Cristina Branco - Interview
Musique / Interview - écrit par Filipe, le 06/04/2005Tags : cristina branco fado musique france portugaise concert
Mercredi 23 mars 2005, 17h58. A deux pas du siège d'Universal Music, l'accès à l'Hôtel du Panthéon se fait par la Place des Grands Hommes. Une chose est sûre : la salle de réception de cet Hôtel est à la hauteur de l'événement, jouissant à la fois du charme de son ancienneté et de la proximité apparente du célèbre temple parisien. L'occasion de prendre conscience, une fois de plus, de son étonnante disproportion.
Entre alors Cristina Branco, faisant preuve d'une ponctualité qui honore sa réputation d'artiste consciencieuse. Premier échange de regards. Je ne trouve rien d'autre à lui tendre, si ce n'est une main tremblotante. J'imagine qu'elle ne s'en est guère aperçue. A cette heure-là, la salle de réception est parfaitement déserte. Cristina opte donc pour la table la plus éloignée du standard de l'hôtel. Je lui laisse également le choix des armes : une entrevue en français lui permettrait d'améliorer le sien ; "uma entrevista em português" me permettrait de réviser le mien. Elle opte sans réfléchir pour sa langue natale, ce qui ne me surprend guère. Je m'excuse alors pour les nombreuses fautes que je m'apprête à commettre face à elle. Je juge ensuite le moment idéal pour enclencher mon dictaphone...
LA PASSION.
K : Cristina Branco, bonjour et merci d'avoir accepté de nous recevoir, à l'occasion de votre passage à Paris. Vous assurez actuellement la promotion de votre tout dernier album, Ulisses. Pour ceux qui ne vous connaissent pas encore, nous allons retracer ensemble votre parcours artistique, si vous le voulez bien. Vous êtes originaire d'Almeirim, une ville de la région du Ribatejo, au Portugal. Vous avez grandi loin des maisons du fado. Comme la plupart des enfants de la révolution, vous préfériez les airs de jazz, de blues ou de bossa nova à la tradition du fado. Pour vous, comme pour beaucoup d'autres, il s'agissait là ni plus ni moins d'un chant condamné à disparaître. Et puis, c'est à l'âge de dix-huit ans qu'il se produit un événement qui bouleversera à jamais votre vie. Pourriez-vous nous en faire part avec vos propres mots ?
CB : Oui, je peux (rires). Le jour de mon anniversaire, mon grand père m'a offert un CD d'Amália Rodrigues, qui s'appelait Rara e Inedita. Sur ce CD, Amália chantait la poésie contemporaine portugaise, tous les auteurs contemporains portugais, sur des musiques du français Alain Oulman. La manière d'aborder le fado sur ce disque était complètement différente de la manière dont il était chanté jusqu'à ce moment-là. C'est là que j'ai compris que le fado pouvait aller bien au-delà de la simple tradition. Le fado n'était plus cette musique hermétique, fermée. Il y avait encore une grande marge de progression. A partir de là, j'ai voulu en savoir plus. J'ai voulu en savoir plus sur Amália : ce qu'elle aimait chanter, les auteurs qu'elle préférait. Voilà ce que j'ai ressenti.
J'ai lu que vous avez ensuite abandonné vos études.
Je les avais presque finies mais j'ai été jusqu'au bout.
Des études de psychologie, c'est bien ça ? Pour être journaliste.
J'ai suivi deux années de psychologie, et je me suis spécialisée en communication sociale.
Avez-vous suivi des cours de chant, pour votre technique vocale ?
Non, je n'ai jamais suivi ce genre de cours de perfectionnement. J'ai eu un professeur de chant pendant quelques temps, mais on ne peut pas considérer que j'ai suivi des cours de chant.
LE SUCCES.
Et c'est aux Pays Bas que l'on entend parler de vous pour la première fois. C'est là-bas que vous montez sur scène pour la première fois et devenez célèbre. Pourquoi ce pays ? Aviez-vous peur de la comparaison au Portugal ?
