Franz Ferdinand - Interview

/ Interview - écrit par Loic, le 17/09/2005

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Interview de Franz Ferdinand

Dimanche 24 juillet, dernier jour de la 14ème édition du plan grand festival des Vieilles Charrues. Je suis devant la scène Kerouac pour regarder le début du concert de Michel Delpech, et c'est avec soulagement que je m'éloigne pour assister à la conférence de presse de Franz Ferdinand. Les écossais sont l'une
des têtes d'affiche de ce festival, et l'espace presse est bondé. On va essayer de se frayer un chemin et de poser quelques questions à Alex (chanteur) et Bob (bassiste).

En quoi le prochain album sera différent du précèdent ?
Alex : Forcément, il sonnera comme du Franz Ferdinand, je ne pense qu'on puisse prendre nos instruments, faire des chansons, et ne pas sonner comme Franz Ferdinand. Mais on a quand même essayé de faire les choses différemment. On a voulu capturer cette énergie live qu'on a sur scène, ce qui manque un peu sur le premier album, on a aussi voulu y mettre plus d'émotion, avec des chansons comme Walk Away ou Fade Together, qui sont un peu plus sombre que sur le premier album. Mais bon, vous pourrez vous faire votre propre opinion ce soir, on jouera quelques nouvelles chansons.

Pour le grand public Take me out est vraiment la chanson phare de Franz Ferdinand, celle qui vous a fait connaître. Que représente cette chanson pour vous ?
Alex : C'est bizarre, car pour nous Take me out est juste une chanson parmi d'autres, sans grande différence. C'est vrai qu'elle est pas mal accrocheuse, ça doit être pour ça qu'elle est si populaire.

Ce festival est réputé pour son éclectisme, et pour rassembler plusieurs générations, par exemple, en ce moment, c'est un vieux chanteur français (Michel Delpech NDLR) qui se produit. Avez-vous une recette pour faire danser tout le monde ?
Alex : Je ne pense pas qu'on doive tricher suivant le public, être démago. Il faut juste se donner à fond, être honnête, être soit même, ça me semble évident. Et j'aime bien jouer dans ces festivals, comme à Glastonbury par exemple, où il y a une affiche très variée, donc le public aussi, beaucoup de jeunes, qui sont la base de notre publique, nais aussi des personnes plus âgées, des familles...

Franz Ferdinand est un groupe assez récent, et le premier album a tout de suite très bien marché ; j'imagine que vous avez écrit le deuxième album dans le tourbillon qu'a du être ces deux dernières années avec le succès, les tournées... Cela a-t-il été une grande source d'inspiration ?
Alex : En fait, la dernière chose sur laquelle on a envie d'écrire, c'est la tournée ! Ce serait super ennuyeux si ça parlait que de ça : « hier on a joué, on a repris le bus, ce soir on joue » et ainsi de suite ! Par contre, toutes les expériences humaines qu'on a eu sur la route était super intéressantes, mais le fait d'être dans un groupe en tournée n'a pas été une grande source d'inspiration en soit même. Ca parlera donc de la vie de tous les jours, de la condition humaine, des relations...

Quelques indiscrétions ont déjà filtrées à propos de titres de certaines chansons, mais pas de titre d'album, qui serait donc éponyme ...
Alex : C'est vrai, on ne voulait pas donner de nom, mais il y a deux jours, on a eu un idée d'un titre, qu'on a trouvé vraiment bon, ce ne sera donc pas un album éponyme.
Bob : Mais nous ne l'avons encore dit à personne, on attendra encore un peu avant de le rendre public.

Connaissez-vous des groupes de rock français ?
Alex : Bien sur, quelques uns. Il y a quelques groupes contemporains qui ont un grand impact sur la scène anglaise, comme Air ou Daft Punk.
Bob : Phoenix est aussi populaire en Angleterre.
Alex : On aime aussi beaucoup Mirways, on a beaucoup de respect pour lui, c'est vraiment un personnage cool et innovateur, ce qui est toujours appréciable en musique. Mais c'est surtout des artistes du passé qu'on connait, comme Serge Gainsbourg, qui a beaucoup influencé des groupes de rock anglais, aujourd'hui encore ; mais le secret le mieux gardé est Georges Brassens, qui doit être le meilleur « songwriter » français.

