Yseult, au gré de ses désirs
Musique / Critique - écrit par nazonfly, le 11/11/2020 (Tags : yseult corps amour france tristan album coeur
Il se passe quelque chose dans la musique française. De jeunes artistes se lèvent et ont quelque chose à dire.
Yseult n’est pas vraiment une nouvelle venue sur la scène française. Finaliste de la saison 10 de Nouvelle Star, collaboratrice pour quelques titres avec Jenifer, Maurane ou Chimène Badi, participante à Aznavour, sa jeunesse, un album de reprises du chanteur de Je m’voyais déjà par la « nouvelle génération », elle a même sorti un album en 2015. Pourtant elle était largement passé sous notre radar avant que Corps ne nous entraîne avec lui dans l’univers d’Yseult. Corps était un sublime titre accompagné d’un non-moins sublime clip (regardez-le !). Alors on a voulu plonger dans le premier album de la jeune femme, pièce electro-pop assez mignonne qui n’accroche pas forcément l’oreille sur la durée. Pas étonnant qu’elle ait renié cet album qui ne lui ressemble apparemment pas.
En 2019, elle revient en indépendante, avec son propre label Y.Y.Y. pour plus de liberté et force est de constater qu’elle a quelque chose à dire et à transmettre. Rouge sort en mai 2019 et voit la jeune femme s’éloigner des gentilles bluettes pour un côté hip-hop plus audacieux. Mais c’est avec les 4 titres, tous parfaits, de Noir sorti en septembre que Yseult semble vraiment passer un cap porté par ce Corps qui atteint aujourd’hui les 4 millions de vues sur Youtube.
Yseul impose sa présence DR.
Un peu plus d’un an après, c’est le clip de Bad boy qui est dévoilé sur la plateforme de vidéos. Comme sur Corps, la voix douce et tranquille de Yseult est simplement accompagnée d’un piano qui magnifie des paroles évoquant un amour éphémère qui ne dure que « le temps d’une chanson ». Comme sur Corps aussi, le clip est aussi marquant : Yseult et l’artiste Ichon y débordent de sensualité dans un clair obscur infusé de sado-masochisme et de shibari. L’ensemble est une véritable invitation à l’éveil des sens, à l’amour dans tout ce qu’il a de plus brut. Brut est d’ailleurs le nom du prochain EP d’Yseult (à sortir le 20 novembre). Six titres dont le thème principal est le sexe comme s’il fallait casser le côté un peu gnan-gnan de son premier album. La fille aux tresses et à la robe blanche de La vague a laissé place à une femme à la chevelure libérée, au corps exposé et à la sexualité assumée. Brut s'ouvre sur Indélébile qui reprend la formule si efficace d’un piano laissant une grande place à la voix si particulière d’Yseult, parfois grave et chaleureuse, parfois aiguë et fragile, à la limite de la cassure, de la brisure. Mais Yseult ne se cantonne pas au duo piano/voix.
DR.
En effet, les basses de la bien nommée Sexe se mêlent à quelques notes de synthé pour donner à ce rodéo lascif une atmosphère empreinte d’un érotisme latent. Cette ambiance est peut-être encore plus prégnante sur Néon rouge que l’on imagine diffusé au fond d’un bar poisseux, suintant où les corps, les caresses et les baisers s’échangeraient sans pudeur. BB et 101 regrets sont peut-être moins évidentes : la première est peut-être la plus explicite sans être la plus sensuelle, la faute peut-être à un rythme plus envolé, plus lumineux, trop lumineux. Si Néon rouge représente l’amour charnel, crapuleux des arrière-salles, BB serait l’amour beau et étincelant, tellement parfait qu’il en serait décevant. Enfin 101 regrets sur laquelle S Pri Noir vient poser sa voix raconte une histoire classique de rupture sur un fond musical hip-hop plutôt chill et classique.
Finalement Brut n'est justement pas tellement brut. Comme un diamant, il a été travaillé et ses facettes renvoient des éclats lumineux ou plus sombres, le tout au service d'une sensualité que semble explorer avec bonheur Yseult.
En écoute, Bad boy
La critique en 140 caractères :
Avec son troisième EP, Brut, Yseult explore ses désirs, désirs charnels, désirs musicaux, désirs artistiques pour notre plus grand bonheur.
Yseult – Brut
01. Indélébile
02. Sexe
03. 101 regrets (feat S Pri Noir)
04. BB
05. Néon rouge
06. Bad boy