Non, pas du tout. Je t'explique : pendant que j'étudiais la communication sociale, j'avais un ami qui travaillait à la RTP (ndlr : Radio e Televisão Portuguesa). Il m'avait déjà entendu chanter et il avait beaucoup aimé. Si bien qu'un jour, il m'a proposé de participer à une émission télévisée, qui à l'époque était diffusée le matin. J'ai accepté. Mais pour moi, le plus important, ça n'était pas de chanter à la télévision, mais de voir comment tout cela fonctionnait, les caméras, l'envers du décor. J'y suis allée et j'ai chanté un poème qui s'intitule Romance, de Dom Afonso Lopes Vieira. En Hollande, quelqu'un m'a vu ce jour-là. Quelques mois plus tard, ce quelqu'un m'a appelé et m'a proposé un concert là-bas pour la commémoration du 25 avril. J'y suis allée. Le concert a été enregistré et un disque a été fait. C'était la première fois que j'étais sur une vraie scène, avec un micro et des moniteurs, face au public. C'est comme ça que tout a commencé. Je n'ai pas percé en Hollande parce que je le voulais. Quand je suis allé la toute première fois en Hollande, je me disais que je partais en vacances. Je vais en vacances. Je n'y allais pas pour travailler. C'était un amusement. Et cet amusement s'est prolongé.
Dans l'assistance, il devait y avoir une majorité de Portugais ? Je sais qu'il y a une forte concentration d'immigrés portugais aux Pays Bas.
En Belgique, ils sont nombreux. Il y en a moins aux Pays Bas. Et à l'époque, autrement dit en 1998, il y en avait encore moins. La communauté portugaise était vraiment très réduite. Et puis il y avait là des gens qui avaient fui la guerre, d'autres qui avaient fui la dictature... Il y avait beaucoup d'intellectuels au sein de cette communauté : des photographes, des peintres, des écrivains. Maintenant, il y a beaucoup plus de monde, heureusement. Ou malheureusement, n'est-ce pas... La majorité de mon public était locale, entendez des Hollandais.
Votre Live in Holland paraît donc aux Pays-Bas, puis en France. En 1999, la sortie en France de votre premier album Murmurios est un grand succès...
C'est ce disque qui m'a permis de percer en France.
Des succès en France, aux Pays-Bas, mais toujours pas au Portugal...
Le succès au Portugal n'apparaît que beaucoup plus tard, avec la sortie de l'album Corpo Illuminado.
Pour quelles raisons ?
Ne me demande pas ça à moi (rires). Tu sais, quand j'ai enregistré mon premier album, Murmurios, je l'ai offert au Portugal. J'ai tapé à la porte des éditeurs, et on m'a dit non à tous les coups, parce que ça n'était pas le moment de faire du fado. C'était l'époque de l'Expo 98 (ndlr : l'Exposition Universelle, qui s'est tenue à Lisbonne en 1998). Alors j'ai vendu ce disque à un éditeur hollandais. Il a ensuite été élu "Choc de l'année du Monde de la Musique" (ndlr : catégorie Musiques du Monde). Et puis j'ai continué comme ça... jusqu'à ce que je signe avec Universal en France. C'est à partir de là que je deviens relativement connue au Portugal.
LA SCENE.
A cette époque, les concerts commencent à se multiplier à travers l'Europe, et même au-delà : aux Etats-Unis, au Japon, en Australie, en Afrique... Où se situent vos meilleurs souvenirs de scène ?
Un peu partout, en fait. Ils ne sont pas qu'en Europe. C'est en Europe que j'ai fait le plus de concerts mais j'ai gardé de bons souvenirs d'un peu partout dans le monde.
Vous n'avez pas un souvenir parmi tant d'autres à nous raconter, un moment, qui vous a semblé particulièrement magique, et qui vous a marqué durablement ?
