Merzhin - Pleine Lune
Musique / Critique - écrit par Loic, le 01/02/2003 (Tags : merzhin eur lune rock jazz pleine pierre
Originaire d'une région où il ne pleut pas beaucoup plus qu'ailleurs, Merzhin est en train d'envahir la France avec son rock festif, aux sonorités bretonnante. Apparu en pleine période de la mode celtique, en même temps que certains groupes comme Matmatah, Louise Attaque ou... Manau (mais oui, rappelez vous, la vallée de Dana...), avec un CD maxi, Première Lune, servant de carte de visite, et quelque temps plus tard un premier véritable album, Pleine Lune, leur ouvrant la voie du succès, grâce au single imparable les nains de jardin . Mais à l'écoute de ce disque, on se rend vite compte de plusieurs choses. Tout d'abord, que Merzhin n'est pas le groupe d'un unique single, et que toutes les chansons sont de qualité égale. La deuxième révélation est que Merzhin vient peut être de Bretagne, mais reste avant tout un groupe de rock. Certes, l'utilisation régulière d'une bombarde comme instrument solo témoigne de l'origine du groupe, tout comme Esperañce, chantée en breton. Mais les solos rapides de cet instrument, appuyée par des guitare et une section rythmique tout aussi rapide, font plus pensé au ska de la ruda salska qu'à un bagad, la bombarde remplaçant les cuivres. Ajoutez à cela des textes plutôt humoristiques (les nains de jardins, la panne...) et vous obtenez une musique festive à souhait. Et comme souvent pour les premiers albums de groupes peu connus au moment de sa sortie, le son du disque est un peu brut de décoffrage et sans effets de studio.
Mention spéciale pour Betti, chanson en faveur de la libération du Tibet, remarquable tant au niveau des textes que de la musique. Elle évite d'une manière admirable les stéréotypes de la chanson engagée, en n'abordant pas directement le sujet, grâce à une superbe métaphore. Pour ce qui est de la musique, cette chanson est sans doute la plus rock, en laissant un peu de coté les instruments traditionnels, et en prenant le schéma classique couplets calmes / refrains bien énergique. Ainsi, cette chanson fait un peu figure d'alien dans la discographie de Merzhin, tant pour des raisons musicales que par son coté engagé.
Mais comme souvent avec les groupes de musique festive, le meilleur réside dans leur prestation scénique. Et Merzhin ne déroge pas à la règle. Ainsi, le 23 janvier 2003, après une première partie effectuée par le très bon groupe de ska punk Clermontois Fiesta Mordicus, les six de Merzhin envahissent la scène de la Coopérative de Mai à Clermont Ferrand. Et c'est parti pour un set d'une heure et demie de véritable folie. Tous les titres des deux albums sont revisités et interprétés dans des versions souvent plus énergiques que sur les disques, pour la plus grande joie du publique. Sur scène, même si les autres ne sont pas en reste, c'est Pierre (le chanteur) et Ludo (à la bombarde) qui font le spectacle en sautillant sans arrêts et en faisant des va et vient incessant. Pierre a également profité de ce concert pour sensibiliser le public aux problèmes que va sans doute poser la nouvelle loi sur les intermittents du spectacle, qui risque de faire disparaître nombre de petits groupes talentueux, et favoriser les « stars académie et autres pop stars ». Après ce petit interlude, la musique reprit de plus belle, jusqu'au la fin. Après le concert, les fans eurent la joie de voir Ludo et Vincent au stand merchandising, pour dédicacer CDs et poster. Car en plus d'être de très bons musiciens, les membres de Merzhin sont vraiment des personnes très sympathiques et proches de leur public.
