9/10Shivaree - Live

/ Critique - écrit par camite, le 19/06/2005
Notre verdict : 9/10 - Trouble everyday (Fiche technique)

Tags : shivaree you give live shot oughtta head

Arrivée au point de rendez-vous, pas de montre au poignet et donc aucune certitude quant à l'heure. Les grandes portes noires sont fermées mais apparemment personne n'attend derrière. Les intermédiaires ne viendront pas. J'avais calculé ma route pour les intercepter pile au bon moment, mais ce ne sera pas nécessaire. Reste donc à attendre que la belle se pointe, en me noyant anonymement dans la foule modeste mais globalement de bonne tenue. Faire semblant de lire un journal, ce genre de choses. Même pas un cent en poche pour siroter une bière d'ici là.

Finalement la voilà. Comme le laissaient supposer les photos, elle est d'une beauté fatale, de celles que l'on croise dans les films noirs ou dans les classiques, comme un nouveau Casablanca. Mais après le casse de sa première mission depuis une décharge, il s'agissait de se faire discrète. De dossiers rough dreams et masqués non parvenus jusqu'au Etats-Unis en Troubles interrogatifs, Ambrosia Parsley doit composer et manier l'oeillade discrète. Au premier abord, je ne suis pas certain que le tablier, tout fashion soit-il, lui aille à merveille. Je me rends pourtant rapidement à l'évidence, un rien l'habille.

Quatre solides gaillards composent la garde rapprochée de la jeune femme. Je ne me rendrai compte qu'après coup que ses deux acolytes habituels, McVinnie et McGough, ont préféré rester en Californie. Peu importe, car c'est elle qui m'intéresse. Ses souvenirs, ses confidences, ses blagues. "Avant de venir en France, je suis allée voir un professeur vivant dans les bois pour apprendre un peu votre langue. Je me suis retrouvée au milieu d'une classe d'enfants, et il nous faisait faire des exercices de gymnastique au tableau. Je me sentais un peu stupide". Elle me parle de son président, de "la façon" dont elle voudrait "le torturer avant de la jeter dans une prison", demande à son traducteur d'un soir de me rapporter l'histoire sordide qui lui a inspiré une chanson.

"Tu ne bois pas beaucoup, tu ne fumes pas non plus ? Peut-être plus tard. Peut-être pas". Je ne peux que sourire bêtement devant l'air faussement ivre dont elle joue. "Donne moi du hasch et je te chante Stairway to Heaven !" Le hasch, ça fait longtemps que je n'en trimballe plus sur moi. Mais Ambrosia est contente malgré tout. "J'adore mon pays, mais ils ne t'offrent jamais le repas quand tu joues dans un club". Car c'est bien pour ça qu'elle est venue, officiellement. Son tour de chant, charmant et intime, au bar, convoque la plupart des morceaux du dernier opus, dont les très bons I Close My Eyes et The Fat Lady of Limbourg. Quelques autres des précédents, comme Gone Too Far ou Bossa Nova, et évidemment l'incontournable Goodnight Moon. En c(h)oeur et en rythme, nous reprenons quatre fois. Sourire aux lèvres.