Dans beaucoup d'articles, on a pu lire que votre succès a ouvert la voie a un certain renouveau du rock, pour des groupes comme Bloc Party par exemple. Avez-vous des contacts avec toute cette scène ?
Bob : Oui, on a déjà rencontré les mecs de Bloc Party, ils sont super sympas, on aime bien leur disque. Ils sont très différents de nous mais ils sont vraiment bons.
Alex : Parfois on est très gênés en lisant des articles sur Bloc Party, qui disent tous qu'ils ont du succès grâce à nous. C'est tout a fait faux, c'est un très bon groupe qui aurait de toute façon percé.

Je vous avez déjà vu l'année dernière, et même si Franz Ferdinand est un groupe très récent, à vous voir jouer en live ou répondre aux interview, c'est très professionnel, bien rodé, comme si le groupe existait depuis 20 ans. Comment faites-vous pour vous fonctionner ensemble, vous mettre d'accord et gérer tout ça ?
Bob : On fonctionne de la même façon qu'avant le groupe, quand on était des potes de Glasgow, discuter ensemble, aller dans des pub, à des concerts, écouter de la musique... Rien n'a foncièrement changé.
Alex : Et en considérant ce qui nous arrive, ce succès, jouer dans le monde entier, c'est l'expérience la plus exhaltante et enrichissante qui soit, et ces dernières années ont été aussi remplies que 20 ans !

Et il n'y a jamais de tensions entre vous ?
Alex : Dans des situations où vous vivez en permanence avec des personnes qui vous sont proches, que ce soit votre petite amie, ou des amis en colocation par exemple, de par la proximité, il y aura des tensions parfois. Mais ces tensions sont bonnes, lors de disputes par exemple, ça permet de mettre les chose à plat, d'aboutir a quelque chose de meilleur au final, et c'est ce qui se passe avec nous.

Je crois que vous allez participer au prochain film Harry Potter ; comment avez-vous été contactés, qu'est-ce qui va se passer ?
Alex : C'est vrai, on aurait dû, et on aurait beaucoup aimé, mais malheureusement on ne va pas le faire. On aurait du collaborer avec Jarvis Cocker de Pulp, ce qui aurait été génial, nous sommes de grands fans. Mais participer à un film comme ça, c'est pas quelque chose qu'on peut prendre a la légère, ça prend beaucoup de temps et ça nous aurait empêché de faire ce qu'on fait, des concerts, des enregistrements, on préfère s'impliquer à fond dans ce qu'on fait le mieux.

Vous faites régulièrement des tournées en France, et je crois que vous parlez français. Avez-vous une relation spéciale avec le public français ?
Alex : J'aime toujours venir en France, mais je parle très mal français, donc je m'excuse toujours par avance quand j essaye de parler français sur scène ! Je me suis rendu compte il n'y a pas longtemps que certaines choses que je disais étaient en fait très grossières !
J'aime la France, et le public français, qui réagit toujours bien à nos concerts. Et la performance d'un groupe dépend toujours des réactions du public, si le public est réactif et l'ambiance bonne dans la salle, on fera un meilleur show.

Pourquoi avoir choisi ce nom à connotation historique ?
Bob : En fait, pour nos premiers concerts, on n'avait pas de nom, et on en cherchait un. En regardant une course de chevaux à la télé, il y avait un cheval qui s'appelait l'Archiduc Ferdinand, et s'on s'est dit que Franz Ferdinand sonnait bien.
Alex : Il y a deux raisons, la première c'est qu'un nom de groupe doit bien sonner quand on le prononce, et la deuxième raison est que quand Franz Ferdinand est mort, le monde entier a changé, avec la première guerre mondiale. Et cette idée qu'après votre existence, le monde ne sera plus jamais le même nous semblait intéressante.


Nous tenons à remercier le groupe, ainsi que les organisateurs du festival.