8/10Saez - Debbie

/ Critique - écrit par Lestat, le 10/10/2004
Notre verdict : 8/10 - Oh Debbie, si tu savais... (Fiche technique)

Tags : saez debbie damien album jazz rock musique

En 1999, Damien Saez était un jeune gars arrivé sans crier gare, petit frère de Noir Désir, qui s'était mis en tête de réveiller une jeunesse France jeune et conne dont il faisait partie. Jours Etranges, album rageur qui en fit un incontournable dans le paysage rock français. En 2002, Saez remettait le couvert avec un double album, moitié électrique moitié acoustique. Excès de générosité pour God BlesseSt Petersbourg côtoie Sexe. Puis rien. Des concerts, une chanson contre le FN et, comble de l'ironie, une étiquette de jeune con. Jusqu'à 2004, année du troisième album. La pochette est sobre, le retour se fait en catimini : le disque s'appelle tout simplement Debbie.

A l'écoute de Debbie, deux choses frappent les oreilles. D'une part, Debbie s'éloigne des sons de God Blesse pour quelque chose de plus sec, de plus rock. Certains diront sans doutes plus authentiques : dans la lignée de Jours Etranges. D'autre part, les textes. Terminé les petits délires rebelles sur le monde à refaire, la société pourrie, la petite provocation...Ici Saez s'intériorise plus, se fait plus fin, poétique aussi. On peut trouver de l'amour. De la mort aussi. De fait, certains titres plus "traditionnels" avec ses débuts n'en deviennent que plus subtils. Avec Debbie, Saez semble avoir passé une sorte de cap, il en termine avec le son Noir Désir, les chansons bras d'honneur, les rimes parfois insipides. Musicalement, l'évolution est flagrante et l'album a la couleur d'un petit rock sombre, qui part calmement pour soudain s'énerver. On pourra trouver dans le premier titre - Debbie-, des sonorités qui rappellent un peu De Cercle en Cercle, de Mass Hystéria, album de rage feutrée. Citons encore Marie ou Marilyn avec sa petite intro folk plutôt sympa.

Album de ma maturité ? A ce niveau, encore un effort. Saez malgré tout, fait toujours du Saez et ses compositions ont beau varier, ses textes ont beau évoluer dans le bon sens, il y a toujours le chant. Le niveau de départ était très bon, mais qu'il perde cette habitude de finir ses textes sur une longue clameur. Si en début d'album l'effet est efficace (Allez danse Debbie toute nue dans les baaaaaaaaars), en fin d'album il en devient assez lourd. Dommage.

Debbie est l'album que l'on attendait pas de Saez et comme il le fit avec God Blesse, il surprend agréablement. L'album de toutes les évolutions, du genre de ceux qui confirme un artiste. Chansons en forme d'hymnes et paroles taillées au plus prêt, rock endiablé et mélodies douces : Debbie est la synthèse de Jours Etranges et God Blesse dont il ne garde que le meilleur. Au jeu de l'égoïsme, à oublier un peu ce qui l'entoure pour son sort ou celui de Debbie, Marie, Marilyn ou Marta, Damien Saez a réussi à transformer sa musique une fois de plus et a livrer ce qui reste à ce jour son meilleur album, ni plus ni moins.

Titres

1 Debbie
2 En travers les Néons
3 Céleste
4 Marie ou Marilyn
5 J'Hallucine
6 Autour de moi les fous
7 Dans le bleu de l'absinthe
8 Comme une ombre
9 Marta
10 Clandestins
11 Tu y crois.

La piste 11 dure 14 minutes environ. A la manière de Something in the Way de Nirvana, laissez passer le blanc, vous y trouverez une piste cachée....surprenante.