Ce qu'on jouait à l'époque, je ne m'en souviens plus vraiment (rires). C'était globalement pop.
DP : Ensuite, on a monté Evergreen, où il y avait des violoncelles, des choses en plus.
FG : Plus folk, avec des textes en anglais. Et puis ça a duré jusqu'en 1997-98. Ensuite, on est passé à Verone, avec des textes en français, d'autres membres et d'autres instruments.

Qu'est ce qui a provoqué le passage d'Evergreen à Verone ?
FG : On a changé de bassiste. On a changé de batteur. On a changé de morceaux. On a changé de langue dans les morceaux. On a eu envie de changer de projet, en somme. Et puis on s'est dit qu'il fallait qu'on change de nom, comme pour marquer le coup.

Et pourquoi avoir changé de langue ?
FG : C'était une évolution naturelle. J'en ai discuté à un moment donné avec notre batteur de l'époque. On s'est dit que ce serait bien de tenter des textes en français. J'en avais un peu marre de mon anglais et on tournait en rond. Après avoir fait dix ou vingt textes en anglais, je me suis dit qu'il fallait que je change quelque chose. Et puis mon anglais n'était pas excellent...

Les groupes font plus souvent l'inverse. L'anglais leur permet ensuite d'exporter leurs chansons.
FG : Oui effectivement, pris sous cet angle-là, tu as raison. Mais en France, pour pouvoir passer à la radio, il faut plutôt chanter en français. Il y a des quotas sur les radios qui imposent d'en diffuser 40 ou 50%. On ne l'a pas du tout fait dans ce but là, vu que de toute façon, les deux projets, l'un et l'autre étaient aussi souterrains. Que ce soit en français ou en anglais, ça n'a strictement rien changé. C'était une pure démarche artistique, une envie de faire des textes qui soient meilleurs et que les gens puissent comprendre. Quand tu chantes en anglais, la voix n'est qu'un instrument. Tu peux raconter n'importe quoi. Personne ne comprend rien et tout le monde s'en fiche.
DP : Peut-être pas à ce point...
FG : Globalement, si. En France, qui écoute et comprend les textes anglais ? Pas grand monde.

Tous les deux, vous avez donc un passé musical en commun. Comment vous êtes-vous rencontrés ?
DP : Juste après le lycée. Je jouais déjà dans un groupe avec des amis et on cherchait un guitariste. Et on a trouvé Fabien.
FG : Et ça a été moi, voilà.
DP : Le groupe a splitté deux mois après, parce qu'on ne s'entendait pas très bien... avec Fabien, d'ailleurs. Fabien jouait ses morceaux et moi, j'aimais bien ce qu'il faisait. Donc, on a fait un projet ensemble.

Et donc un beau jour, Daniel Presley vous remarque en concert, sur une péniche à Paris. L'album que vous vous apprêtiez à enregistrer ensemble ne verra pourtant jamais le jour. Que s'est-il passé ?
FG : Effectivement, on a signé sur son label pour ensuite récupérer notre contrat. On a commencé des prises qu'on n'a jamais finies. Il y avait assez peu de temps, en fait, à ce moment-là, et on n'a pas vraiment trouvé de terrain d'entente sur tout ce qui était mixage et production. Ce qui a fait qu'au bout de plusieurs mois, on a décidé d'un commun accord de suivre un autre chemin.

