7/10Blackout (I) de Viktor and the haters, du rap à la mode bourrine

/ Critique - écrit par nazonfly, le 06/12/2019
Notre verdict : 7/10 - Metrashal (Fiche technique)

Jamais où on l'attend, Viktor n'est plus attendu. Mais cet Blackout (I) est un album des plus sympathiques mêlant des instrus claquées et un flow de fou.

Si l’on s’en réfère à Wikipedia, le « rap se caractérise par sa diction très rythmée (notamment beat, scratching, échantillonnage) et en rimes, le plus souvent une succession de couplets séparés par des refrains ». Dans ce cadre, en fan d’abord de rock et de metal, j’ai toujours trouvé dommage que le rap se contente d’instrus jazzy, funk, soul, voire electro chill… Certes quelques illustres groupes sont parvenus à mêler l’énergie dévastatrice de la guitare avec la puissance torrentielle du flow : on pense évidemment en premier lieu à Rage Against The Machine, Bodycount, voire à des expériences comme Zone Libre. Mais ce crossover entre deux mondes qui se haïssent plus qu’ils ne s’aiment reste assez rare.

Aujourd’hui, tadam, voit la sortie justement d’un album mêlant allègrement rap et guitares électriques : Blackout (I) du jeune groupe Viktor and the haters. L’histoire, ou en tout cas la promo, nous dit que le rappeur Viktor a rencontré les Haters au cours d’une nuit passée à discuter de Bukowski (l’écrivain et pas le rappeur sans doute) et Despentes. Ces haters sont issus de groupes aussi connus et divers qu’Hushpuppies, Assassin, Cheveu, Miossec ou Bashung… Autant dire que venant d’horizons aussi variés, les membres du groupe ne pouvaient rester sagement à leur place bien classés dans les catégories des disquaires.


DR.

Malaise malsain

Les premières mesures de Ici ça brûle, premier titre du skeud et aussi l’un des plus réussis, posent clairement le décor : une electro puissante, une guitare distordue au possible et des beats pesants associés à un flow fracassant. Ça claque, ça tabasse et ça donne envie de secouer lourdement la tête et de lever le poing en gueulant de concert avec Viktor « Ici ça brûle ». Si on a franchement un peu de mal à saisir toutes les subtilités de lyrics qui partent dans tous les sens, on sent parfaitement la rage qui s’installe à chacun des 10 étages de cet immeuble à deux doigts de péter sous un cocktail molotov. Cette rage est explosive sur la majorité des titres mais elle peut être plus insidieuse, plus rampante comme sur Une vie de loup qui suinte le malaise malsain, sur Sous le même jour qui vomit sa bile sur la justice, la Nouvelle Star ou le réel, ainsi que sur Blackout, hypnotique scansion d’un prédicateur dédaigneux envers la vie et le monde sur des rythmes barbares déstructurés.

Évidemment il nous faut noter les deux gros moments du disque : Trasher l’époque, premier clip extrait de l’album, dont le flow, associé à la Grosse Bertha d’une instru electro-noisy ultra-dansante, mitraille à tout va . Il est physiquement impossible de ne pas céder à ce tube ultra-efficace : « j’sais pas si c’était mieux avant, j’ sais que c’est dégueulasse aujourd’hui ». Dans une approche plus punk et aussi plus drôle, comme une respiration dans la lourdeur d’un album sombre, Vive le fuck !!! n’est qu’un immense doigt dressé à la face du monde, un fuck goguenard et sans concession.

La release party de cet album rafraîchissant (si l’on peut dire) dans un paysage rap aux instrus un peu trop gentilles se fera au Nouveau Casino le 12 décembre. En attendant vous pouvez plus que jeter une oreille sur cet album sorti aujourd’hui !

En écoute : Trasher l’époque

La critique en 140 caractères : Guitare distordue, beats pesants, flow fracassant et lyrics énervés, Blackout (I) est un beau coup de pied dans la fourmilière

Viktor and the haters – Blackout

01. Ici ça brûle
02. N’être qu’une main
03. Une vie de loup
04. Collision
05. Trasher l’époque
06. Blackout
07. Bitch
08. J’dois être gueudin
09. Sous le même jour
10. Vive le fuck !!!