Indochine - Paradize show / Placebo - Soulmates never die
Musique / Critique - écrit par camite, le 14/07/2004 (Tags : date albums platine music france live duree
Deux albums live : Indochine - Paradize show et Placebo - Soulmates never die
L'idée d'un live officiel de Placebo hante les colonnes news de la presse rock depuis la tournée Without you I'm nothing (98-99). Maintes fois repoussé, remodelé (concert acoustique évoqué), l'objet arrive finalement après le quatrième album de la bande (l'excellent Sleeping with ghosts) sous la forme d'un DVD intitulé Soulmates never die. Au même moment ou presque, Indochine lance sur le tapis rouge déroulé par Paradize (un million et des poussières écoulés, plus les multiples copies pirates) son 3.6.3 disque puis DVD, après un Dancetaria Tour sorti en vidéo après deux ans de gestation et un album acoustique de bonne tenue (Nuit intime).
Le rapport ? Outre des références (Bowie, The Cure...) et un public communs (notamment cette fille aux cheveux roses qui apparaît sur les deux enregistrements), les deux groupes ont plusieurs fois partagé l'affiche (Nîmes en 2000, l'Elysée Montmartre en 2002) et abordent l'exercice du DVD musical sensiblement de la même façon : Bercy plein à craquer, images backstage en introduction, projections vidéo en arrière plan, onirisme à base de filles qui te regardent avec de grands yeux (et qui, vu le public, risquent de faire rêver plus de demoiselles que de messieurs), messages anti-guerre discrets (Popstitute/Soulmates), postures antisocial au sang froid (Marilyn / Black Eyed), guitariste aux renforts vocaux (Boris Jardel / Stefan Olsdal), imagerie vaguement porno (Paradize / This Picture) offerte à un public de quinze ans, philosophie androgyne, présence d'inédit dans la tracklist (Le doigt sur ton étoile / Protège-moi), connexions littéraires (Ann Scott, Camille Laurens / Virginie Despentes), hommage aux influences au travers des guests (Melissa Auf Der Maur / Frank Black), reprises (Small town boy / Where is my mind ?)... En tirant un peu sur le cheveu noir, Nicola Sirkis va jusqu'à copier la tenue de scène de Molko sur les (très bons) inédits du Zénith.
Sur les petites singularités maintenant, Indochine introduit le spectateur dans la folie positive et identitaire de ses fans les plus extrêmes (certains campent plus de vingt-quatre heures devant le lieu du concert) qui se voient célébrés tout au long du film par de nombreux plans. Placebo insiste moins sur la performance et laisse parler le professionnalisme impressionnant glané au cours de ses huit ans de carrière. Lumières, musiciens supplémentaires, scénographie... rien ne déborde mais l'énergie fonctionne toujours. Côté réalisation, l'abus de split-screen (très chic depuis le succès de 24) pourra lasser chez Indochine, Placebo usant avec parcimonie de son effet VHS.
Concernant les concerts en eux-mêmes, les fosses terminent ex-aequo dans le à fond dedans. Sur Paradize Show, le son paraît excellent, surtout en comparaison de la bouillie sonore de l'homologue CD. Et le simple fait d'avoir l'image rend bien mieux justice à l'expérience (cet amour qui règne dans le public, bon sang). Le groupe, aussi hétérogène que complémentaire, accomplit la tâche avec métier. Les choses se gâtent un peu sur le deuxième disque, une petite fatigue se fait sentir (il faut dire que l'ambiance se rapproche d'un MTV unplugged avant de se réveiller avec 3e Sexe dont on pouvait préférer la version du Dancetaria Tour). L'improbable costume rouge de Nicola n'arrangeant rien à l'affaire, même si les jeunes filles des premiers rangs ne semblent pas de cet avis. Chez Placebo, à noter une excellente version de Special Needs toutes guitares dehors et un cachet certain pour les titres mésestimés de Black Market Music (Special K, Taste in men, Slave to the wage et la très tire-larmes Peeping Tom). Pas de surenchère dans les bonus, le making-of de la tournée ne durant que vingt-quatre minutes là où il s'étale sur deux heures quarante (!) chez Indochine. A tel point que même les fans risquent de trouver ce film de vacances un peu long.