Finalement, ce premier album fera son apparition fin janvier 2005 sous l'appellation Retour au Zoo. Lorsqu'on évoque Verone, on cite souvent d'autres groupes et artistes, parmi lesquels Kraftwerk, Gerard Manset, Mazzy Star, Tangerine Dream, Christophe, Peter Gabriel et même Alain Bashung. Comment qualifieriez-vous votre propre style de musique avec vos propres mots ?
FG (hésitant) : C'est de la chanson... bizarre, je dirais, avec un style qui est le nôtre. Ensuite, pour le décrire, je serais bien embêté. C'est avant tout un projet de chanson...
DP : Avec une base folk...
FG : Ensuite, comme tu as pu le voir si tu as eu le disque, tu as dû voir qu'il n'avait pas grand chose à voir avec ce que tu as pu voir en concert. Le disque est très différent. Il est plutôt électronique, très ambiante, mais très électronique. Sur scène, c'est plus acoustique.
DP : Avec une batterie et puis quelques arrangements électroniques.
FG : Ensuite, nos influences se trouvent plutôt au niveau du rock indépendant américain, de la musique électronique et de la chanson française. Je n'ai pas vraiment de formule comme ça à te donner, malheureusement. C'est de la chanson... bizarre.

Comment faites-vous pour écrire vos textes ? Vous êtes plutôt du genre à écrire sur de la musique, ou à jouer sur des textes ?
FG : Alors c'est plutôt moi qui viens avec des titres, des ébauches de titres. Des textes et de la musique. Et puis tous ensemble, avec Delphine dans un premier temps, et puis les autres, on les peaufine. Sur le disque, j'ai fait les textes après. Dans ce que tu as vu hier soir sur scène, il y a un mix de morceaux qui sont sur le disque et de morceaux plus récents. Et sur ces morceaux plus récents, j'ai fait les textes d'abord. Tout ça s'est fait un peu par hasard, sur le moment. Avec un peu plus de temps, j'avais pu faire les textes après. Ensuite, les textes me sont venus avant les riffs.

Pourquoi vos chansons sont-elles aussi mélancoliques ? Est-ce le reflet de la tristesse contemporaine ?
FG : Disons que je suis assez mélancolique naturellement. Maintenant, je ne sais pas si nos chansons sont vraiment tristes. Il y a de la mélancolie sur certains morceaux comme Alaska, mais je ne crois pas qu'ils soient vraiment tristes. Je crois que ça s'explique par mon naturel. Ce qu'il y a, c'est que quand tu es de très bonne humeur, tu n'écris pas de morceau, c'est un peu le problème. Quand tout va bien, tu ne ressens pas le besoin de faire de la musique. Il ne faut pas non plus aller trop mal, parce que sinon tu n'y arrives pas non plus. Il faut trouver un état intermédiaire.

En contrepartie, il y a quand même pas mal de passages assez surréalistes, voire franchement psychédéliques, avec vos "chevaux sous la mer à la crinière flottante, qui se cabrent sans espoir"...
FG : Effectivement, là on parle de morceaux plus récents. Pour ce qui est du titre J'ai vu des chevaux sous la mer, c'est vraiment toi (à Delphine) qui me l'as apporté.
DP : C'est un rêve que j'ai fait et on en a fait une chanson. Je nageais sous l'eau et je voyais des chevaux morts, de couleur bleue, flotter dans l'eau tout autour de moi...
FG : De ce rêve à la chanson, il n'y a eu qu'un pas. C'est la dernière chanson que nous ayons enregistrée pour l'album.

A ce propos, et pour faire écho à un autre débat, j'ai lu quelque part que Verone pouvait être prescrit comme antidépresseur ou homéopathique. Est ce que vous concordez avec ce type de prescription ?
DP : Non, je crois que c'était à propos de nos concerts, plutôt. Parce que je ne crois pas que l'album soit particulièrement antidépresseur, je pense.
FG : Oui, enfin, je souhaite en tous cas que nos concerts soient vivants, qu'ils ne ressemblent pas à quelque chose de préparé à l'avance. Que ça puisse être pris comme quelque chose de vivifiant, je veux bien. Maintenant, comme antidépresseur, c'est peut-être un peu fort... Enfin, je ne sais pas.
DP : Faut voir. Faudrait essayer...

