7/10Verone - Retour au zoo

/ Critique - écrit par Danorah, le 02/09/2005
Notre verdict : 7/10 - A suivre... (Fiche technique)

Tags : verone retour zoo fabien eur mag musique

Quelque part entre veille et sommeil, entre ombre et lumière, entre électronique et acoustique, évolue Verone. Tout en nuances et en finesse, leur premier album Retour au zoo s'impose avec une certaine grâce qui ne manque pas d'attrait. Songes et mélancolie sont les maîtres-mots de ce trio quelque peu atypique, et l'association de ceux-ci se révèle prolifique et digne d'attention. Retour au zoo, c'est une galerie composée de dix tableaux, dix peintures possédant chacune leur caractère propre : natures-mortes, oeuvres impressionnistes, art abstrait, tout y passe ; tantôt avec beaucoup d'élégance, tantôt de manière un peu trop systématique, le trio se sert des accords et harmonies comme de gouaches et d'aquarelles pour dépeindre paysages désertiques et personnages oniriques.

Alaska évoque immanquablement de longues plaines enneigées et s'étendant à perte de vue ; impression renforcée par des lignes mélodiques épurées, une guitare acoustique qui égrène ses arpèges comme autant de flocons de neige et des sonorités électroniques glacées soutenues par une voix masculine haut perchée, malheureusement pas toujours très juste. Dans le même ordre d'idées, Derrière le ciel s'étend sur des nappes synthétiques frissonnantes et instables, sur lesquelles le chanteur appose sa diction lente et un peu surannée, tandis que Jericho s'étale langoureusement sur des mélodies languissantes et des paroles psychédéliques, traversées çà et là par des élans lumineux et éphémères. Mais c'est à travers des touches plus subtiles que s'expriment les meilleurs titres de Retour au zoo : la chanson éponyme et ses arpèges de guitare qui rompent la monotonie, et surtout le très beau J'ai vu des chevaux sous la mer, où la voix du chanteur est avantageusement accompagnée d'une voix féminine douce et sans fioritures, qui s'accorde merveilleusement avec la musique relativement minimaliste de Verone. Une voix qui se manifeste également dans Tout est léger, qui pour l'occasion se fait musicalement moins plat et s'autorise quelques thèmes instrumentaux dignes d'intérêt, et dans Penser tout haut, où elle est occasionnellement filtrée mais ne parvient pas vraiment à atteindre l'intensité de J'ai vu des chevaux sous la mer. Une voix féminine parlée se fait aussi entendre sur Caméléon, mais n'a d'autre utilité que de rendre la chanson insupportable, tant la diction et les paroles sont niaises et ridicules. Enfin, Chanson de cale et Cherokee, moins électroniques, séduisent par leurs instrumentations et leur construction contrastée.

Globalement longues, les compositions de Verone sont dotées d'une grâce et d'une élégance certaines, le trio ne laissant passer pratiquement aucune faute de goût. Leurs ambiances électroniques délicates se font plaisantes, mais s'égarent parfois dans cette volonté d'épurer chaque phrase, chaque accord, supprimant du même coup tout relief et frôlant plus d'une fois la monotonie la plus agaçante. Les voix ne sont pas non plus exemptes de défauts et ne permettent pas vraiment de combler le manque de relief inhérent à la musique. On retiendra néanmoins de très jolies inspirations mélodiques et les atmosphères délicates qui transparaissent de ce Retour au zoo.

Verone se révèle être une formation pleine de promesses, qui devrait gagner en maturité dans les années à venir, pour parvenir à inculquer à sa musique l'illumination qu'elle nécessite. Pour l'heure, les deux Français nous font part d'un premier album plutôt sympathique et encourageant, déjà doté d'une forte personnalité. De bon augure.


Verone - Retour au zoo
01. Alaska
02. Cameleon
03. Jericho
04. J'ai vu des chevaux sous la mer
05. Tout est léger
06. Derrière le ciel
07. Retour au zoo
08. Chanson de cale
09. Cherokee
10. Penser tout haut