Bruit qui court, plus qu'une rumeur
Musique / Critique - écrit par nazonfly, le 23/10/2014 (Tags : rumeur bruit plus rumeurs nouvelle france paris
Après La Canaille, après Cabadzi, un nouveau groupe mélangeant allègrement rock et rap. Quand on aime, on ne compte pas.
Tool, Cold War Kids, One Day As A Lion, Zone Libre : il y a du beau monde dans la liste des références de ce Bruit qui court qui nous conjure d'oublier leur ancienne musique pour découvrir leur nouveau monde. Comme on ne les connaissait pas, l'exercice est facile et on se plaît à explorer les méandres de cet album qui suit la pensée libertaire de Charlie Bauer, militant révolutionnaire d'extrême gauche et complice de Jacques Mesrine (merci Wikipedia quand même).
DR. Une photo bien au centre, ce qui n'est pas le cas de Bruit qui court
« Je revendique absolument cette guerre sociale qui fut le cadre de mes actions, de même que ma haine, ma colère et ma rage » : les mots extraits du Redresseur de clous de Charlie Bauer reviennent comme un mantra durant les 47 minutes de l'album, au point même d'offrir deux titres de morceaux, Ma haine, ma colère et ma rage #1 et #2, un diptyque en deux tableaux, le premier de ce calme pesant régnant avant l'orage, le deuxième éclatant sous les coups d'une basse slappée omniprésente et de paroles crachées à la face du monde. On comprend la référence à Zone Libre tant la musique, comme la façon de rapper, nous ramène inlassablement vers le projet qui nous avait tellement excité il y a (déjà) plus de 3 ans. Le lien est du reste particulièrement frappant sur La mélancolie qui a ce côté expérimental que l'on retrouve dans le groupe emmené par Serge Teyssot-Gay. Mais il faut quand même reconnaître que Bruit qui court sait aussi parfaitement manier du clavier comme sur ce Né libre dont l'orgue final est une merveille.
DR.
Au niveau des textes le parallèle avec Zone Libre et Casey est aussi inévitable. I/M (comprendre Ici et maintenant) a la même puissance que peuvent dégager les paroles de Casey, un gigantesque crachat glauque envoyé avec force et dégoût. De la même façon Le produit de mes erreurs résonne comme un écho aux textes de L'angle mort. Mais l'affrontement langagier de Bruit qui court est largement moins frontal que celui de Casey. Ainsi le bien nommé There is no alternative (TINA, référence à une phrase prononcée par Margaret Thatcher et censée montrer l'inéluctabilité du capitalisme) louvoie autour de son sujet en mettant surtout en avant la nécessité de conserver, encore et toujours, des « idées », chacun y mettant ce qu'il veut derrière. Il faut toutefois reconnaître à certaines paroles un côté plus direct avec en point d'orgue Charlie, un texte sur la prison issu de Fractures d'une vie de Charlie Bauer.
Une nouvelle fois, c'est ce mélange rap/rock qui nous percute, cette fois en offrant des morceaux revendicatifs et une réelle orientation politique qui n'attaque pas frontalement mais se terre en filigrane dans la plupart des paroles de l'album qui nous intéresse aujourd'hui.
Point faible : la pensée libertaire c'est trop has been
Point fort : paroles engagées, musique engageante
La critique en 140 caractères : Bruit qui court revendique sa haine, sa colère et sa rage en un album rap/rock engagé et engageant.
En écoute Ma haine, ma colère et ma rage #1 et Ma haine, ma colère et ma rage #2
Bruit qui court – Bruit qui court
01. Comme une traînée de poudre
02. I/M
03. Le produit de mes erreurs
04. Ma haine, ma colère et ma rage #1
05. Ma haine, ma colère et ma rage #2
06. Sans jamais vous suivre
07. There is no alternative
08. Né libre
09. Charlie
10. Dans l'ombre
11. La mélancolie
12. Soixante et onze jours
13. Il suffirait de fermer les yeux