Difficile de répondre... Le public australien est fantastique. J'y suis allé l'an passé pour la première fois. J'ai parcouru le monde, je suis allé jusqu'au Japon, j'ai vu plein d'endroits bizarres... En chaque endroit de ce monde, tous les gens avaient entendu parler d'Amália. Les gens connaissaient le fado et avaient la nostalgie d'Amália. Mon nom a toujours été cité après le sien, excepté en Australie. J'ai fait un workshop de vingt personnes, qui n'avaient jamais entendu la "référence Amália". Ces gens voulaient découvrir le fado et sont venus en lisant mon nom sur les affiches. Ils ont découvert un monde nouveau. C'était très émouvant. C'est une des dernières grandes choses que j'ai vécues.
Vous avez donc parcouru le monde, ce qui m'amène à vous poser une "question de filles" : comment parveniez-vous à garder le contact avec votre famille, vos amis ? Pendant ces longues tournées, le temps ne vous a-t-il pas semblé trop long de ce côté-là ? Je sais que vous pouvez compter sur la présence de votre mari, Custódio Castelo, puisqu'il vous accompagne sur scène à la guitare...
Quand je n'avais pas encore d'enfant, il n'y avait rien de difficile ; tout ça n'avait vraiment rien de compliqué. Quand on fait ce qu'on aime, on fait tout pour continuer. Ma profession m'a beaucoup éloigné de ma famille, puisque je passe très peu de temps au Portugal aujourd'hui. La situation s'est encore plus compliquée quand j'ai eu mon fils. Les vies professionnelle et personnelle sont devenues beaucoup plus dures à gérer... Mais j'y arrive, bien sûr.
LES PAROLES
Votre deuxième album, Post Scriptum, est édité en 2000. Vous y chantez le fado à votre manière, sur les compositions de Custódio Castelo, les seules véritables références au fado étant ces accords de guitare portugaise, qui parsèment l'ensemble de vos disques. Vos paroles vous sont inspirées par des poètes plus ou moins célèbres, portugais ou non. Votre troisième album, O Descobridor, paru en 2000, est ainsi entièrement consacré au poète hollandais Slauerhoff. D'où vous vient ce goût pour ce type de littérature ?
J'aime lire. J'ai toujours aimé lire. J'ai eu la chance d'avoir des parents qui m'ont transmis leur goût pour la littérature. Ils m'ont aussi appris à aimer mon pays et ma langue. Il a toujours été facile pour moi d'associer la musique aux lettres, parce que c'est ce que j'ai toujours aimé faire. J'ai toujours vécu dans cette ambiance, ça n'a rien d'anodin pour moi. Je choisis mes propres paroles...
Justement, comment faites-vous pour choisir vos auteurs et vos textes ? Ce sont peut-être vos seuls sentiments qui dictent ce choix... Quels sont les critères qui entrent en ligne de compte ?
Je lis, tout simplement. En plus de ça, grâce à la musique, je rencontre des gens de divers domaines artistiques, y compris la littérature. Pour mon dernier album, Ulisses, j'ai eu la chance de pouvoir compter sur des auteurs, qui ont écrit des textes pour moi : je parle de Vitorino, Júlio Pomar et Vasco Graca Moura. C'était la première fois que des gens écrivaient pour moi. Autrement, je m'en réfère aux livres que je lis.
Pour le coup, ils sont tous portugais...
En effet. Vitorino est un musicien. Júlio Pomar est un peintre. Vasco Graca Moura est à la fois député européen et écrivain.
L'N-IEME ALBUM
En 2001 est édité Corpo Iluminado. Deux ans plus tard, c'est au tour de Sensus, dont les titres vous ont été inspirés par le poète portugais David Mourão Ferreira. En ce début d'année, vous nous présentez votre album Ulisses, qui, comme son nom l'indique, se veut le récit d'une grande excursion. L'album est marqué par la saudade lusitanienne, cette nostalgie héritée de générations de navigateurs au long cours. La guitare portugaise nous laisse à penser que le fado n'est jamais très loin...
