Plane'R Fest, édition 2019 avec Soulfly

/ Compte-rendu de concert - écrit par nazonfly, le 08/07/2019

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Il arrive parfois qu'on découvre des festivals de metal sympas à quinze minutes de chez soi. Compte-rendu d'un samedi dans l'est lyonnais sous le déluge de guitares.

La mâchoire qui fait mal, les muscles du bras encore tétanisés, l’impression d’être dans une bulle cotoneuse… et des souvenirs plein la tête. Les signes ne trompent pas : hier c’était soirée metal. En l’occurrence, le deuxième jour du Plane’R festival qui se déroule dans l’est lyonnais, sur la commune au nom si grolandais de Colombier-Saugnieu, et plus précisément dans le hameau de… Montcul, ce qui permet cette accroche magnifique : « Plane’R Fest, rock in Montcul ». Le vendredi Korpiklaani, Skindred, Benighted ont investi la scène tandis que ce samedi nous verrons Yoda Rising, Horskh, Acod, AqME, Dark Tranquility, Finntroll, Rise of the Northstar ou encore Soulfly. Plus exactement nous ne verrons malheureusement pas Yoda Rising, Horskh et Acod pour de simples problèmes organisationnels de notre part.

Et c’est donc devant AqME que nous nous retrouvons. Le groupe parisien, formé en 1999, a décidé de mettre un terme à sa carrière après 20 ans de bons et loyaux services dont le sommet aura été la sortie de Sombres efforts en 2002 et les singles « Si » n’existe pas et Le rouge et le noir. Après ce concert au Plane’R Fest, il ne restera donc plus que deux dates pour voir AqME à tout jamais (aux Échos de la Mine en septembre et au Trianon le 5 octobre). Il faut aussi rappeler qu’entre 1999 et 2019, seul le batteur est resté dans le bateau avec le départ de la bassiste en 2000, du guitariste en 2008 et du chanteur en 2012. Bref, après cet aparté peut-être intéressant mais rien n’est moins sûr, plongeons dans le concert. Malgré ce split annoncé, les membres du groupe ont l’air contents d’être présents en ce début d’après-midi caniculaire : il est 18h et le soleil tape gravement, ce que ne manquera pas de signaler le chanteur plusieurs fois. Il faut dire aussi qu’il se donne à fond et ne lésine pas sur la bonne humeur qu’il fait passer au public. Comme un chant du cygne d’une carrière qui aurait pu être merveilleuse mais a connu ses meilleures années dès le début. Reste quelques beaux moments de communion avec le public sur « Si » n’existe pas, Superstar ou encore la très belle Se souvenir. Même si j’avais un peu complètement délaissé le groupe, ça fait toujours un petit pincement au cœur de voir s’arrêter un des premiers groupes que j’avais vu en concert. Ciao AqME. Merci pour le voyage.


AqME en guise d'adieu

Après plusieurs années d’Eurockéennes, après le Hellfest, c’est toujours étrange de se retrouver entre deux concerts pendant le changement de scène car, oui, il n’y a qu’une seule scène au Plane’R Fest. Et le site en lui-même n'est pas très grand, ce qui n’empêche pas la foule de T-shirts noirs d’être bien présente sans que cela nous empêche le moins du monde de nous glisser au premier rang de chaque concert. Comme, par exemple, hop transition, celui de Dark Tranquility. Dark Tranquility, on avait failli les voir au Hellfest mais nous avions alors choisi envy. Et c’était loin d’être une erreur tellement envy était génial. Mais Dark Tranquility s'en sort bien et est effectivement un très bon groupe sur scène, notamment grâce à son chanteur au sourire ravageur et à ses deux charismatiques guitaristes, un vieux barbu aux cheveux longs et un lointain sosie de Jason « Khal Drogo » Momoa. Tour à tout, rapide et calme, bourrin ou mélodique, le death metal de Dark Tranquility est ciselé à merveille pour embarquer le public avec eux. Ça aurait pu être simplement une belle découverte mais quand les éléments se mettent à jouer aussi pour le groupe, c’est un souvenir inoubliable : les éclairs qui zèbrent le ciel au début du set, la pluie qui se met de la partie puis le soleil qui revient et illumine la scène d’un arc-en-ciel à la fin du concert, comme pour dire que le concert avait ravivé le sourire dans le cœur. Merci pour ce moment parfait.


