Wir Sind Helden - Interview

/ Interview - écrit par Loic, le 23/05/2006

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Interview de Wir sind Helden

Krinein : Bonjour ! Alors vous êtes très connus en Allemagne mais pas encore en France (pour le moment). Pouvez-vous rapidement vous présenter à nos lecteurs qui ne vous connaissent pas ?
Jean-Michel : Nous sommes Wir Sind Helden, Mark Tavassol, Judith Holofernes, Pola Roy et moi Jean-Michel Tourette, un type avec un nom français mais incapable de le parler. Nous étions 3 à l'origine en 2000 puis Mark s'est joint à nous en 2004. C'est à cette date que l'histoire du groupe a commencé. On jouait ensemble, on faisait quelques représentations et on a décidé d'enregistrer un EP de 5 chansons paru grâce à notre éditeur. Ce qui était surprenant est que ça soit diffusé sur des radios étudiantes et d'autres plus importantes, dont la chanson Guten Tag. On a ensuite décidé de faire une vidéo de cette chanson, avec quelques amis et les moyens du bord. Et chose encore plus surprenante, le clip est passé sur MTV ! Ce fut le début de notre carrière. A toi Pola !
Pola : Ok tu me passes le micro ! Donc par la suite on a eu l'opportunité de choisir notre maison de disque car on avait un petit hit, ce qui n'est pas très courant dans le métier ! On a pu choisir la façon dont on voulait faire les choses sans être bridés par la maison de disque, et on a donc enregistré notre premier album (NDLR : Die Reklamation) qui a été un succès en Allemagne. Ceci nous a permis d'enregistrer notre 2ème album (NDLR : Von Hier an Blind) et voilà, nous sommes ici! On a décidé cette année de jouer dans d'autres pays, comme la France...

A présent, vous êtes en France et j'ai entendu dire que vous alliez bientôt sortir un album qui serait une compilation de plusieurs de vos chansons. Pourquoi ne pas juste rééditer vos albums ?
Judith : Nous avons pensé à les sortir en France tels quels mais nous avons enregistré 3 chansons "cadeaux" en français et en plus, on ne voulait pas submerger le public avec nos 2 albums en disant « voilà nos 2 albums, nos 3 chansons en français ». C'est pourquoi on a fait une compilation à partir de nos 2 précédents. En plus, notre 3ème album arrive et si cette compilation sort en même temps en Allemagne, ça risque d'être un peu perturbant.

Vous allez bientôt sortir vos 3ème albums en Allemagne ?
Jean-Michel : Pas tout de suite mais dans 1 an ou 1 an et demi. C'est peut-être un peu court pour sortir un nouvel album, c'est quand même un sacré travail !
Pola : Vous savez, nos 2 albums sont pas tops alors on a décidé de réunir le meilleur des 2 pour la France (rires)
Mark : Si on avait pu sortir quelque chose en France dès le début de notre carrière, on l'aurait fait. Mais là, il n'y a pas de raison de se presser.

Comment avez-vous choisi les chansons pour cette compilation ? On sait qu'il y en a 3 en français pour choisir le reste, aviez-vous une liberté totale ?
Jean-Michel : Oui, personne n'est derrière notre dos pour nous dire quoi faire. Toutes les chansons choisies l'ont été d'un commun accord avec les membres du groupe. On a pris les titres clés de notre répertoire avec bien évidemment les singles sortis en Allemagne
Mark : On a choisi les chansons qui passaient en radio parce qu'on considère que ce sont les chansons qui nous représentent pour l'instant.
Judith : On a aussi décidé d'inclure d'autres chansons moins connues pour montrer au public notre univers de façon plus large, et des chansons dans la langue du pays.

Est-ce que cette compilation sortira en Allemagne ?
Le groupe : Non.

