7.5/10Sinik - La main sur le coeur

/ Critique - écrit par Toma, le 17/03/2005
Notre verdict : 7.5/10 - Sinik - La main sur le coeur (Fiche technique)

Tags : sinik coeur eur rap main album etat

Il nous avait prévenu avec son street CD En attendant l'album, nous l'avions découvert et fortement apprécié : nous attendions donc. Sinik nous présente son premier « vrai » album ou disons plutôt son premier album officiel: La main sur le coeur (Ne me demander pas pourquoi celui là est officiel et l'autre un simple street-album, je n'en sais foutre rien, peut être seulement parce que celui-ci est signé sur Warner). En jetant un coup d'oeil sur la track list on se rend vite compte que le morceau L'assassin qui ouvrait le street album (le pas officiel donc) est présent en bonus ici. Mais il est en bonus donc ça n'est pas vraiment comme si on nous resservait le même... (Et du coup le morceau est passé de simple titre au rang de bonus officiel!). Et puis il faut tout de même dire avouer que ce morceau, à base d'extraits de battles de Sinik, valait franchement le coup donc on continue, ou plutôt on recommence par le début.

Sinik entame l'album avec un historique de sa vie, ses débuts dans le rap, ses premiers vols, ses premières tasses(pé), ses premières visites en taule. On enchaîne avec 2 victimes, 1 coupable sur le thème du 11 septembre qui aura décidément inspiré beaucoup de rappers. Sinik, lui, nous le présente à travers 3 portraits : Un new-yorkais, un habitant du pays des cagoules et un gars qui s'appelle Georges et qui habite dans une maison blanche. Tout cela est habilement étayé d'extraits bien choisis de journaux télévisés (Ce qui rappelle énormément l'album 11 Septembre de Médine...bref je voulais juste le dire...).
Il nous donne ensuite, à travers un petit dictionnaire Mots pour maux de la rue, une définition naïve mais tellement vraie de ce qui nous entoure, et entoure certains plus que d'autres : Les armes, le crack, l'alcool, la mort, les flics, les films violents, les filles (Là il est pas tendre), la haine, la guerre,... Dans le même principe il nous livre la totalité des lois de son Règlement Extérieur sur fond de sample de la Fonky family. On retiendra parmi ces quinze articles de lois, l'Interdiction de rire devant les blagues de racistes (Article 8).
Je signale également l'excellent Le même sang en featuring avec Diam's où il explore la relation frère et soeur. Un morceau dans lequel Diam's excelle ou plutôt dans lequel le duo Sinik / Diam's excelle. Il évoque également le suicide sur Rue du paradis et aborde la difficulté « de s'organiser entre la taule, le cimetière et l'hosto » sur D3 32, chanson écrite au mitard.
De la même façon on notera l´autre bonus officiel et très réussi Dis leur 2 ma part, où il fait l´état des lieux de sa vie et surtout de l'endroit dans lequel il vit. Une vision pleine de dégoût (Nos mômes ne peuvent plus vivre sans la bagarre et le shit / dites aux profs que la drogue nous a eu) et de haine (Dites à l'huissier que tout petit j'lai vu voler mes meubles...) mais aussi de tristesse et de pessimisme, surtout de pessimisme.
Le son de Men in Block, plein d'énergie, tranche un peu avec le reste de l'album qui reste musicalement relativement sombre et malheureusement pas très original. C'est d'ailleurs peut être là que ce La Main sur le coeur pèche un peu. Si l'ensemble musical est bon, il manque cependant de caractère.

Sinik balaie sur cet album un certain nombre de thèmes avec une sincère naïveté. Il n'a pas peur de nous livrer ces états d'âme, ces contradictions, son mal être. On nous le présente comme la nouvelle génération du rap français et il le mérite certainement. Il manque cependant encore un petit quelque chose qui fasse qu'on puisse le comparer à un Kool Shen ou un Akhenaton (J'ai pris des blanbecs exprès). Mais là je chipote parce que cet album, au même titre que le non officiel En attendant l'album sont deux très bons opus. Et puis non, Sinik ne prostitue pas sa musique (Article 12).