Il en est proche, mais de tous mes albums, je trouve que cet album en est peut-être le plus éloigné. Il n'y a qu'un seul vrai morceau de fado sur cet album : il s'agit d'un poème d'Alexandre O'Neill, que mon grand père avait l'habitude de me réciter. Bien des années plus tard, bien après la mort de mon grand père, j'ai entendu ce même poème récité par Amália. C'est un poème qui m'a beaucoup marqué. Cet album, Ulisses, est très personnel et c'est pour cette raison que je l'aime beaucoup. Ce poème, Gaivota, y est en tant que poème et non en tant que fado. Pour ce qui est des autres titres, il y a ce fil conducteur du fado, cette guitare portugaise, mais ils traversent beaucoup de mondes, beaucoup de continents. C'est un disque sur l'intériorité, un disque sur moi-même, sur ce que j'ai été, sur ce que j'aime être et sur ce que je veux continuer à être.
C'est pour ces raisons qu'on trouve, sur cet album, des titres en français (Liberté), en anglais (A case of you) et en espagnol (Alfonsina y el mar)...
Oui, c'est parce que c'est un voyage. Au-delà d'être un voyage intérieur, c'est aussi un voyage géographique. Le Ulysse d'Homère s'est restreint à la mer Méditerrannée. Le mien va plus loin, il va sur d'autres continents. Il y est question de la musique que j'aime et qui m'influence. C'est pour cela que je chante en d'autres langues. Liberté, le poème de Paul Eluard, me touche profondément. C'est un poème lié à la jeunesse de mes parents et à la révolution, d'une certaine manière. C'était un poème de référence bien avant le 25 avril. C'est également pour cette raison qu'il y figure.
LA MUSIQUE.
Parlons un peu plus de vous-même, à présent. Quels sont justement, de manière générale, vos goûts musicaux ? Quels sont vos artistes préférés ? Des artistes portugais, peut-être ?
J'écoute très peu de musique portugaise. J'aime beaucoup Zé Afonso et Carlos Paredes. Sérgio Godinho, aussi. Si tu me demandes si j'écoute du fado, je n'en écoute pas du tout. Je n'écoute même pas mes disques. Tout ce qui est portugais, je l'écoute à la radio.
C'est parce que vous n'aimez pas ?
N... (hésitation). Peut-être parce que je n'aime pas, je n'aime pas particulièrement. A une époque, j'aimais beaucoup Madredeus, par exemple. Mais je trouve qu'aujourd'hui, ils font la même chose qu'il y a dix ans. Il n'y a eu aucune évolution. Opinion personnelle. Evidemment, je connais les personnes, je connais les voix, j'ai suivi leur progression, mais je n'écoute et n'achète pas leurs disques. Ni d'eux ni d'aucun autre artiste en général. J'écoute d'autres genres de musique. Il y a d'autres chemins qui m'intéressent davantage.
Quels chemins, par exemple ? La chanson française ?
Eh bien, j'ai des goûts musicaux très éclectiques. J'écoute beaucoup les disques de mes parents : Brassens, Leo Ferré, Brel, Barbara. J'aime beaucoup l'ancienne musique française, mais pas du tout l'actuelle, qui n'a de français que la langue, la référence étant très américaine. J'aime le blues, le jazz, la bossa nova. J'aime bien Metallica, ce qui peut paraître étrange. J'adore U2, les Pink Floyd, les Simple Minds, les Massive Attack... tu vois, mes goûts vont dans tous les sens. Sauf vers du fado... Ah oui, j'adore le tango, aussi...
Et que pensez-vous de la scène portugaise actuelle, de manière générale ? Comment se porte-t-elle ?
