8/10Ronny and Clyde, quand Tom Waits fricote avec Brassens

/ Critique - écrit par Hugo Ruher, le 20/08/2013
Notre verdict : 8/10 - Du bon blues français ça existe (Fiche technique)

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Ronny and Clyde… un nom un peu étrange pour un groupe. Peut-être un duo fusionnel à la Cocoon ou dans le style White Stripes… Et bien en fait non, il s’agit d’un groupe de blues français formé de quatre musiciens et qui ont sorti leur premier E.P intitulé Fleurs de peau.

Avant de se plonger dans le disque, étudions un peu l’univers du groupe formé en 2011 dans la ville rose… Toulouse. Oui, je précise car on me signale dans l’oreillette que Krinein est en grande partie fréquenté par des Parisiens qui ne connaissent pas les douces appellations du Sud… mais je m’égare. Bref, Ronny and Clyde c’est un projet formé autour de Gilles Pedoussaut, nourri depuis 50 ans au Tom Waits et au Leonard Cohen. Il est accompagné de trois jeunes musiciens tout droit sortis du conservatoire de Toulouse, ce qui forme un petit quartet guitare/contrebasse/violoncelle/batterie.

Leur musique est avant tout influencée par le blues, ce qui se retrouve notamment dans la voix rauque de Gilles, mais on trouve aussi des séquelles de la chanson française à texte à l’instar de Loïc Lantoine ou Mano Solo. Le mélange donne une forte identité au groupe et, loin d’un catalogue d’hommage, l’E.P se révèle être une superbe plongée dans l’univers de Ronny and Clyde.

 

Black cat eyes

Le disque commence avec Black cat eyes, une entrée en matière impeccable avec une intro instrumentale de toute beauté qui nous met dans l’ambiance. Une ambiance sombre et lourde qui commence timidement pour finir avec une sorte de majesté lorsque la voix s’élève et porte la musique.

La composition n’aurait pas été reniée par Tom Waits et on se laisse porter dans toute l’imagerie blues qui va avec. Une belle réussite qui happe l’auditeur et dont le refrain reste en tête longtemps après.

 

Les SDF des bancs publics

Le prochain morceau est en français. Il s’agit d’une reprise surprenante des bancs publics de Brassens, qui sont ici occupés par des SDF. Beaucoup plus dynamique, la voix est ici largement mise à l’honneur. Rugissante et vive, on pense davantage à du Loïc Lantoine en plus énervé (ce qui n’est pas difficile il faut l’avouer…) et on oublie rapidement le gentil moustachu devant tant d’originalité.

Ce type de composition promet le meilleur en live devant l’énergie dégagée. Encore une fois, l’ambiance reste très « blues » avec l’évocation de la rue et de la misère mais avec une tonalité plus engagée et militante. Un bel hommage à Brassens.

 
Ronny and Clyde sur scène.

 

Darkened room

Ce morceau, beaucoup plus sombre, rappelle davantage Nick Cave ou, en plus récent, Jack the Ripper. La voix est toujours puissante, mais cette fois, elle se révèle également plaintive et douloureuse. Du coup, l’ambiance de ce morceau est beaucoup plus sombre et mélancolique, ce qui n’enlève rien à l’énergie dégagée par l’ensemble.

 

Tom Waits Tribute

L’E.P se termine sur Tom Waits Tribute, un hommage un poil plus dansant avec un banjo omniprésent et des chœurs de marins pour une ambiance à la limite de la country. Enfin, si la country avait fini bourrée dans un bar irlandais… mais encore une fois, je m’égare.

 L’ensemble du groupe prend manifestement un plaisir fou sur cette dernière composition mais plutôt qu’un long discours, je vous laisse découvrir ce morceau dans la vidéo ci-dessous réalisée par l’équipe de Toulouse Acoustics. Allez faire un tour sur leur site pour d’autres belles découvertes.

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Et pour conclure sur Ronny and Clyde, l’E.P réussit le pari difficile d’être à la fois varié au niveau des influences choisies tout en étant cohérent dans l’univers développé. Une belle découverte qui donne envie d’en entendre davantage. Plus d'infos par ici.

Ronny and Clyde - Fleurs de peau

1 - Intro Black cat eyes

2 - Black cat eyes

3 - Les SDF des bancs publics

4 - Darkened room

5 - Tom Waits tribute