9.5/10Olivier Greif - Sonate de Requiem

/ Critique - écrit par wqw..., le 10/10/2006
Notre verdict : 9.5/10 - Cette lumière venue des profondeurs (Fiche technique)

Tags : piano greif olivier sonate musique requiem violoncelle

Sublimée par ces interprètes, son oeuvre sombre et pourtant lumineuse devrait trouver la place qui doit être sienne au Panthéon des compositeurs contemporains...

Olivier Greif (1950-2000)
Olivier Greif (1950-2000)
« Je n'ai autant composé de ma vie. Si je m'interroge pour découvrir les raisons de cette profusion, je comprends que c'est parce que je n'ai rien d'autres dans ma vie que la musique. Si je cesse de composer, je meurs. »
Décédé subitement à l'âge de 50 ans, le compositeur Olivier Greif (1950-2000) demeure relativement méconnu du public français. Restant toujours en dehors des guerres esthétiques qui ont marqué cette période, celui-ci et sa musique n'en demeurent pas moins complexes et déchirés.

Composée suite à la mort de sa mère, la Sonate de Requiem est une méditation qui s'inscrit aussi bien dans la perte de l'être aimé que dans la volonté de la présenter comme une étape qui n'est pas la fin de la vie, un voyage vers la contemplation... Longtemps en quête spirituelle, Greif se retirera d'ailleurs du monde de la musique pour un silence d'une dizaine d'année. Inventif comme jamais, son éloquence mélodique est permanente tout au long de ce cheminement, cette errance. Elle est une autre manière d'appréhender la mort, une expérience à elle seule. Les cordes d'Emmanuelle Bertrand et Antje Wiethaas sont habitées de cette présence fantomatique nécessaire à retranscrire au mieux cette partition d'outre-tombe, hantée de motifs, d'apparitions, d'hallucinations et autres échos...

Près de 20 après cette sonate, le Trio pour piano, violon et violoncelle prolonge par sa couleur, l'émotion et la gravité précédemment ressenties. Jouant sur les contrastes, il lie une violence primitive, des rythmes chaloupés à des douceurs, douleurs intenses qui ne sont pas sans évoquer Chostakovitch (pour qui il a, après Mahler, une réelle admiration) construisant ses quatre mouvements autour d'une cellule de quatre notes. Impression de désespoir absolu qui se dégage de De Profondis ou de cette Java, funèbre et déstructurée, pourtant l'espoir renaît toujours un peu... brièvement...

Cet album proposé par Harmonia Mundi révèle plus que jamais le talent d'écriture d'Olivier Greif. Sublimée par ces interprètes qui ont su en saisir l'âme, son oeuvre sombre et pourtant lumineuse, entre tension et déchirement, devrait trouver la place qui doit être sienne au sein du Panthéon des compositeurs contemporains... et l'auditoire qu'il mérite.

 

Olivier Greif - Sonate de Requiem

Sonate de Requiem op.283
pour violoncelle et piano (1979-1993)

01. Molto lento - Allegro
02. Notturno
03. Presto vivo - Più lento
04. Quasi cadenza

Trio / Piano Trio
pour piano, violon et violoncelle (1998)

05. De profundis
06. Java
07. Romanze
08. Alla breve