Ainsi, quelques heures avant de monter sur scène, Ludo, Pierre et Damien (les autres étaient pris par une radio) ont accepté de répondre à quelques questions pour Krinein, et pour signer des CDs que nous feront gagner d'ici peu. Et, pour l'anecdote, juste après l'interview, nous nous sommes rendu compte que ce *bip* de lecteur minidisque n'avais rien enregistrer. Ils ont alors gentiment proposeé de la refaire :
Krinein : Quand on vous dit que vous faites du rock celtique, vous corriger systématiquement en disant que vous faite du rock breton. Qu'avez-vous contre le terme celtique?
Damien : On n'a rien contre le terme celtique, mais il reste très vague. La culture celtique comprend la Bretagne, mais aussi l'Irlande et la Galice. La musique celtique englobe beaucoup de styles différents.
Pierre : Nous sommes originaire de Bretagne et nous faisons de la musique bretonne. On ne fait pas de musique irlandaise!
K : Vous avez enregistré Pleine Lune en deux semaines. Vous avez pu prendre beaucoup plus de temps pour Adrénaline, et en de meilleures conditions. Ce changement a du être très agréable.
D : Tout a fait ! Pour pleine lune, on étaient encore étudiants, et on a du travailler dans l'urgence, et cela se ressent dans le son de l'album. Maintenant, nous sommes intermittents du spectacle, et nous pouvons nous consacrer entièrement à la musique. Pour Adrénaline, nous avons donc pris beaucoup plus de temps, et un arrangeur, Stéphane Kraemer nous a beaucoup aidé. Au final, le son d'Adrénaline ressemble beaucoup plus à ce que nous voulions.
K : Justement, ça ne vous manque jamais la vie étudiante?
P : Oh non, on est déjà allé suffisamment longtemps à la fac. Et puis, on en garde encore les bon coté car on continu a aller aux soirées!!!
K : Dans votre 2ème album, la bombarde est mieux intégrée dans vos compos, ce qui donne une sonorité plus rock. C'était votre volonté de départ, c'est du à la volonté du producteur ou ça c'est fait naturellement?
P : C'est vrai que la bombarde s'intègre mieux. En fait, on voulait montrer que la bombarde pouvait aussi être un instrument d'accompagnement, pas seulement un instrument solo comme elle l'est principalement sur le premier album.
D : Et pour ce qui est du son plus rock, c'était notre volonté de départ. Nous voulions un son qui ressemble plus à ce que nous faisons sur scène, un peu plus dure, avec des bonnes grosses guitares. Par contre, Stéphane nous a aidé à atteindre cet objectif
K : Vous avez enregistré 18 titre pour Adrénaline, mais on en retrouve seulement 13 sur le disque. Qu'avez-vous fait des 5 autres?
D : On les a jeté à la poubelle!!!
Pierre : Non, plus sérieusement, on les garde et on attend un bon moment pour les sortir, sur le site Web ou sur un autre support. On va peut être aussi les retravailler plus tard, pour les améliorer. Par contre, ça nous arrive parfois de les jouer sur scène.
K : Le petit manager, c'est un règlement de compte personnel?
D (amusé) : Non, pas du tout, c'est plus une généralité en fait. On sait que certains manager peuvent agir comme ça, on a tous déjà entendu parler de ces histoires.
P (tout aussi amusé) : Et puis c'est aussi une private joke, car même si on s'entend bien avec le notre, il n'en glande pas une !
K : Vous êtes plutôt maillot jaune ou petit jaune?
Tous ensembles : Plutôt petit jaune!!!
D : On est très fêtards, et en tournée on avait un jeu : celui qui finissait la soirée dans le meilleur état gagnait un maillot jaune, et le portait sur scène le lendemain. A partir de là, l'analogie avec le tour de France était vite trouvée.
P : C'est clair qu'en tournée c'est plus Ricard que vélo
K : Vous êtes fan de red cardel, et vous avez travaillé avec J.P. Rioux sur la chanson Bandit. Comment s'est passée la collaboration?
P : En fait, on avait la musique de la chanson, mais on avait du mal à trouver des paroles. Comme on tourne souvent avec red cardel, on a demandé à J.P. Rioux s'il ne voulait pas collaborer avec nous, il a accepté et a écrit les paroles. Ça c'est fait tout naturellement, et nous sommes très content du résultat.
