Rammstein - Reise, Reise
Musique / Critique - écrit par weirdkorn, le 29/09/2004 (Tags : reise rammstein album universal version stein amerika
Après un Mutter excellent, Rammstein était attendu au tournant pour son quatrième album. Celui-ci s'appelle Reise, Reise et démontre encore une évolution de leur style. Le groupe allemand a pris l'habitude d'évoluer entre chaque opus et continue sur cette voie. Il est clair que le style très primaire de Herzeleid est fini. Rammstein continue le voyage entrepris avec Mutter, c'est-à-dire en accentuant encore la mélodie et la diversité musicale.
En fait, tout est déjà dit dans le titre de l'album, Reise, Reise. Cela donnerait Voyage, Voyage chez nous et ce mot est vraiment significatif. C'est comme si Rammstein voulait nous faire voyager lors de chaque chanson tant les références sont multiples et les résultats variés, que ce soit à l'intérieur même des titres ou entre eux. Le groupe va dans une direction encore plus mélodique que Mutter et Till Lindemann est plus que jamais décidé à chanter. Je vois déjà les fans des premiers albums commencer à s'inquiéter mais pas de soucis, Rammstein reste Rammstein. Les guitares sont aussi tranchantes qu'auparavant, la production est du niveau de Mutter et le groupe possède toujours le même sens de la composition. On ne retrouve peut être pas la rythmique marteau-piqueur et quelques titres peuvent manquer un peu de pêche mais cela est compensé par un très grand travail créatif.
Dès la première chanson, Reise, Reise, on sait que l'album suit l'évolution de Mutter. Quelques bruits du bord de mer, des instruments classiques et le gros son Rammstein arrive avec son mur de grattes habituel. Le reste est assez ordinaire, toujours bon, très mélodique et se finit sur des sonorités plutôt folklores. Toutefois, le titre n'est pas de la trempe d'un Mein Herz brennt. Mein Teil remet vite tout dans l'ordre. Le single nous met une bonne claque, ultra puissant, mélodique et imaginatif. Du Rammstein comme on l'aime et personnellement le meilleur titre de l'album. À part Keine Lust, aucun titre ne possède son agressivité et c'est ce qui manque sur cet album. Même si le son est toujours aussi lourd sur la plupart des titres, la mélodie et le côté aérien l'emporte un peu trop sur la puissance.
Amerika réussit tout de même à mêler ces deux aspects, en plaçant des riffs très heavy au milieu d'un refrain chanté pour un titre profondément ironique et réussi. Morgenstern et Stein um Stein suivent dans cette voix, très mélodique grâce aux choeurs et gardant le gros son, mais sont un ton en dessous. Ohne dich et Amour qui concluent Reise, Reise sont de l'ordre de Seeman ou Mutter, à savoir la ballade métal version Rammstein avec une dernière chanson se terminant d'ailleurs par un riff surpuissant.
Le thème du voyage n'a pas encore été abordé. Dalai Lama surprend et séduit par l'importante utilisation du clavier et son rythme lent bien qu'hypnotique. Los est décevante, sans gros son, et nous transporte aux Etats-Unis avec son aspect blues-country. Le petit tour se poursuit à Moskau où le groupe reprend ses habitudes, alliant rythme rapide avec une voix féminine, russe cette fois-ci.
Rammstein signe avec Reise, Reise son album le plus réfléchi et le plus travaillé. Mais il l'est peut être un peu trop. Cherchant toujours de nouvelles sonorités et mélodies, le groupe manque parfois un peu d'agressivité. Cela dit, avec des chansons innovantes et diversifiées tant sur le plan musical que celui de la construction, cet album n'est pas près de quitter le lecteur CD. Reise, Reise montre à quel point Rammstein est talentueux et arrive sans cesse à évoluer. Seulement, il manque un peu de puissance et de spontanéité pour arriver au niveau de Mutter.