Le fado est de plus en plus important, ce qui est très positif pour le Portugal, parce que c'est un genre qui s'exporte très bien. Les gens de l'extérieur, les gens d'ici, ont compris que le Portugal n'était pas une péninsule espagnole, que c'est un pays à part entière, qui a sa propre langue, qui est très beau, et qui a beaucoup à donner. Nous devons tout ceci au fado, il faut le dire. A d'autres niveaux, je ne trouve pas que la musique portugaise soit en plein développement. Bien sûr, il y a des groupes comme Da Weasel, The Gift ou Silence 4, mais ils chantent tous en anglais.
Surtout que les Silence 4 se sont séparés il y a déjà quelques temps (rires)...
Oui, mais ils vont revenir. Crois-moi. Je les aime beaucoup. Ce n'est pas que je n'aime pas tous ces groupes, je les aime bien au contraire. Mais je trouve ça vraiment dommage que les trois meilleurs groupes portugais du moment chantent en anglais. Il y a quelque chose qui ne va pas de ce côté. A côté de ces trois-là, il y a toujours Rui Veloso, Luis Represas, qui ne fait rien de bien, Pedro Abrunhosa et Clã, que j'adore... Mais le fado est encore le genre qui se développe le plus ces derniers temps.
LA PRESSE.
Vous êtes arrivée à Paris hier matin (ndlr : mardi 22 mars) et vous repartez très prochainement. Que faites-vous de votre séjour, ici à Paris ?
Travailler... Je m'en vais demain. Je suis ici pour travailler, répondre à des gens comme toi. Ensuite, je rentre à la maison. Je poursuis ma promotion au Portugal. Et je reviens ici (ndlr : pour son concert du 4 avril, à l'Olympia)...
Pour finir, j'ai lu, ici ou là dans la presse française, un certain nombre d'articles à votre sujet. J'aimerais avoir votre opinion sur chacune de ces citations, à commencer par La nouvelle étoile du fado (Le Monde)...
Ouille... Je ne me considère pas la nouvelle étoile du fado. Je ne pense pas qu'il y ait de nouvelles étoiles, et encore moins dans le fado. Il y a beaucoup de gens qui chantent très bien. Certaines considèrent peut-être qu'elles sont des étoiles. Moi, non. Pour moi, il n'y en a eu qu'une, qui s'appelait Amália Rodrigues, et qui ne reviendra jamais. Ce qui se fait aujourd'hui est beaucoup plus éphémère, relativement à ce qu'Amália a fait. Vas-y, continue (rires)...
Une des plus belles voix du Portugal (Le Point)...
Hum...
Porte parole de la culture portugaise (site d'Universal Music)...
Oui, ça je le suis, définitivement, et avec beaucoup d'orgueil. A partir de ma simple langue natale, je vais dans le monde entier. C'est ce que je donne aux gens, même à ceux qui ne comprennent pas le portugais.
L'avenir du fado (Nouvel Observateur)...
Non, ça je n'y crois pas. Je ne pense pas que l'avenir du fado passe par moi.
La digne héritière d'Amália Rodrigues (VSD)...
Non, je ne crois pas non plus, ne serait-ce parce que je ne chante plus le fado. Du moins sur ce disque. Ce qui ne veut pas dire que je ne le rechanterai pas. Il y a une chose important que tu dois savoir, que les gens doivent savoir : j'aime un certain type de fado et je n'ai pas l'impression de chanter le fado. J'en suis proche. Mais je ne le chante pas. Enfin, seulement quand j'en ai envie. Donc, je ne peux pas être une héritière d'Amália. Mais il y en aura d'autres. Il y en aura d'autres, c'est sûr.
Je remercie l'hôtesse d'accueil de l'Hôtel du Panthéon pour sa gentillesse. Je remercie Axel Cléman d'Universal Music pour sa disponibilité et sa grande sympathie. Enfin, je remercie Cristina Branco, pour sa bonne humeur, sa patience, sa franchise, ainsi que pour l'ensemble de son oeuvre musicale.