Ben Sharpa - B.Sharpa
Musique / Critique - écrit par Dat', le 02/11/2009 (Tags : sharpa semela effects album jarring hip kgotso
Dubstep écrasant, hip-hop rageur, Ben Sharpa secoue les genres dans un album aride, mais regorgeant de titres imparables.
Nous avions quitté Ben Sharpa l’année dernière, après la sortie de l’excellent Ep The Sharpaganda Theory, offrant un parfait et rude télescopage entre hip-hop et dubstep. Ben Sharpa, c’est un sud Africain incontournable dans son pays, mais qui serait encore inconnu en France si Jarring Effects n’avait pas eu l’excellente idée de sortir l’excellent (je ne me lasserais jamais de le dire) coffret Capetown Beats il y a deux ans, recueil de bombinettes made in South Africa. Le bonhomme s’était néanmoins fait remarquer outre-manche grâce à la représentante du dubstep sur BBC, Mary-Anne Hobbs, et en faisant ami-ami avec Milanese, adepte des Wobble Bass qui grondent (Sharpa apparaît d’ailleurs quatre fois sur le nouvel album de ce dernier, Lockout, galette de sauvage).
Tekkonkinkreet
Et c’est clairement la rudesse et la noirceur du Dubstep qui sont mises à l’honneur sur ce premier album, bourré de nappes qui craquent et de rythmes à faire trembler les fenêtres des voisins. Premier bon point, Hegemony est présent dans le disque, meilleur titre du précédent EP, et vrai tube underground. Ca claque, ça gronde, c’est sale, la rythmique rampe et implose, avec un cynique Sharpa qui pose sur cet alien avec une facilité désarmante. Instrue signée Sibot, l’homme derrière Playdoe, et façonneur du projet fou Mc totally Rad and Dj Fuck.
Ben SharpaA dire vrai, l’album tourne quasiment entièrement sur cette recette d’instrues sombres, aux basses de terroristes, pour accoucher souvent de scuds bien sentis ( Check The Evidence, Off The Rails, Be To The E ou Avant Garde et ses scratchs bien placés), avec en point d’orgue le Callin’It Quits produit par Milanese, grosse machinerie qui va traumatiser plus d’un caisson de basses. Le seul problème, c’est que l’album fait face à un minimalisme exacerbé qui en rebutera plus d’un (encore plus sec qu’une sortie Antipop, c’est dire…) et que le tout peut, à force, tourner en rond et fatiguer (Sick ‘n Tired, justement) ou se planter en voulant sortir un peu du schéma plaqué tout au long de la galette (Statement, vraiment cheap).
Ces petits écueils restent néanmoins bien planqués, et n’entachent que peu la qualité du tout. On saluera de plus la conclusion de l’album qui transporte cette fois avec perfection Sharpa dans un univers moins acquis à la cause Uk, pour un Why très Old-School, à base de claviers appuyés, chœurs éthérées, textes désabusés et feat d’un Wordsworth qui ferait presque penser à Roots Manuva.
Au final, B.Sharpa remplit parfaitement son office : servir un album conciliant textes acerés et instrues imparables, draguant autant les amateurs de dubstep que de hip-hop. Atypique, âpre et sans concession, donc recommandé.
Ben Sharpa - B.Sharpa
01. Epoch (ft. Tebs)
02. Calling' it quits (we're here)
03. Sick'n tired (ft. Archetypes)
04. Off the rails
05. Statement (ft. Konfab)
06. Avant garde (front line)
07. B to the E
08. Hegemony
09. Ken Illworth (interlude)
10. Check the evidence
11. Critical mass
12. Genocide awards
13. Why (ft. Wordsworth)