9/10Placebo - Sleeping With Ghosts

/ Critique - écrit par camite, le 09/08/2004
Notre verdict : 9/10 - Traitement choc, dix euros, non disponible en pharmacie (Fiche technique)

Tags : placebo with sleeping ghosts album music rock

Brian Molko ne ratant plus une occasion d'expliquer à longueur d'interviews que le piratage, c'pas bien, le client déambulant dans les rayons des disquaires en cet été 2004 ne s'étonnera pas de la mention Copy Controlled frappant la tranche du dernier album de Placebo. Les affiches de cinéma arboraient les noms de leurs vedettes en plus gros que les titres des films. Désormais, l'avertissement anti-piratage prend autant de place sur les pochette de disques que le nom du groupe ou de l'artiste. Et pourtant, le moyen le plus intelligent de lutter contre téléchargement et copie non privée se trouverait plutôt sur l'étiquette du prix. Les ventes du quatrième effort de Placebo ont-elles déçu à ce point pour proposer Sleeping With Ghosts (l'album original) enrichi de la version française de Protect Me From What I Want et surtout d'un CD supplémentaire de dix reprises pour moins de DIX EUROS ? A ce prix-là, il faut vraiment avoir du temps à perdre pour voler les disques sur Internet.

L'exhaustivité n'étant pas de ce monde (du moins pas de celui de Krinein), nous n'avions pas chroniqué en son temps l'excellent Sleeping With Ghosts qui voyait Placebo renouer avec les fulgurances de son premier album éponyme tout en maîtrisant un certain pouvoir d'attraction sur les auditeurs de la bande FM et autres spectateurs du Hit Machine, développé dès Pure Morning et largement amplifié avec le généralement mal considéré Black Market Music (fatalement accusé d'être trop commercial). Visuel soigné, looking impeccable et tournée triomphale à peu près partout dans la foulée (sauf aux Etats-Unis, où l'on parlera donc pudiquement de concerts punks devant six cents personnes)... Les rabat-joie ne pouvant même pas pester à l'écoute d'un disque littéralement bourré de tubes, singles (The Bitter End, This Picture, Special Needs, Protège-Moi) ou pas (English Summer Rain, Plasticine, Second Sight, Soulmates). Seul bémol, la volonté de toujours prouver ce statut de groupe électrique mais tellement sensible qui nous vaut à chaque fois quelques morceaux un poil ennuyeux.

Un défaut qui se retrouve sur Covers, recueil de reprises en forme d'hommage à des chansons manifestement sources d'inspiration pour Brian Molko. Holocaust (Alex Chilton) ou Jackie (Sinead O'Connor) retiennent ainsi moins l'attention que la tonitruante Daddy Cool ou que ses consoeurs supersoniques : Where Is My Mind (Pixies, entamée sur la tournée Black Market), Johnny and Mary (Robert Palmer), 20th Century Boy (T-Rex, enregistrée pour la BO du film Velvet Goldmine, 1998)... Plus anecdotique, I Feel You (Depeche Mode) supporte assez mal le décalage vocal entre Dave Gahan et Molko. Entre l'énergie et une atmosphère plus éthérée, Bigmouth Strikes Again (The Smiths) ne laisse pas non plus un souvenir impérissable. Mais Placebo parvient à se dépêtrer, à coups discrets d'arrangements électroniques soyeux, des pièges que pouvaient représenter La Ballade de Melody Nelson (ici chantée en anglais) ou Running Up That Hill (Kate Bush).

Autrement dit, Sleeping With Ghosts 2 CD, malgré une ou deux anicroches, propose vingt-trois titres et coûte moins de dix euros. Achat indispensable même pour les possesseurs de la première mouture. Après, si vous n'aimez pas Placebo, évidemment...