Dark Tranquility tranquille

Même scène mais changement complet d’univers avec Rise of the northstar qui commence tout simplement son concert par deux mots. Deux petits mots tous simples qui vont donner le ton. Deux petits mots qu’on peut souvent entendre en concert. Deux petits mots. Circle. Pit. Le show de Rise of the northstar est violent, incandescent mais surtout hyper original. On ne compte plus les groupes de death ou de stoner, on en a eu plusieurs exemples lors du Hellfest. Mais combien de groupes mettent les grosses guitares, les basses et la batterie au service d’un flow hip-hop sans concession et sans compromission ? Car, oui, Rise of the northstar emprunte les voies trop souvent délaissées de la rencontre entre le metal et le hip-hop. Le public s’y laisse prendre sans déplaisir et les figures habituelles des concerts metal sont toutes là : circle pits, walls of death, pogos et autres slams. S’il ne faudrait retenir qu’un seul défaut chez Rise of the northstar, c’est que ça fait un groupe de plus à suivre absolument.


Rise of the northstar

Dans une atmosphère rouge et embrumée, comme un avant-goût de l’enfer, quelques énergumènes aux oreilles pointues envahissent la scène et se mettent à entamer une polka à grosses guitares agrémentée de voix gutturales et de guitares ultra-speed :  : la savante alchimie entre le côté ultra-dansant des musiques folk et l’aspect puissant et renversant du metal permet à la musique des Suédois de Finntroll, qui savent y faire pour faire danser un public acquis tout entier à leur cause, est parfaite. C’est mélodique et brut de décoffrage, c’est joyeux et sauvage, c’est épique et fin. Et le public ne s’y trompe pas : tout le monde saute et danse la gigue d’un pied sur l’autre, la banane des grands jours sur le visage. Les poings et les cornes se lèvent, répondent aux injonctions du groupe dans un même élan ravageur.


Finntroll en mode enfumé

Une conversation entendue en attendant le prochain groupe : « Hey tu connais Soulfly ? », « Ben non », « Je crois que c’est le groupe de Max Cavalera », « Ah ». Si l’on ajoute qu’en plus, il y a des gens qui sont partis après Finntroll (je le sais, je les ai vus), on a envie de dire : « mais c’est quoi votre problème, les gens, Soulfly, c’est Max Cavalera, c’est une putain de légende du metal, comment peut-on quitter le festival sans l’avoir vu ? ». Bref, de notre côté, on range portable, appareil photo et lunettes dans le sac et c’est parti pour 1h30 d’un concert… sans quasiment rien voir. Max Cavalera,, apparemment heureux d’être là, la France l’ayant toujours soutenu (et d’ailleurs le nom de Soulfly a pris son origine pendant une session avec Deftones lors d’un Nulle part ailleurs), impose sa présence sur scène qu’il utilise sa voix délicieusement gutturale ou qu’il joue du berimbau (sorte d’arc musical brésilien). Avec son expérience, il sait évidemment parfaitement gérer un public qui n’en peut plus de s’en donner à cœur joie. Hormis le petit intermède traditionnel à l’arc, la musique de Soulfly reste percutante, sans concession et ultra-efficace.


Soulfly

C’est avec un public reprenant les chants de supporters de l’équipe du Brésil à la gloire de Soulfly (« Olé, olé, olé, olé, Soufly, Soulfly ») que s’achève ce Plane’R Fest. Une bien belle édition ou, en tout cas, un bien beau samedi pour un festival qui a pondu une superbe programmation.