8/10Okkervil River - The Stage Names

/ Critique - écrit par Danorah, le 15/10/2007
Notre verdict : 8/10 - River of Delights (Fiche technique)

Tags : river okkervil stage names album titre rock

The Stage Names, ce sont neuf chansons comme autant de petits bonheurs musicaux à savourer avec délectation et un certain recueillement.

Quel point commun entre Shearwater et Okkervil River ? Aucun, si ce n'est que l'on retrouve dans le second deux membres du premier : Will Sheff et Jonathan Meiburg (ce dernier ayant la particularité de susciter chez l'humble auteur(e) de cette critique des pulsions adolescentes de groupie fanatique parfaitement assumées). Pourquoi, alors, mentionner Shearwater dans une critique d'Okkervil River ? Pour rien, si ce n'est pour combler un gigantesque manque d'inspiration introductive par du factuel et de l'anecdotique. Pour quelque chose de plus consistant, veuillez passer au paragraphe suivant.

Okkervil River
Okkervil River
2006 était l'année de Shearwater, avec le sublime Palo Santo. 2007 sera donc l'année d'Okkervil River, avec le (presque aussi) sublime The Stage Names. Neuf titres au tempérament bien trempé, et un charme à faire danser les ours (merci Flaubert). Il suffit pour s'en convaincre de se laisser séduire par le titre d'ouverture, Our Life is Not a Movie or Maybe. Rythmique très marquée, chant appuyé, accords de piano plaqués, le rock d'Okkervil River ne s'embarrasse pas de fioritures - ce qui ne signifie en aucun cas qu'il manque de délicatesse ou de sensibilité. Le mot d'ordre semble plutôt avoir été : aller doit à l'essentiel, arracher à la musique son essence la plus viscérale, mais avec retenue et doigté. Autrement dit : pas besoin de faire rugir les guitares et les cordes vocales pour faire de la musique avec ses tripes. Une voix ébréchée, des chœurs bien placés, des claviers bien choisis, des rythmiques bien ajustées, le tout soutenu par des guitares bien présentes mais pas trop envahissantes, s'en chargent tout aussi bien, si ce n'est mieux.

Okkervil River
Okkervil River
Partant de ce principe, les aboutissements sont multiples et globalement irrésistibles : A Hand to Take Hold of the Scene et sa petite section de cordes rehaussée de cuivres, eux-mêmes surmontés d'un chœur sautillant et de clappements de mains distille la joie et la bonne humeur, tandis que A Girl in Port dégage un petit quelque chose d'angélico-mélancolique qui vous chavire le cœur et les pensées. Plus Ones et son joli contre-chant égrené au piano n'est pas sans rappeler Shearwater (période Winged Life), et You Can't Hold the Hand of a Rock and Roll Man s'aventure sur un terrain un peu rétro-nostalgique et grandiloquent où l'on ne s'attendait pas à surprendre Will Sheff et ses acolytes.

Comme le laissait présager le titre de l'album, ce dernier s'achève dans un grand bouquet final, John Allyn Smith Sails, et sa conclusion exaltée conviant chœurs et cuivres qui s'en donnent à cœur joie. De quoi oublier un Savannah Smiles touchant (les paroles) mais un peu niais (la musique) et un Title Track (il fallait l'inventer...) qui peine à capter l'attention sur toute sa longueur.

Quel point commun entre Shearwater et Okkervil River ? disais-je. Le véritable point commun, le voici : la sensibilité. Chacun avec ses ficelles, et avec quelques unes en commun, les deux groupes tissent des chansons qui vont droit au cœur, sans passer par la case cerveau. Pas la peine de théoriser des heures sur le pourquoi du comment : The Stage Names, ce sont neuf chansons comme autant de petits bonheurs musicaux à savourer avec délectation et un certain recueillement.

Okkervil River - The Stage Names
01. Our Life is Not a Movie or Maybe
02. Unless It's Kicks
03. A Hand to Take Hold of the Scene
04. Savannah Smiles
05. Plus Ones
06. A Girl in Port
07. You Can't Hold the Hand of a Rock and Roll Man
08. Title Track
09. John Allyn Smith Sails