9.5/10Limp Bizkit - 4 premiers albums

/ Critique - écrit par weirdkorn, le 26/01/2004
Notre verdict : 9.5/10 - Three Dollar Bill Y'all (Fiche technique)

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Tout le monde a son petit mot à dire sur Limp Bizkit et surtout sur Fred Durst, le chanteur hyper mégalomane appâté par le fric et le succès. Je ne fais pas cette critique pour faire leur procès ou m'amuser à casser du Durst mais plutôt pour parler d'un groupe qui mérite que l'on parle de lui puisqu'il a considérablement contribué à l'essor du néo-métal. Énormément critiqué et médiatisé, ce groupe de Jacksonville (Floride) s'est fait connaître en mariant un métal agressif et violent avec une bonne dose de hip-hop et de rap. Lancé par Korn, sous la protection de son bassiste Fieldy, Limp Bizkit a connu un succès grandissant qui s'estompe aujourd'hui.

En 1997, un jeune groupe qui ne cherche qu'à être connu sort Three Dollar Bill Y'all. Et là, c'est la claque. Produit par Ross Robinson (Korn, Slipknot), cet album est un véritable petit bijou. Jamais un groupe n'avait à ce point réussi le mélange entre métal et hip-hop. Chaque titre est une merveille d'agressivité et de furie rarement égalées. Après une introduction sympathique, c'est le déluge qui nous tombe sur la tête avec Pollution et Counterfeit, les deux meilleures chansons de Limp Bizkit. C'est la démence la plus totale sur ces deux titres entre des riffs et une rythmique qui tuent, un chanteur qui hurle dans tous les sens, le tout agrémenté de scratchs et de samples ravageurs (c'était plutôt innovant alors d'avoir un DJ dans un groupe de métal). Le même rythme continue sur le reste de l'album, sans pause pour se reposer devant cette décharge de décibels. Il faut avoir écouté la reprise de Faith de George Michael avec un début proche de la version originale et une fin incroyablement furieuse. C'est vraiment un album à posséder et qui démontre toutes les qualités de la bande de Jacksonville.

En 1999, Limp Bizkit revient sur le devant de la scène avec une autre approche, celle de se faire connaître avec la sortie de leur deuxième album, Significant other. Pour cela, le groupe va mettre au placard une grande partie de sa hargne et de sa créativité pour une approche plus joyeuse et accessible. Et le résultat fonctionne, c'est le succès, pas créatif mais commercial. Avec plus de 14 millions d'exemplaires vendus, cet album est une énorme réussite pour le groupe et lui ouvre les portes de la célébrité. Significant other est cependant trop formaté, trop commun par rapport au précédent. Cet album possède quand même quelques atouts avec Nookie et Break stuff, deux très bons singles, ou encore un featuring sympa avec Jonathan Davis. C'est un album écoutable mais quel dommage qu'ils aient ainsi changé de style.

En 2000, Limp Bizkit sort Chocolate Starfish and the Hot Dog Flavored Water. Un titre à rallonge pour un album encore plus formaté que le précédent. C'est de l'efficacité pure et dure, les titres jumpants succédant aux passages mélodiques, le tout saupoudré d'un peu de rap. Bref, c'est vraiment très moyen et très convenu. Mais le groupe vend toujours énormément, surtout grâce à la reprise version métal du générique de Mission: Impossible. Une évolution qui pose même des problèmes au sein du groupe. Wes Borland, le guitariste, s'en va et Limp Bizkit se retrouve bien embêté sans son membre le plus talentueux.

En 2003, après avoir cherché non sans mal un remplaçant (notamment au cours d'une audition nationale très médiatisée), c'est Mike Smith (ex-SNOT) qui prend la relève. Le nouvel album s'appelle Results May Vary et le titre porte bien son nom. On y trouve de tout, mais pas forcément de la qualité. D'abord, on sort le single plutôt réussi Eat you alive dans le pur style Limp Bizkit pour tromper tout le monde puisqu'il n'y en a que quatre autres dans le même genre. Le reste de l'album n'est quasiment que de la mélodie, plutôt rock. Certes, certaines sont réussies (Build the bridge) mais c'est vraiment fade dans l'ensemble. Où est donc passée l'énergie débordante du début ? De plus, la pochette est vraiment super moche (quoi que CSATHDFW était aussi bien laide).

Limp Bizkit a vraiment changé son style en quatre albums, plus pour des raisons commerciales qu'artistiques, ce que l'on peut regretter. Dès le début, le but de Fred Durst était d'avoir une grosse place chez Universal (réussi), de faire de la thune (réussi) et d'entrer dans le monde du showbiz (réussi). Le plus dommage, c'est que sous sa casquette rouge qu'il ne doit plus réussir à retirer, il y a un talent indéniable. C'est un excellent réalisateur de clip (Falling away from me, Rollin', Eat you alive) qui peut aussi être un très bon chanteur.
Limp Bizkit, c'est un énorme gâchis, un groupe vraiment super doué comme le montre le premier album mais qui n'a pas su exploiter toutes ses qualités.

PS : Mike Smith ne sera pas resté longtemps et Wes Borland est revenu pour le 5ème album : The Unquestionable Truth.