Parce que vous avez un tel succès qu'il y a sûrement des imports de la France vers l'Allemagne !
Pola : Oui pour nous, c'est une idée très sexy d'avoir des ré-imports ! (rires)
Judith : Ouha un album FRANCAIS !!
Mark : Comme les stars mondiales ! Des ré-imports d'albums de Scorpion... (rires) 

J'aimerais parler à présent de vos 3 chansons en français ? Quand les avez-vous enregistrées et comment avez-vous choisi quels titres adapter ? Je crois qu'il y a 2 chansons de votre 1er album et une du second, c'est bien ça ?
Judith : C'est assez récent, on les a enregistrée 3 mois auparavant. L'idée est quelles chansons peuvent fonctionner en français parce que ce n'est pas le cas avec toutes, à cause de la structure etc. Et bien évidemment nous voulions Aurélie parce que c'est tout bonnement une chanson à propos de la France et de l'Allemagne !

Et c'était votre idée d'enregistrer des chansons en français ?
Judith : Oui, ça nous tenait à coeur.


Comme je l'ai dit, vous êtes des grandes stars en Allemagne...
Le groupe : (rires)
Pola : Des grandes stars du rock !!
Krinein :...avec tout ce qu'il faut de groupies un peu partout...
Mark : Bien sûr !
Jean-Michel: Des rocks stars mais avec des racines punk
Pola : Des rocks stars très cool et stylées...

... et vous recommencez tout à nouveau en France, vous jouez dans une petite salle. Quel est votre état d'esprit ? Avez-vous peur de ne pas trouver votre public ou au contraire trouvez-vous ça excitant de devoir reconquérir un nouveau public ?
Mark : Nous ne sommes pas obsédés par l'idée d'avoir un énorme succès dans un pays autre que l'Allemagne. Ok ça fait partie de notre job de se faire connaître etc mais nous aimons aller voir ce qu'il se passe ailleurs, et que les salles soient petites ou pas, le plus important est de le faire tant que c'est possible et c'est suffisant pour nous satisfaire. Vous savez, il y a beaucoup de groupes allemands qui chantent en anglais et pour eux, aller dans un nouveau pays est plus facile car l'anglais est considéré comme la langue qui passe à la radio. Ce n'est pas le cas avec l'allemand et nous savons que pour nous, c'est totalement différent.

Rammstein connaît un grand succès en France, pensez-vous qu'ils aient ouvert la voie pour d'autres groupes chantant en allemand ?
Pola : Je respecte Rammstein mais je pense que nous n'avons pas grand-chose à voir avec eux. Donc je ne sais pas si on peut nous comparer. On ne fait pas ça pour suivre le chemin, on veut juste essayer quelque chose de nouveau. En Allemagne, on joue sur des grandes scènes et c'est agréable de retourner à quelque chose de plus intimiste. De plus, ça nous permet de rester frais, intelligent et dynamique ! (rires)

Quand un groupe étranger essaie de conquérir un nouveau pays, il essaie souvent d'enregistrer des chansons dans la langue du pays, comme vous avez fait. Mais parfois, il préfère un duo avec un artiste ou un groupe du pays en question. Si vous pouviez choisir un groupe français, lequel choisiriez-vous ?
Judith : Louise Attaque, j'aimerais bien. Et je ne sais comment ils sont vu en France en ce moment à cause des événements tragiques les concernant, mais avec Noir Désir, ça me plairait aussi. Je ne suis pas très très au courant de tout ce qui passe en France, mais de ce que je sais d'Allemagne, j'aimerais vraiment faire un duo avec Louise Attaque. Ils ont un peu une histoire similaire à la nôtre.
Pola : Nous aimons aussi. Phoenix : Je ne pense pas qu'ils soient très connus en France mais ça serait intéressant.

Mise à part la France, dans quels autres pays voudriez-vous jouer ?
Judith : En Pologne. On devait jouer là-bas mais ça a été annulé car notre concert était trop proche de l'anniversaire de la mort du pape et ça aurait été mal vu.
Mark : On a complètement oublié ce détail... On a joué en Hollande aussi, à Amsterdam, aujourd'hui à Paris, au Danemark aussi à Copenhague... C'est le genre d'endroit où on aime jouer, tant que ça sera possible bien sûr.

