9/10Ausgang : Casey la rage entre rap et rock

/ Critique - écrit par nazonfly, le 06/03/2020
Notre verdict : 9/10 - Pourriture viscérale (Fiche technique)

Tags : ausgang casey rock rap musique album france

À l'heure où le rap a obtenu ses galons de noblesse, Casey secoue le mouvement avec force guitares et batteries sur Gangrène, premier album du projet Ausgang.

Après une pause de plusieurs années, Casey est de retour avec un nouveau projet répondant au doux nom d’Ausgang, sortie en allemand. Un projet qui a, au niveau de la musique en tout cas, plus à voir avec les deux albums sortis avec Zone Libre : L’angle mort et Les contes du chaos qu’avec son album solo, Libérez la bête, ou son projet Asocial club avec Al, Prodige, Vîrus & Dj Kozi. Outre Casey, Ausgang est composé de Marc Sens, membre de Zone Libre, à la guitare et à la basse, de Manusound aux machines et de Sonny Troupé à la batterie pour un album qui se partage clairement entre deux sombres pôles opposés : l’énergie et la colère contre la douleur et le désespoir.

Énergie et colère

Casey ne mâche jamais ses mots, elle est toujours là pour crier sa haine et sa colère hurlant contre les élites (Élite), la police (Bonne conduite), les faux groupes de rock (Bâtard) rappelant au passage que, si le rock est largement devenu une musique de blancs, il puise sa source directement dans le blues et donc la négritude : « Je fais du rap, je fais du rock/Où je vais, je suis moi même/Ces deux milieux ne sont jamais prêts pour le choc » chante-t-elle sur la bien nommé Chuck Berry où on croise l’ombre de Jimi Hendrix, guitar hero et afro-américain bien entendu. Car Casey utilise le rap et le rock de la même façon, pour exprimer sa rage loin, très loin des mielleux groupes de rap variétoche ou de rock propre sur eux. Son flow en fusion est alors sublimé dans cette démarche explosive par la puissance destructrice de la guitare et de la basse (le brûlot punk Bâtard), la lourdeur des fûts (La rage qui montre le côté le plus énervé de Casey) ou le malaise créé par les machines comme sur Ma complice qui exalte le fait de rester dans les marges, d’être en dehors des normes, un thème qui reste un des thèmes principaux de cet album répondant au nom révélateur de Gangrène.


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Douleur et désespoir

Casey rentre en effet difficilement dans les cases et sa rage, sa haine, qu’on rencontre évidemment assez rarement dans le rap « commercial », ne semblent rien par rapport au malaise qui se dégage de la majeure partie des titres de l’album. Cette noirceur rampante, cet inconfort latent, ce marasme épuisant parsèment l’album et lui donnent la lourdeur des sables mouvants attirant sans cesse l’auditeur vers le bas. Aidez-moi est l’un des titres les plus marquants de cet aspect de la musique de Ausgang avec son mantra hypnotique « Mais où est ma bouée, si vous pouvez me la trouver/Balancez-là dans l’égout où je suis en train de couler » : on coule, on se noie, on s'effondre. Une fois la rage expulsée, il ne reste en effet que le mal-être, l’horreur, la nausée, les âmes en peine, la mort ou la gangrène. Grandit comme un ombre parvient à creuser encore cette ornière de l’obscurité, de l’ombre mais avec une musique à la fois lourde et légère, sombre et lumineuse qui rend ce morceau particulièrement réussi.


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À bientôt 45 ans, Casey n’est toujours pas apaisée et les démons qui l’habitent viennent hanter un disque qui utilise la puissance du meilleur du rock en guise d’écrin ténébreux aux paroles enragées, révoltées et désespérées.

En écoute Chuck Berry (dont l’intro du clip est accompagnée de kora)

La critique en 140 caractères : Révoltée, enragée et désespérée, Casey est de retour avec un nouveau groupe pour mélanger la puissance de son flow aux riffs acérés du rock

Ausgang - Gangrène

01. Gangrène

02. Bonne conduite

03. Chuck Berry

04. Comme une ombre

05. Crapule

06. Aidez-moi

07. Ma complice

08. Élite

09. La rage

10. Bâtard