Que répondez-vous aux personnes qui qualifient les paroles de vos chansons d'énigmatiques, de plus poétiques que réellement riches de sens ?
FG (hésitant) : Ouais, enfin... significatif ? Qu'est ce que c'est qu'un texte significatif ? Je n'ai pas la prétention de...
DP : Un texte qui raconte une histoire...
FG : Oui, en général, ils ne racontent pas vraiment d'histoire avec un début et une fin. Après, ce n'est pas non plus le mode d'emploi d'une machine à laver.
DP : On peut simplement coller des mots, fabriquer des ambiances...
FG : Pour moi, les textes de nos chansons se rapprochent plutôt de la poésie, même s'ils ne sont pas aussi nobles parce qu'ils ne font qu'accompagner une musique. Ils n'ont pas besoin d'être aussi verrouillés. Après, c'est quoi le sens d'une poésie ? On pourrait en débattre pendant des heures.

Ce que ces personnes entendent peut-être par là, c'est que vos textes ne sont pas naturellement accessibles, qu'ils n'ont pas un sens qui saute aux yeux...
DP : Ce qui est vrai...
FG : Attends, ça n'est pas non plus Tomber la chemise. Moi, je trouve ça bien qu'on ne comprenne pas immédiatement le sens de nos chansons, que tout ne soit pas évident. Ce n'est pas très intéressant si tu comprends tout à la première écoute, du premier mot jusqu'au dernier. A la deuxième écoute, tu t'ennuies, tu changes de disque. Après, à la radio, on sent bien que naturellement, c'est plutôt le contraire qui s'opère et les chansons qui marchent le mieux sont les plus évidentes. Mais bon, il ne faut pas réduire toute la musique à une écoute radiophonique.

Vous semblez associer très facilement les contributions d'artistes extérieurs au groupe. Qu'est-ce qui motive ces interventions et que vous apportent-elles ?
FG : Il y a des interventions au niveau des voix. Je ne voulais pas être le seul à chanter sur l'ensemble du disque, de la première seconde à la dernière. C'était pour essayer d'avoir une palette de sons variés. On a fait comme on a essayé de faire pour les sons des instruments, les boites à rythmes, les synthés et les guitares. On a essayé d'avoir quelque chose de relativement varié. Et puis comme on a voulu faire ce disque très électronique, on s'est dit qu'il fallait essayer des choses sur les voix, pour ne pas avoir une voix sèche et naturelle sur chacun des morceaux. On a eu différents invités pour les voix. On a eu une amie japonaise, Yumi, qui chante sur un morceau (ndlr : Cameleon). Une autre copine, Sandra, qui chante sur deux morceaux (ndlr : Penser tout haut et Tout est léger, dont elle a écrit le texte). Une autre fille de Lille, qui s'appelle Natacha Tertone, du groupe John Home, et qui chante sur un autre morceau (nldr : Jericho). On a eu un autre copain, Sammy Decoster, qui a fait un peu de chant et de guitare. On a essayé de ne pas rester enfermés en studio et faire notre truc à deux ou trois.
DP : C'était juste histoire de varier les ambiances...
FG : On a eu aussi Cyril (ndlr : Guillanneuf), qui jouait dans Luke, qui a écrit et enregistré les parties de synthés de deux morceaux (ndlr : Jericho et Chanson de cale). On l'a fait avec des gens assez proches, des gens qui étaient dans notre entourage à ce moment-là.
DP : On a eu envie de les faire participer parce qu'on aimait bien ce qu'ils faisaient.
FG : On peut dire qu'il y a quand même un bon ensemble qui se tient. Même s'il y a d'autres intervenants, ça ne se ressent pas vraiment sur le disque.

