Deftones - Adrenaline
Musique / Critique - écrit par weirdkorn, le 21/11/2005 (Tags : deftones album adrenaline achat metal maverick eur
Deux albums magistraux ont permis à la vague néo-metal de déferler et d'installer un nouveau courant musical violent et émotionnel. L'éponyme de Korn, véritable concentré de traumatismes et de souffrances, a ouvert le bal en 1994, vite suivi l'année suivante par Adrenaline de Deftones, un opus surpuissant mélangeant des guitares et un rythme furieux à des hurlements ou un phrasé rap sur fond de mal de vivre. Issu de Sacramento, Deftones incarne la nouvelle génération d'un metal qui lorgne vers un univers sombre, dépressif et violent. Porté par la voix et le charisme si particuliers de Chino Moreno et par le talent du guitariste Stephen Carpenter, Adrenaline est le parfait exemple du premier album fougueux réalisé par des gars qui en ont gros sur le coeur.
Le nom de l'album est diablement bien choisi, sur chaque riff, chaque coup de baguette, c'est une véritable décharge d'adrénaline qui nous anime. Impossible de ne pas bouger, de pogoter ou d'hurler dans tous les sens tant l'énergie transmise est communicative et l'émotion parfaitement palpable, passant d'une seconde à l'autre de la mélancolie à une rage animale. Le son live de cet album accentue encore davantage cet effet puisqu'on a l'impression d'écouter des titres pris sur le vif, sans arrangements où transpirent avant tout la fureur de chaque musicien.
Adrenaline s'ouvre sur Bored et son riff aussi entêtant que lancinant, véritable figure de proue de ce chef d'oeuvre. Le ton est posé et puissant jusqu'au refrain où la voix haut perchée de Chino nous envoûte par sa tristesse puis nous libère par ses hurlements surpuissants poussés lors du break et des derniers accords. Des dix titres que compte Adrenaline, tous suivent plus ou moins cette voie, construits selon des montagnes russes qui nous entraînent vers des sommets de rage pure ou des vallées de complainte. Les riffs de Stephen dominent les débats, simples et terriblement accrocheurs, suivis de la batterie d'Abe qui martyrise ses fûts et du jeu de Chi qui s'intègre parfaitement, rendant l'ensemble d'une cohérence et d'une spontanéité incroyables. Cela sans oublier le sens mélodique du groupe qui ne tombe jamais dans la brutalité pure.
Minus Blindfold et One weak sont géniales, mélodiques, calmes et violentes. Nosebleed est plus rentre-dedans et tout aussi originale. Ce qui va suivre est du très grand art. Le riff de Lifter nous emmène à cent lieues avant d'être brutalement ramené à la réalité par un break hurlé et surpuissant. Root enchaîne sur un riff parfait pour une suite qui ne l'est pas moins. Indescriptible, du génie à l'état pur. Seven words ressemble déjà plus à du néo-metal classique avec un refrain très énergique qui pulse fort. Birthmark est sûrement l'un des titres les plus mésestimés de Deftones, totalement envoûtant et faussement calme avant un final d'anthologie porté par la voix destructrice et surpuissante de Chino. Engine n°9 est une parfaite démonstration de rap metal agressif et est le dernier pas dans la violence avant le très posé Fireal qui conclut l'album dans la mélodie, l'émotion et les décibels.
Deftones a réalisé un coup de maître pour ce coup d'essai. Puissant, émotionnel et sincère, on sent que cet album a été joué et composé avec les tripes de chacun. C'est sûrement l'album le plus spontané et énergique que je connaisse avec l'éponyme de Korn et le premier de Limp Bizkit. Un véritable chef d'oeuvre que je ne me lasse jamais d'écouter et qui demeure un de mes albums préférés.