Aujourd'hui vous jouez dans un petit show case...
Judith : On ne l'appelle pas comme ça, c'est plutôt un petit concert. On n'aime pas faire de show case à proprement parler...
Pola : On a invité pas mal de français et ça ne sera pas un show case. Ca sera un concert punk/rock !!
Judith : On a déjà un fan club français et on les accueille aujourd'hui pour le concert, ils doivent être 300 environs.
Mark : Et puis malgré notre pochette d'album très soft, on continue à tuer des poulets sur scène, des rats, des animaux !

En parlant de la pochette, j'aimerais parler de son graphisme qui ressemble fortement à Tintin ! Pourquoi avoir choisi ce style ?
Judith : C'est un des choix les plus faciles qu'on a fait car rien n'est facile dans ce groupe quand il faut se mettre d'accord. Nous étions convaincu qu'il fallait un style simple et épuré, un peu "old school" et pas avec des gros nez comme maintenant (rires)

Voulez-vous revenir en France et pour un vrai concert, jouer sur une vraie scène où le public paierait son ticket ? Vous avez déjà prévu de tels concerts ?
Judith : Oui bien sûr! Mais dans un premier temps, il nous faut trouver storebooker en France, ce qui n'est pas si facile car personne ne nous connaît.
Mark : Oui, on aimerait vraiment. Peut-être que nous aurons des contacts ici ou là, on y travaille. Dans tous les cas, nous sommes venus ici parce que nous le voulions et nous aimerions revenir. On pourrait par exemple aider un groupe français en Allemagne et il nous rendrait la pareille, un peu comme un programme d'échange étudiant !
Judith : Peut-être que nous jouerons dans des festivals aussi.

Les eurockéennes, ça serait bien, ce n'est pas très loin de l'Allemagne, vous auriez un public garanti !
Pola : Tout à fait mais il faut qu'ils nous invitent d'abord ! On ne peut pas s'imposer comme ça (rires).

J'en viens à ma dernière question. En France, il y a un grand débat politique à propos des téléchargements de musique sur internet. Quel est votre point de vue à ce sujet ?
Mark : C'est difficile de se prononcer car notre histoire est en partie due aux téléchargements et nous ne pouvons pas savoir si c'était légal ou illégal car avant de signer avec une maison de disque, nous avons envoyé beaucoup de démos à un grand nombre de personnes. Tout ceci a fait que, quand nous sommes allés dans le sud de l'Allemagne, nous avions des centaines de spectateurs sans même avoir sorti de CD ! On ne peut pas sous-estimer le pouvoir de diffusion d'internet, même si les maisons de disque disent « oui mais ils n'ont pas payé ». Sans tomber dans les extrêmes, je pense que c'est une bonne façon de se faire connaître. Les Arctic Monkeys par exemple ont largement diffusé leur musique sur internet et sont devenus célèbres de cette façon, à en devenir un effet de mode mondial. Donc les gens qui téléchargent sans payer ne devraient peut-être pas le faire, peut-être... ou simplement acheter ensuite l'album si la musique leur plaît.
Pola : Il faut garder à l'esprit que les groupes peu connus font confiance à internet pour diffuser leur musique, pas les grands groupes évidemment. C'est un point très important.
Mark : Je pense que de nos jours, il serait possible de se passer d'une maison de disque tout en vivant de sa création, de ne pas respecter les étapes habituelles comme les Arctic Monkeys. Il est possible de diffuser la musique sur internet, et de cette façon, les artistes deviennent de plus en plus connus, les concerts de plus en plus grands et les billets de plus en plus chers. En théorie, tout ça est possible. On doit trouver un compromis parmi toutes ces idées.


Nous tenons à remercier les membres du groupe pour leur disponibilité et leur gentillesse, ainsi qu'Emmanuel de chez Labels sans qui nous n'aurions pas pu rencontrer le groupe.