J'ai eu l'immense privilège d'être invité à votre concert d'hier à la Boule Noire. Quel est votre meilleur souvenir de scène ?
FG : Au niveau des concerts sympathiques qu'on ait pu jouer, il y a eu le concert de Grandaddy au Divan du monde, il y a quelques années. J'ai d'autres souvenirs assez sympathiques. On avait joué dans une foire au vin. Je me souviens aussi d'avoir assisté au concert d'un groupe pop anglais, il y a quelques années, au cours duquel le batteur avait vomi sur sa batterie, ce qui m'a pas mal marqué, je ne sais pas trop pourquoi. Je suis plus attentif au prochain concert. C'est un peu le problème des concerts. Ils sont très éphémères. A la fin, il n'en reste pas grand chose finalement, alors que le disque reste. Lui, tu peux le réécouter deux ans après.

Aujourd'hui la presse est unanime à votre sujet, qu'elle soit spécialisée ou non. Vous êtes LA révélation du rock français de ce début d'année. Lorsqu'on tape "Verone" dans Google, votre site officiel apparaît en tête de liste. Comment accueillez-vous ce déluge de compliments après toutes ces années de galère ?
FG : Tu dis, "après toutes ces années". Mais il faut bien voir que c'est seulement notre premier album. C'est un peu le début de l'histoire. On a eu d'autres projets avant mais ce n'est que notre tout premier disque.
DP : Ces réactions nous permettent de nous dire qu'on va continuer, faire quelque chose après, un deuxième disque. C'est plutôt motivant, t'as envie d'aller plus loin.
FG : C'est bien d'avoir eu cet accueil-là. C'est vrai que ce n'était quand même pas gagné d'avance. Le disque sort sous une structure indépendante. On n'a pas forcément eu beaucoup de moyens. La pochette n'a pas été distribuée partout.

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes auteurs qui cherchent eux aussi à percer ?
DP : Faire leur disque du mieux qu'ils peuvent, un disque qui leur plaise et qu'ils essaient de mener à bien...
FG : Sans perdre trop de temps. Essayer de voir ce qu'on peut faire et s'y tenir.
DP : Prendre des risques, aussi.
FG : C'est très facile à dire, un peu moins à faire.
DP : Ne pas trop faire attention aux remarques extérieures au groupe.
FG : Bien garder en tête ce qu'on a envie de devenir. Et ne pas commencer à se dire : "Bon quel disque faudrait-il faire pour qu'il plaise à telles personnes ?", ça ne marche pas comme ça. Maintenant, peut-être que je me trompe.

Maintenant que beaucoup de gens vous connaissent, votre album va pouvoir être gratuitement échangé sur Internet, comme tous les autres. Qu'est ce que cela vous évoque ?
DP : Oui, on sait bien qu'il est déjà sur Internet.
FG : Je ne pense pas que ce soit très grave. Il faut se dire que pour une personne qui télécharge, il y en a peut-être d'autres qui vont finir par acheter le disque. C'est notre premier album et on essaie de le faire tourner un petit peu. De toute façon, on n'a pas le choix, et puis ça fait vendre des disques à l'arrivée de toute manière. Ensuite, il y a quand même pas mal de gens qui finissent par acheter les disques, parce qu'ils en ont marre d'avoir des mp3 de la dix-huitième génération.  

Vous êtes en train de me dire qu'en fin de compte, cette histoire de téléchargement illégal sur Internet n'est pas vraiment néfaste pour les jeunes artistes comme vous ?
FG : Disons qu'on ne sait pas vraiment aujourd'hui de quoi on parle. Il y a une grosse baisse du chiffre d'affaires des grosses maisons de disques depuis quelques années mais on ne sait pas vraiment à quoi elle est dûe. Il se pourrait qu'elle soit dûe en partie à cette histoire d'Internet. Ce qui est gênant, c'est qu'ensuite pour vouloir garder ton chiffre d'affaires, tu diminues les investissements. Tu n'investis plus sur de jeunes projets. C'est ce qui se passe actuellement chez les gros labels. Maintenant, est ce que c'est vraiment ça ? A quoi est dûe cette baisse du chiffre d'affaires ? On n'en sait trop rien. Pour nous, le contexte n'est pas le même. Il est plus indépendant. Le disque passe de main en main, les gens le font écouter à leurs amis, qui au bout de la chaîne finiront peut-être par l'acheter. Ce n'est vraiment gênant que pour les gros vendeurs de disques, puisque ça peut effectivement provoquer un gros manque à gagner. C'est différent à notre niveau. On est encore dans la phase où on essaie de se faire connaître. Quelque part, tout ça finit par participer à notre promotion. Il faut voir aussi que sur Internet, tu as les morceaux séparés, avec du mauvais son. Il y a quand même une grosse dégradation de l'oeuvre musicale, suivant la qualité du format des fichiers. C'est un peu bête, puisque, de notre côté, on arrive à mixer des disques dans de bonnes conditions et avoir un son génial. Comparé aux mp3 pourris, que tu peux mettre sur ton téléphone portable. C'est un peu triste, tu as de plus en plus de gens qui écoutent de la musique sur leur portable...

