8/10Ashcroft (Richard) - Keys to the world

/ Critique - écrit par Filipe, le 06/02/2006
Notre verdict : 8/10 - Keys to the success (Fiche technique)

Après une apparition pour le moins inattendue aux côtés de Chris Martin et des siens dans le cadre du Live 8, Richard Ashcroft fait à nouveau parler de lui. En un peu moins d'une dizaine d'années, l'ex-frontman du groupe The Verve a su s'imposer comme l'un des auteurs et compositeurs les plus inspirés de sa génération. Le même Chris Martin, leader un groupe Coldplay, n'hésite pas à le qualifier comme étant le meilleur d'entre tous, se faisant ainsi l'écho d'un certain nombre d'artistes anglo-saxons, parmi lesquels le cultissime Noël Galhagher. Le fait est qu'au patronyme Ashcroft, l'on associe désormais un peu plus de sept millions d'albums vendus à travers le monde...

On le dit anxieux et sujet aux changements d'humeur les plus incongrus. Sur la pochette de l'album, son air désabusé ne laisse pas indifférent. Les apparences ne trompent pas : ce Keys to the world est fait du même romantisme et du même désenchantement que ses prédécesseurs, Alone With Everybody (2000) et Human Conditions (2002). Ashcroft se pose toujours autant de questions au sujet de tous ces gens qui l'entourent ou lui font face. Musicalement parlant, il s'agit là d'un bel hommage à la musique anglaise d'hier et d'aujourd'hui.

On ne pouvait rêver plus belle introduction que ce Why Not Nothing ?, où interprétation et mélodie rivalisent de dynamisme et de créativité. C'est à partir d'un sample de l'inénarrable Curtis Mayfield qu'Ashcroft s'essaye alors à la soul. Le résultat est à la hauteur de ses ambitions : son Music Is Power est à tomber. S'en suit l'excellent Break The Night With Colour, qui est à la fois le premier single et le premier titre de l'album à avoir été écrit. Words Just Get In The Way fait partie de ces ballades intemporelles, qui parviennent à émouvoir aux larmes aux quatre coins du monde. Un timbre éploré, des textes d'une brillante simplicité, un refrain d'une efficacité à toute épreuve : la recette est ultra connue, et pourtant... La suite est un peu plus conventionnelle. Le titre Keys To The World ressemble fort à ce dont Richard Ashcroft nous avait habitué lorsqu'il était encore entouré de ses quatre comparses : Nick McCabe, Simon Jones, Pete Salisbury et Simon Tong. Et puis, même si Cry till the Morning, Why Do Lovers et World Keeps Turning bénéficient de mélodies bien à elles, toutes trois ont également hérité des mêmes fragilités au niveau des textes ("life is tough and love can be hard", "the world keeps turning, everybody's learning"). D'un côté, il est évident qu'elles ne soutiennent pas la comparaison avec un titre comme The Drugs Don't Work. Mais d'un autre côté, un Robbie Williams rêverait de pouvoir en interpréter d'aussi belles... Enfin, cet album démontre à qui veut l'entendre qu'un esprit aussi torturé que celui d'Ashcroft sait aussi se montrer attentif au plaisir des choses simples : en atteste ce Sweet Brother Malcolm, qui ne doit sa somptuosité qu'à une voix et un jeu de cordes un peu particulier.

Richard Ashcroft nous promettait un album "ramassé, des morceaux efficaces, plus urgents". Il nous livre une panoplie de ballades, dont la qualité oscille entre celles de la période "The Verve" et celles de son premier album solo, Alone With Everybody. Autant dire un ensemble de très haute facture, que les amateurs de pop sauront apprécier à sa juste valeur. Ce Keys to the world me fait dire que les vrais compositeurs ne disparaissent jamais vraiment.


01. Why Not Nothing ?
02. Music Is Power
03. Break The Night With Colour
04. Words Just Get In The Way
05. Keys To The World
06. Sweet Brother Malcolm
07. Cry Til The Morning
08. Why Do Lovers ?
09. Simple Song
10. World Keeps Turning