Pollyanna - Interview du 8 juin 2008

/ Interview - écrit par wqw..., le 16/06/2008

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A l'occasion de la sortie de leur deuxième album, On Croncrete, David et Isabelle de Pollyanna se confient le temps d'une longue interview automatique.

INTERVIEW AUTOMATIQUE
de David et Isabelle de Pollyanna

David et Isabelle (Pollyanna)
David et Isabelle (Pollyanna)
01. Quelle est cette dernière œuvre?
Isabelle :
Notre deuxième album, On Concrete, sorti en mai sur le label folk parisien (mais quasi franco-américain) Waterhouse.

02. Comment en êtes-vous venus à bout ?
David : L’accouchement a été bien long, presque laborieux, quelques jours d’enregistrement et des mois de mixages… le contraire eut été peut-être plus judicieux, mais nous sommes contents du résultat et il n’y a rien à regretter.
Isabelle : Douze titres rodés sur scène, lors de nos concerts en France, chez nos voisins européens et même aux Etats-Unis, que nous avons soigneusement chouchoutés en studio avec Stéphane Garry de Pokett.
David : L’espace-temps musical est bien ingrat ; les périodes s’étirent et on doit porter pendant des mois, des années, une histoire écrite depuis longtemps, si loin et si proche, c’est un sentiment plutôt étrange.

03. Quel est le cadre idéal pour en profiter pleinement ?
Isabelle : On aurait envie de dire : sur les fauteuils élimés de la photo (sourires) (ndr : pochette de l’album) bon, sinon… J’adore écouter de la musique en marchant dans la rue, c’est donc une idée. Ou chez soi, dans son salon, ou en s’endormant… Ce sont des chansons assez douces, pour des moments recueillis, voire mélancoliques, mais pas désespérés.

Mains et outil de création de David
Mains et outil de création de David
04. Que pourrait-on encore en dire ?
J’espère que ce disque est chaleureux, avec plein d’instruments différents, plus ou moins petits. Il est minimaliste, mais avec plein de petites pensées, de petites attentions. J’espère donc qu’on peut donc l’écouter de plusieurs façons, en fonction de son humeur. L’anglais est bien pour ça : on peut ne l’écouter que d’une oreille, mais on peut aussi s’en servir pour dire des vrais trucs.
David :  Je pense au contraire qu’il faut y prêter grande attention, du moins aux premières écoutes. On a conçu ce disque avec soin et il serait dommage de ne pas en saisir les subtilités, quasiment inaccessibles sur les lecteurs en ligne, type Myspace. Il faut profiter de l’existence (précaire et menacée) du support physique qui permet encore une relative qualité d’écoute. L’ère numérique favorise la diffusion, l’offre et la découverte, mais entraîne inexorablement une sorte de paresse auditive. On accumule et on passe facilement à côté des disques les plus exigeants. Je lutte moi-même au quotidien contre ma forte inclinaison au zapping ! D’accord pour écouter On Concrete d’une oreille, mais seulement une fois qu’on l’aura apprivoisé et qu’on en aura perçu les aspérités (c’est l’autre oreille qui y gagnera).

05. Pouvez-vous nous raconter une journée créative ?
Les journées passent mais ne se ressemblent pas, la création est souvent fainéante, parfois urgente.
Isabelle : Pour moi : lever pas trop tard, prendre des nouvelles du monde, m’occuper de mon petit chez moi et puis rêvasser avec ma guitare, écrire, pour ne sortir que l’après-midi, et faire ce qu’on doit faire alors : travailler jusqu’à tard le soir, faire de la musique, sortir, rencontrer les autres.

06. Quel est le dernier cadeau que vous avez reçu ?
Des fleurs, et d’ailleurs ça me change des trucs à manger et à boire.
David : Des trucs à manger et à boire, ça me change des fleurs !

Mains et outil de création d'Isabelle
Mains et outil de création d'Isabelle
07. Pourquoi verseriez-vous des larmes ?
Isabelle : Pour des grandes émotions, la tristesse ou la joie. Parce qu’on a perdu quelqu’un ou bien parce qu’au contraire, on l’a rencontré. Pour s’exprimer. Et, aussi, il m’arrive d’être émue comme une petite Thérèse d’Avila de la chanson, en écoutant un truc joli.
David : Pour la beauté du geste.

08. Il y a des gens que vous aimez dans ce métier ?
Isabelle : Plein. J’y ai rencontré peu de gens mauvais. Des narcissiques, des fashionistas à moitié débiles, mais pas de gens vraiment dangereux, ce qui est assez rare, quand on y pense. Et c’est fou le nombre de talents qu’on trouve, souvent méconnus. Je pourrais n’écouter que des disques d’amateurs : il y en a beaucoup qui rivalisent avec les plus grands. Sinon, c’est bête à dire, mais dans ce milieu, on ne peut pas exister seul.
David : Effectivement, il est assez difficile de savoir qui est vraiment du métier (je dirais plutôt de la partie), mais à n’importe quel niveau de la chaîne, beaucoup sont plutôt sympathiques malgré ce qu’on peut parfois en percevoir. L’ego le plus guerrier le dispute souvent à une vraie sensibilité et une croyance sincère en son art. Même les plus cons et les plus snobs peuvent être honnêtes et vaillants quand il s’agit de leur musique, c’en est assez touchant.

09. Pouvez-vous nous parler d’un endroit où vous vous sentez bien ?
Isabelle : Les grandes villes occidentales. Londres par exemple : j’y ai passé tellement de temps à des âges très différents (l’enfance, l’adolescence), que lorsque j’y suis retournée, récemment, j’avais l’impression de revenir au pays… Les odeurs, les accents, tout était familier. Pour des raisons similaires, j’aime aussi Brooklyn : ça me rappelle beaucoup l’est parisien, où j’habite. Les gens font les mêmes boulots, ont les mêmes rêves de gloire, les mêmes exigences alimentaires, les mêmes références culturelles, les mêmes colères politiques. On prend l’avion et on a juste l’impression d’avoir fait trois stations de métro… c’est amusant.
David : Oui, cette uniformisation des cultures et des civilisations est irrésistible, amusante ou triste, qui peut le dire ? Moi aussi je me sens bien dans ces villes ; on est de profonds urbains, quoi qu’on en dise, même si l’ailleurs et son herbe plus verte sont toujours préférables !