6/10Peter Gabriel - Big Blue Ball

/ Critique - écrit par athanagor, le 13/01/2009
Notre verdict : 6/10 - Petite boule rose (Fiche technique)

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Les studios Real World, sanctuaire de l'artiste-producteur Peter Gabriel, ont vu passer nombre d'artistes du monde entier. En voici des extraits, de 1991 à 2007.

Peter Gabriel, en plus d'être un artiste fort talentueux, est également un producteur de musique world. L'étant plus par amour de la musique que par amour du pognon bien gagné, il s'est donné les moyens de sa générosité en se montant sa petite maison studio, que tout le monde connaît (et si ce n'est pas le cas, vous allez le savoir) comme étant les studios de Real World dans le Wiltshire, Angleterre. Ce petit havre de musique a vu défiler nombre d'artistes d'influences diverses au cours des années, ce qui a souvent permis, en plus de fournir de l'inspiration à Peter Gabriel pour ses propres créations, de donner lieu à des rencontres musicales parfois inattendues entre artistes d'horizons à priori incompatibles. C'est le résultat de ces rencontres, de ces improvisations développées jusqu'à des titres construits que nous propose ici Peter Gabriel, avec cet album, dont le titre fait référence à notre bonne vieille planète bleue que, bien que différents, nous partageons tous. Entre nous si Peter Gabriel ne se réincarne pas en quelque chose de super cool, on peut tous laisser tomber.

Le mélange des genres offert par ces enregistrements qui se tinrent entre 1991 et 2007, malgré l'excellente intention de départ, ne se résout malheureusement que dans un intérêt très relatif. Cela commence pourtant comme la promesse d'une grande révélation, accueilli que l'on est par une chanson du maître (Whole Thing) en plein dans sa veine artistique habituelle, que l'on aurait bien vu dans un album solo, mais plutôt vers le milieu et pas à l'ouverture. En effet, il ne s'agit pas, à proprement parler, d'un album de Peter Gabriel, et une fois cette chanson passée, son univers si particulier disparaît au profit de ces rencontres musicales plus ou moins heureuses. Pourtant les premières mesures d'Habibe, le morceau suivant, chanté par Natacha Atlas, nous laissent espérer quelque chose d'enivrant et de fascinant, mais au final il ne survient qu'une mélopée pop arabisante un peu prévisible. S'enchaîneront des mélanges parfois audacieux, souvent convenus, et donc rarement surprenant, tels Shadow, où la guitare flamenca de Cañizares accompagne certes très bien les rythmes africains chantés par Papa Wemba et Reddy Amisi, mais dans une sorte de diplomatie musicale ouatée un peu ennuyeuse. Puis on trouve les habituels instruments celtique auxquels Peter Gabriel nous a habitué, comme le uillean pipes ou la Sinead O'Connor, mélangé avec des Vernon Reid (Living Color) et des flûtes chinoises, mais toujours dans cet esprit de non violence généralisée, qui handicape fortement l'album en n'en faisant finalement qu'un disque pop avec des samples world, où les samples sont joués en live. Rien de vraiment captivant donc.

Peter Gabriel en profite tout de même, en bon maître de cérémonie, pour nous distiller deux autres titres tout à fait dignes de sa personnalité et qui encourage à poursuivre l'écoute. Ainsi, il arrive un moment dans l'album où on ne sait plus trop quoi penser. Car bien qu'il ne s'agisse pas d'un album de Peter Gabriel, on ne peut s'empêcher de constater ceci : contrairement à ce que l'on disait plus haut, l'univers si particulier de l'artiste n'a pas complètement disparu. On a un peu l'impression d'entendre une suite de Ovo, comme un disque bonus avec uniquement les artistes invités, avec un mixage et une production encore et toujours calibrés sur le timbre de voix rocailleux si particuliers de Gabriel, soit cette sonorité feutrée qu'il a développée tout au long de sa carrière et qui ne colle véritablement qu'à lui. Au final, dans ce débordement altruiste plein de bonnes intentions, on finit par porter sur les artistes présents le regard que l'on porterait sur des intrus en train d'enfoncer leurs doigts dans le gâteau d'anniversaire.

Il y a toutefois un titre qui se dégage de ce carquois gabriellesque où s'engouffrent tous les autres pour ne sonner seulement que comme des invités : Jijy, sorte de délire rap endiablé enroulé dans des couches de samples apparemment hasardeuses et dans la voix survoltée du chanteur malgache Rossy, qui donne au morceau une véritable identité et une force qui le sort trois ou quatre têtes au-dessus de la mer d'huile où patauge un peu mollement le reste.

 

Peter Gabriel - Big Blue Ball

01 Whole Thing (Original Mix)
02 Habibe
03 Shadow
04 Altus Silva
05 Exit Through You
06 Everything Comes From You
07 Burn You Up, Burn You Down
08 Forest
09 Rivers
10 Jijy
11 Big Blue Ball