Flying Donuts - Interview 20/08/2009

/ Interview - écrit par nazonfly, le 26/08/2009

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Interview de Jérémie des Flying Donuts pour la sortie de Until the morning comes, troisième opus du groupe.

Les Flying Donuts arpentent la scène française depuis plus de dix ans. A l'occasion de la sortie de leur troisième album, Until the morning comes,  une belle réussite de punk-rock, Jérémie, guitariste et chanteur du groupe, répond aux questions de Krinein.

Krinein : Est-ce que vous pouvez vous présenter pour ceux qui ne vous connaitraient pas encore ?
Jérémie : Nous jouons dans Flying Donuts, power trio punk rock formé à Epinal en 1996. Cela fait maintenant 13 ans que nous sortons régulièrement des disques (albums, splits, 45t...) et bouffons des kilomètres à partir en concert, et cela nous plait toujours autant !

D'où vient ce nom de Donuts volants ? Un hommage à Homer Simpson et à Superman ?
C'est vrai, il y a un peu des Simpsons là-dedans, mais il faut re-situer dans le contexte, en 96 nous avions 16 ans et nous voulions un nom facile à retenir, original et sans signification particulière...

Votre dernier album, le troisième, Until the morning comes, vient de sortir. J'imagine que c'est votre meilleur à ce jour. Comment le décririez-vous ?
Comme notre meilleur album à ce jour !!! Il y a eu un gros travail parallèle à la composition sur les morceaux ce cet album (choix de production, pré production notamment pour le chant...). Je trouve avec du recul que les morceaux choisis sont directs mais restent inspirés, ce qui fait à mon avis la différence sur un disque...

Votre bio annonce plus de 500 concerts au cours de votre existence. Quels sont vos meilleurs et pires souvenirs de concert ?
Trop de souvenirs dans la tête ! Des bons moments en vrac : toutes les Wouaaaah
Ohohohohoh
rencontres faites sur la route ces dernières années, les Eurockéennes de Belfort en 2002 où on a joué devant plus de 5 000 personnes, les petits concerts au fin fond des pays de l'Est, les nombreuses tournées communes avec les groupes que l'on apprécie, etc...
Les moments un peu plus « tendus » : le jour où je me suis cassé le genou on stage, le jour où une mauvaise serveuse d'un club parisien est montée sur scène et nous a débranché les amplis sous prétexte que nous jouions trop fort !!!! Ou encore la fois où un promoteur nous a enfermé dans sa cave pour la nuit, complètement bourré, croyant que nous allions tout casser chez lui (le mythe du rockeur moyen).

De quels groupes de la scène française vous sentez-vous le plus proches ?
Déjà de ceux qui nous ont directement influencés : les groupes punk rock frenchy des 90's comme les Burning Heads, les Sheriff ou encore les Bushmen... Mais nous nous sentons aussi très proches de tous les groupes avec qui nous entretenons des liens amicaux et avec qui nous tournons régulièrement, entre autre : Dead pop club, Uncommonmenfrommars, Sons of Budha, The Irradiates, The Rebel Assholes, Twisted Minds, The Hop La, Generic, Justine, Bad Chickens, Isp, etc. Bref, en majeure partie les groupes punk rock actuels...

Quelle est justement la place de la scène punk française?
A partir du moment où tu évolues dans un pays qui n'a aucune culture « rock » (Philippe Manœuvre is a piece of shit), et que la plupart chantent en anglais, il ne faut pas s'attendre à la tournée des stades ! Le punk rock en France survit toujours de la même manière : des gens concernés, des gens passionnés et ce, toujours avec les moyens du bord...