"Négociation, dépréciation, comment faire quand rien ne sort de bon ?" (Retour au Zoo) A priori, ce qui sort aujourd'hui est plutôt bon, non ?
FG : (rires) Oui, mais à l'époque où j'ai écrit cette chanson, ça n'était pas pareil.
DP : C'était une période où l'on ne savait plus trop ce qu'on faisait.
FG : C'était après la période "Daniel Presley". Il faut le voir comme une de ces réflexions, quand tu pars travailler...

"Comment faire pour distraire son monde ?" Vous nous posez la question, donc je vous la pose à mon tour...
FG : (rires) Tu vois, sur scène on tente pas mal de trucs. Tu vois des vidéos, qu'on a voulu parfois drôles, parfois pas. On ne cherche pas à faire des concerts qui soient trop longs et trop compliqués. Alors, je ne sais pas si on y arrive ou pas. A la base, on a quand même une musique qui est très ambiante, et qui n'est pas forcément évidente à s'approprier. On fait notre maximum pour distraire les gens, pour qu'ils n'aient pas l'impression de venir à une cérémonie d'enterrement, parce que ce n'est pas le cas. J'espère qu'on y arrive en tous cas.

Je pense que vous y arrivez. Et quel est l'avenir de Verone à long terme ?
DP : Un deuxième album.
FG : On sera certainement amenés à faire évoluer notre style. Il faut essayer de ne jamais refaire le même disque.
DP : Ce deuxième album sera assez différent du premier. Le premier était plutôt à ambiances électroniques.
FG : Le second sera plus nettement plus acoustique, plus proche de ce que tu as vu sur scène. Des textes différents, des musiques différentes, des arrangements différents.
DP : Sur le troisième disque, on fera encore autre chose, et sur le quatrième aussi, si on arrive jusque là (rires).
FG : Donc l'avenir de Verone, c'est de trouver une nouvelle idée tous les deux ans.
DP : Et de continuer à se faire plaisir.
FG : Ce qui est très important, je trouve, c'est de ne pas se répéter dans le temps. J'ai du mal à comprendre les groupes, ou les artistes de façon générale, qui répètent une formule à l'infini, sur cinq albums...
DP : Nous, c'est plutôt le contraire. On pourrait changer de nom de groupe tous les six mois et faire autre chose.
FG : Je crois que le plus important est de garder le même nom et le même concept global, en changeant uniquement le disque. Il ne faudrait pas non plus changer de nom à tout bout de champ.
DP : (À Fabien) Oui, et puis tu en as qui changent de nom, mais qui continuent à faire la même musique, pour faire semblant de varier.
FG : Maintenant, à plus long terme, on ne peut pas vraiment savoir. On aura peut-être signé chez Universal, on sera sur des compils, on sortira un best of... non, vraiment, on ne peut pas savoir.


Un grand merci à Jean-Philippe de chez Martingale, ainsi qu'à Delphine et Fabien pour leur générosité sur scène, leur sympathie et leur disponibilité. Bonne chance à eux deux.