7/10Pierre Lapointe, seul avec un piano

/ Critique - écrit par nazonfly, le 17/03/2011
Notre verdict : 7/10 - Différent de Bobby (Fiche technique)

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Après quelques titres de chauffe, Pierre Lapointe et son piano magique parviennent à emmener l'auditeur dans leur monde, triste, mélancolique et, plus rarement, drôle. Seul au piano est sans doute un bon album pour découvrir ce chanteur québécois.

Entre vous et moi, parlons franchement. De Pierre Lapointe, je n'avais jamais entendu parler avant de mettre ce CD promotionnel dans le lecteur. Mon premier réflexe a d'ailleurs été d'aller vérifier que ce Pierre-là n'était pas le fils de Bobby du même nom, énième énervant fils de. Et puis non, il n'en est rien. Pierre Lapointe est québécois et a déjà dix ans de carrière professionnelle derrière lui ! Fort de ce CV imposant, il lance donc un album live dans le but, d'après l'artiste, d'offrir à son public un album intime et personnel. Tellement intime qu'il ne se cache derrière aucun paravent, qu'il ne se camoufle derrière aucun big-band et qu'il se livre simplement accompagné de son piano.

Pierre Lapointe, seul avec un piano
Seul sur une chaisePour ne rien vous cacher, cher public adoré de Krinein, une légère appréhension m'étreignit avant d'appuyer sur la touche de lecture. Il faut dire que le Québec ne semble pas volontiers nous exporter ses meilleurs artistes et qu'au contraire, nous devions supporter les pires. Quelques notes de piano ouvrent l'album avant qu'une voix calme et douce, au léger accent, se pose sur les touches noires et blanches. Pierre Lapointe chante Le lion imberbe et c'est un frisson étrange qui me recouvre : la joie d'entendre une belle chanson, chantée par un bel organe et la peur que cette voix s'élève et monte désagréablement dans les aigus comme savait si bien le faire Balavoine. À dire vrai, les premiers titres, Ces étranges lueurs / Le magnétisme des amants, Les vertiges d'en haut et donc Le Lion imberbe, sont loin de nous emmener avec eux.

Et puis presque brusquement le déclic se fait et tout se met en place, comme si Pierre Lapointe avait dépassé un certain trac pour donner pleine mesure de son talent. 27-100 rue des Partances touche ainsi directement au cœur grâce à la voix mélancolique du chanteur et son accent incomparable. Une voix qui se marie évidemment à la perfection avec la nudité délicate du piano pour former Pierre Lapointe, seul avec un piano
Seul au piano
un duo à la douceur angélique, parfois attendrissant, souvent triste mais toujours d'une beauté de cristal. Ou presque. Certains titres, comme Les sentiments humains ou Les lignes de la main, semblent ainsi un peu en retrait par rapport au reste de l'album. Mais c'est certainement pour qu'on puisse mieux apprécier des morceaux comme Maman ou Deux par deux rassemblés qui s'enracinent profondément dans la mémoire avec des paroles désenchantées et néanmoins entêtantes et laissent l'auditeur dans un état de tristesse, de mélancolie.

Pourtant, et c'est là le plus étonnant, Pierre Lapointe sait aussi manier l'humour et faire des chansons plus joyeuses, plus dansantes. C'est ainsi que Seul au piano se clôt par Reine Émilie, Au bar des suicidés et La boutique fantastique qui s'échappent de ce gris carcan que le Québécois avait construit patiemment au cours des l'album. On entend d'ailleurs le public rire volontiers et hurler comme une foule en délire et l'on se dit que ce concert devait être assez unique. Une belle manière sans doute pour Pierre Lapointe de célébrer ses dix de carrière et un bel album pour découvrir cet auteur talentueux.

Pierre Lapointe – Seul au piano
01. Le lion imberbe
02. Ces étranges lueurs / Le magnétisme des amants
03. Les vertiges d'en haut
04. 27-100 rue des Partances
05. Moi, Elsie
06. Maman
07. Nous restions là
08. Deux par deux rassemblés
09. De glace
10. L'amour solaire
11. Tous les visages
12. Les lignes de la main
13. Les sentiments humains
14. Reine Émilie
15. Au bar des suicidés
16. La boutique fantastique