Deftones - Deftones
Musique / Critique - écrit par Lestat, le 06/07/2003 (Tags : deftones album chino white pony around livraison
Trois ans. Trois ans se sont écoulés depuis qu'un curieux poney blanc ait pris pas mal d'auditeurs à contre-pied, pour mieux les séduire par ses mélodies calmes et posées. Aujourd'hui, Deftones revient avec un nouvel opus, placé sous le signe de la sobriété. Album éponyme, pochette rappelant les Guns and Roses, le Deftones cuvée 2003 ne semble pas taillé pour faire des étincelles. Et pourtant une fois de plus, les métalleux de Sacramento nous attrapent par surprise avec un album plutôt étrange.
Deftones est un album difficile d'accès, improbable trait d'union entre Around the Furet White Pony. Dès le début, le groupe nous cueille à froid avec un "Hexagram" à la fois braillard et ampoulé. Placer ce surprenant morceau en guise de préambule relève du coup de poker, qui ne s'appréciera d'ailleurs à sa juste valeur qu'après plusieurs écoutes successives. "Hexagram" est bien représentatif de ce qui suivra. L'album est assez délicat à cerner et prend un malin plaisir à brouiller les pistes, passant de chansons qui tapent dur ("When girls telephon boys") à d'autres assez calmes ("Anniversary of an Uninteresting event") tout en incluant d'indéfinissables hybrides comme "Deathblow" ou "Bloody Cape" alternant sans fausse note les deux styles au sein de mêmes morceaux. Sans oublier le morceau OVNI qu'est "Lucky you", lorgnant soudain vers le trip-hop.
Après les 47 minutes et des brouettes, on reste perplexe : Around the Fur 2 ? White Pony en plus bourrin ? Soupe indigeste ? Avec de telles chansons, ranger Deftones dans une catégorie relève de l'impossible.
De plus, et malgré ses étrangetés, le dernier Deftones ne donne bizzarement pas de claques. Une fois l'album apprivoisé, l'écoute est plaisante, mais laisse planer un surprenant sentiment de déjà-entendu. Car derrière les sonorités alambiquées, derrière ces instants de rages et de douceurs, Deftones reste Deftones et plutôt qu'évoluer, n'a fait que développer les concepts de ses précédents albums. D'autant plus que finalement, aucun morceau n'a la trempe d'un "Bored" ou d'un "Passenger". A moins que le groupe n'ait fini par se mordre la queue, en nous donnant avec "Hexagram" les clés d'une magnifique porte n'ouvrant que sur un beau couloir...
Alors bilan... Deftones est un bon album, surprenant, parfois planant. Mais en avoir un avis constructif est une autre paire de manches. L'essayer, c'est le re-essayer et l'essayer encore pour enfin peut-être l'adopter, avec le risque de rester alors sur sa faim. Et encore, je suis convaincu que les avis seront très partagés à son sujet.
A réecouter dans une dizaine d'années, pour enfin avoir une opinion digne de ce nom...