K : Vous avez déjà jouez devant plusieurs dizaines de milliers de spectateurs, dans des grand festival de l'ouest, mais aussi comme ce soir, dans de petites salles. Vous préférez lequel des deux?
D : Des millions même!
P : La coopé n'est pas toute petite quand même! Mais c'est vrai que ça nous est déjà arriver en effet de jouer devant un public important, notamment dans les grand festival a l'ouest de la France, souvent en extérieur, et pas toujours dans de bonnes conditions, le son est souvent crade, et on ne peut pas bien communiquer avec le public. Alors que dans des salles comme celles-ci, le son est vraiment bon, et on a un meilleur contact avec le public. Dans ce sens, on préfère jouer devant un publique plus restreint. Mais ça reste tout de même très différent.
D : En fait, On aimerait faire le stade de France!!!
K : Justement, vous pourriez participer à la nuit celtique au stade de France?
D : Oui, c'est vrai, mais on n'a pas encore été contacté. De toute façon, ça reste de la musique très traditionnelle, pas rock.
K : Sinon, vous écoutez quoi en ce moment?
Tous ensembles : Rammstein!!!
K : A quand Merzhin avec un lance flamme sur scène?
D : Quand on aura les mêmes moyens qu'eux!
P : Sinon, on écoute beaucoup de musique pendant les tournées. Beaucoup de rock français, avec des groupes comme Dionysos. Sinon, ça nous arrive d'écouter autre chose que du rock.
K : Vous avez quoi de prévu pour le reste de l'année, allez vous travailler sur le successeur d'Adrénaline?
P : Tout d'abord, on est en tournée jusqu'en novembre. On va d'ailleurs refaire des grands festivals. Sinon, on est déjà sur des nouvelles compos. Il se peut d'ailleurs que dans quelques mois on en joue des nouvelles sur scène, si ça avance bien. Sinon, on attend la fin de la tournée pour se reposer un peu et se plonger vraiment dans l'écriture.
K : Comment est arrivée l'idée de mélanger de la bombarde avec du rock?
P : En fait, on jouait beaucoup de musique traditionnelle bretonne, mais on n'avait pas d'instrument vraiment traditionnel. On en recherchaient un quand on a rencontré Ludo, et il a vite intégrer le reste du groupe.
Ludo : Ensuite, comme on écoutaient tous du rock, on c'est mis tout naturellement a faire ce style de musique.
K : Vous avez été connu en grande partie grâce au titre les nains de jardin. Vous pensez à quoi quand vous en croisez un dans un jardin?
P : Ils n'ont pas été volés ? Non, on n'y repense pas vraiment. En fait, on a écrit cette chanson à un moment ou on parlé beaucoup des vol de nains de jardin. Vous vous rendez quand même compte que cette connerie est même passée aux infos! Ça nous a fait marré, et on en a fait une chanson.
K : Que pensez vous des groupes comme Matmatah ou Armens, qui après avoir connu le succès, ont quelque peu reniés leurs racines?
D : On n'est pas là pour les juger. Ils ont fait un choix artistique. A un moment, la mode celtique a un peu généré n'importe quoi, avec des groupes comme Manau. Je comprends qu'ils aient eu envie de se détacher de cela, en changeant radicalement de style. Nous sommes arrivés un peu après eux, donc nous n'avons pas vraiment eu ce problème, et nous aimons la musique que nous faisons.
K : Vous êtes très réputés pour vos prestations scéniques. Vous allez sortir un album live bientôt?
P : On a déjà fait un trois titres live, enregistrer au Bataclan à Paris, qui est en cadeau avec Adrénaline, ou que l'on peu acheter séparément. Mais l'idée d'un album live nous intéresse vraiment, même si elle n'est pas encore à l'ordre du jour. Mais c'est sûr que nous allons en faire un.