Odezenne - Concert au Transbordeur - 22/11/2019

/ Critique - écrit par nazonfly, le 01/12/2019

Tags : odezenne festival paris rock clip more album

Odezenne est en tournée pour étrenner leur album Au baccara et l'EP Pouchkine. Chronique d'un concert magistral au Transbordeur

La salle du Transbordeur est encore vide quand je me pointe me permettant ainsi de squatter directement le tout premier rang collé à la barrière. La salle se remplit doucement et une constatation s’impose : le public est jeune, très jeune (au moins pour Bigflo et Oli, les parents qui accompagnent les enfants font monter la moyenne d’âge) et majoritairement féminin. Il faut dire, peut-être, que Odezenne avec ses rythmes lancinants est plus apte à attirer la lycéenne de terminale que le vieux hardos de 40 berges.

Malgré une heure de concert annoncée à 20h, les minutes défilent et nous restons assis dos à la scène si bien que le premier groupe commence ses premières notes sans même que son arrivée soit notée par le public. Étrange sensation que d’entendre quelques notes derrière soi et de se retrouver avec un type seul devant son ordinateur, presque gêné d’être là. Ce type s’appelle Lonely Band et joue une musique belle et sensuelle, idéale pour créer un petit cocon où se lover tendrement. Évidemment, comme une première partie, son set est drôlement court mais il aura bien tenu la scène pour commencer de chauffer gentiment le public.


Lonely band, clair et obscur

Un changement de scène ultra-rapide plus tard et c’est Odezenne qui ouvre son concert avec un titre que je ne connais pas franchement. Sans doute un morceau d’un vieil album. Puis un deuxième que je ne connais pas mieux. Et franchement ils manquent un peu de charisme ou d’expérience sur scène. « Bonjour, nous sommes Glauque ». Ah oui, c’est vrai. Gros plantage mental du chroniqueur : le groupe belge Glauque était en effet annoncé comme la première partie d’Odezenne. Ils les ont d’ailleurs accompagné sur plusieurs dates. Visuellement le groupe se positionne de façon plutôt originale : les trois batteurs/claviers sont situés de profil par rapport au public. Devant eux, deux chanteurs se renvoient la balle et occupent bien la scène. Musicalement il n’y a rien à dire : comme Odezenne, le groupe sait ménager de beaux instants calmes et exploser subitement. Ils sont peut-être même plus explosifs qu’Odezenne en allant chasser sur des terres electro-noise qui fait par moments penser à Hint par exemple. Si l’on sent cependant un peu de retenue, de manque d’expérience peut-être, il ne reste plus grand-chose au groupe pour passer la dernière marche et devenir vraiment un groupe reconnu. On essaiera de suivre leur carrière en tout cas parce que des morceaux comme Robots ou Plane sentent bon le hit incontournable.


Glauque, pas si glauque

Cette fois la salle est bien pleine et le public est chaud bouillant quand débarque Odezenne sur scène. Et c’est par Pouchkine que le quatuor débute son set : les deux chanteurs Alix et Jacques occupent le devant de la scène, le deuxième semblant jouer avec le premier en se cachant derrière lui. Le clavier est lui aussi plutôt libre tandis que le batteur reste calé derrière ses fûts tout au long du concert. Ce premier titre de Pouchkine lance le concert dans une atmosphère doucereuse et planante : cette atmosphère qui imprègne les disques du groupe parvient à passer le cut de la scène, même quand le son est aussi puissant. Dans le public les corps se libèrent petit à petit et se mettent à danser sur l’étrange rythme qu’installe Odezenne comme sur Au Bacarra, Bouche à lèvres ou James Blunt. Une sensualité retenue envahit le public et l’on aurait envie de fermer les yeux pour savourer l’instant, même si le charisme magnétique des deux chanteurs ne le permet pas.


Odezenne sous le feu des projecteurs

À l’opposé des titres les plus calmes, les morceaux plus énervés et énergiques font naître des pogos et quelques slams tentent même de se mettre en place, ce qui a pour conséquence de rapprocher encore plus le public qui est en complète osmose avec le groupe. Évidemment la majeure partie des spectateurs connaît les paroles par cœur et ne se prive pas d’entonner les airs les plus connus avec Odezenne : Nucléaire, Vodka ou Souffle le vent sont bien sûr de grands moments de communion, sans commune mesure cependant avec le duo Je veux te baiser et Bûche (« Si j’étais une bûche, je ferais du saut à ski sur la gueule d’un CRS ») qui clôt le spectacle après trois rappels où les voix féminines du public vrillent les tympans d’une façon telle que les bouchons d’oreille sont nécessaires, plus que pendant le concert au son parfait. Il faut dire que les termes d’applaudissements ou d’ovation ne sauraient pas vraiment exprimer l’élan généreux du public envers le groupe, élan que le groupe rendra parfaitement avec une joie visible.


Odezenne, victorieux.

Pour terminer, Odezenne n’oublie pas de remercier, chose relativement rare, les deux goupes qui ont ouvert la soirée. Entre hip-hop et electro, Odezenne nous aura mis une belle et grosse claque, de celle dont on ne se remet pas facilement. Et, dans la fraîcheur de la nuit lyonnaise, le T-shirt trempé, nos oreilles résonneront longtemps d’un concert véritablement exceptionnel.