Deftones - White Pony
Musique / Critique - écrit par Danorah, le 23/11/2005 (Tags : album deftones white pony remix metal maverick
White Pony, bien qu'assez difficile à appréhender de par ses mélodies complexes et tourmentées, reste l'album le plus abordable des Deftones.
White Pony... Un titre tout mignon pour un album qui ne l'est pas moins... Toutes proportions gardées évidemment, puisqu'il s'agit néanmoins d'un album des Deftones, groupe pour lequel ce qualificatif n'est pas forcément le plus adapté. Graphiquement, le titre ne pourrait pas correspondre de manière plus exacte : la pochette, sobre et élégante, présente effectivement la silhouette d'un fier poney blanc lancé au galop. Pour ce qui est du contenu, on s'apercevra bien vite que bien qu'il s'agisse de l'album le plus apaisé du groupe (ou le moins agressif, c'est selon), la fougue semble être ce qui a été principalement retenu de ce concept de poney blanc.
Evidemment, dans la discographie des Deftones, White Pony fait figure de vilain petit canard pour certains, d'OVNI pour d'autres, et d'unique album écoutable pour ceux qui restent (et dont je suis). La particularité de cet album est de pouvoir être décrit par une étrange association de termes antithétiques : aérien et pesant, brillant et ténébreux, élégant et brutal, psychédélique et profond, lunatique et cohérent... La liste pourrait se poursuivre indéfiniment. Techniquement, ce paradoxe musical se traduit par l'alternance de passages en apesanteur et de moments de violence, voire même par la combinaison des deux simultanément. Pour cela, le groupe applique une recette simple (simple, mais il fallait y penser...) : prenez un tapis de grosses guitares bien saturées, bien lourdes, saupoudrez-le d'arrangements qui allègent le tout, et nappez d'une voix totalement éthérée... Vous obtenez des titres très équilibrés, comme Rx Queen, Knife Party et Change (in the house of flies), toutes deux magistralement réussies, ou encore Feiticeira, titre d'ouverture, et l'un des plus facile d'approche (autrement dit, si vous ne passez pas le cap de la première piste de White Pony, inutile de vous acharner, cet album n'est pas fait pour vous).
Parfois, la balance penche plus du côté de la violence que du psychédélisme, et inversement ; White Pony propose ainsi des titres plus radicaux, et donc forcément plus difficiles à appréhender... Elite et Korea resteront en travers de la gorge de ceux qui sont réticents aux cris époumonés et électroniquement trafiqués de Chino Moreno (pourquoi gâcher une si belle voix en hurlant de la sorte ?...) tandis que Digital Bath et Teenager laisseront de marbre les adeptes des décibels en cascade. Ces deux dernières chansons présentent pourtant un intérêt non négligeable, puisqu'elles mettent en avant le côté mélodique et presque trip hop du groupe... Une facette qui s'est développée parallèlement dans le groupe Team Sleep monté par Chino Moreno.
Les Deftones se sont offerts sur ce White Pony une collaboration avec Maynard James Keenan, qui n'est autre que le chanteur de Tool et A Perfect Circle. Le résultat est tout simplement époustouflant : Passenger mêle le talent du groupe pour les ambiances ambivalentes évoquées plus haut, une production impeccable et la voix magnifique, versatile et terriblement évocatrice de Keenan. Un véritable chef d'oeuvre, entre couplets planants et refrain magnétisant. L'album se clôt sur Pink Maggit, la chanson la plus longue de l'album, qui prend avantageusement le temps de se développer sur sept minutes et demie.
White Pony, bien qu'assez difficile à appréhender de par ses mélodies complexes et tourmentées, reste l'album le plus abordable des Deftones. Porté par la voix et le style inimitables de Chino Moreno, l'album conserve, cinq ans après sa sortie, toute sa superbe. Comme quoi, le poney blanc a de la ressource...
Deftones - White Pony
01. Feiticeira
02. Digital Bath
03. Elite
04. Rx Queen
05. Street Carp
06. Teenager
07. Knife Prty
08. Korea
09. Passenger
10. Change (In The House Of Flies)
11. Pink Maggit