Vous avez été l'objet d'une étude sociologique dans le livre Résistance et translocalité de Fabien Hein. C'est plutôt inattendu. Quel est ce livre ? Comment avez-vous été amenés à collaborer avec Fabien Hein ? Qu'est-ce que vous lui avez apporté ? Que vous a apporté cette collaboration ?
Fabien était un chroniqueur du célèbre Fanzine KEROSENE de Nancy (un des plus gros dans les 90's). Je pense qu'il nous a vu au moins 200 fois en Wouaaaaah
Wouaaaaah
concert ! C'est vite devenu un pote... Aujourd'hui, il est prof de sociologie et son book intitulé Résistance et translocalité s'adresse plutôt à un public étudiant. Il nous a cités pour illustrer son ouvrage comme exemple d'un ensemble de personnes, faisant partie d'une formation stable, qui évoluent par passion, en ne mettant pas l'aspect pécunier de la chose au premier plan... Cette collaboration porte ses fruits, puisque Fabien négocie avec les maisons d'éditions. Il souhaite écrire un autre livre, destiné à un plus large public où nous serions cette fois le sujet principal de l'œuvre... Nous sommes forcément ravis...

Question d'actualité : que pensez-vous de la loi HADOPI et de la musique sur internet ? Est-ce qu'internet est un média intéressant pour un groupe comme Flying Donuts ?

Je me souviens, ce n'est pas si vieux mais au début du groupe, il n'y avait que les enveloppes timbrées pour communiquer, envoyer une démo ou faire des échanges. Le fanzine « papier » était le seul moyen de s'informer, et leur catalogue pour se procurer des disques qui ne suivaient pas le réseau traditionnel de la distribution... Maintenant, tout va 12 000 fois plus vite, ça télécharge à tout va, ça se fait une opinion en passant sa vie sur Myspace, le disque en tant qu'objet avec son livret passe souvent à la trappe et perso, je trouve ça bien dommage... C'est d'ailleurs le sujet d'un de nos morceaux qui s'intitule "Take, consume and leave". Je préfère encore mes piles de disques mal rangées plutôt qu'un Ipod sans âme pouvant contenir 1 000 fois plus d'albums que mon étagère fatiguée... Mais bon, en relativisant un peu, Internet est tout de même un sacré outil de communication qui nous permet aussi de vendre des disques, de booker des dates plus vite et plus facilement, ou de faire circuler le nom tout simplement... Après, si ça télécharge plutôt que d'acheter le disque au stand ou en magasin, c'est peut-être dû aussi à un manque de culture (et d'argent aussi). Faut pas oublier que les dérives du web ne sont qu'une suite logique de l'évolution des technologies en matière de duplicata plus ou moins légal (cassette vierge, cd-r, dvd-r, etc.). Alors la loi Hadopi, nous ça nous fait bien marrer...

Autre question d'actualité : le rappeur Orelsan a été déprogrammé du Festival de La Rochelle, notamment suite à une polémique concernant une de ses chansons intitulée "Sale Pute", dont les paroles ont été dénoncées par les féministes. On parle même de "chantage à la subvention". Vous qui écumez les scènes françaises depuis plus de dix ans, que pensez-vous de la censure en France ?
J'ai entendu parler de cette histoire et j'ai même entendu cette chanson Yeah
Yeah
s'intitulant "Sale pute". Là on est dans un cas de figure extrême où la censure devrait plutôt être directement appliquée par le public en boycottant cette merde sans nom... J'aime le côté provocateur et osé d'une œuvre mais il y a tout de même des limites (surtout lorsque ça pue le fric et la sur-médiatisation). A notre niveau, aucune censure ne s'applique, on reste un petit groupe parmi les gros et nous sommes libres de tout propos, c'est un des avantages du monde obscur du punk rock indé frenchy. Mais la censure en France fait mal son boulot (complètement démago') quand tu vois les horreurs servies et proposées au grand public. Moi je bosserais au Ministère, je te foutrais entre autres toutes ces émissions de télé réalité, Superbus, ce bon vieux Philippe Manoeuvre et Christophe Maé dans un charter, aller simple !!!!!!!!!!!!

Quel serait votre mot de la fin pour conclure cette interview ?
Merci à toi ! Nous continuons de tourner pour la promotion de notre dernier disque, alors surveillez nos dates, on passera bien près de chez vous !!!

Nous remercions Jérémie des Flying Donuts pour cette interview ainsi que Sophie Neveu pour l'avoir organisée.