Nihouarn (Tristan) - Sauf erreur de ma part

/ Nihouarn (Tristan) - Sauf erreur de ma part (voir la critique Krinein)

Parcours initiatique bouclé, enfin prêt. Tristan Nihouarn offre de nouveau son visage émacié aux feux électrisés de la rampe qu’il semblait avoir désertés. Nouveau projet, solo : Sauf erreur de ma part. Bonne nouvelle.

Quinze ans dans le rétro, tout commence par un grisant chaos. Les maquettes, la première galette, Lambé an dro. Des mains qui se tendent, les premiers passages radio. Succès foudroyant, tourbillonnant. Les albums de Matmatah se succèdent, les kilomètres défilent, les salles se remplissent.

Grosse poignée d’années indés à prendre les majors à revers, des lustres de liberté.

Des nuits à jouter, coeurs et bras serrés. Sacré pied. De nez.

Et puis l’usure. Le doute s’immisce. Carhaix, terminus. Ici sonne le glas brestois : des Vieilles Charrues transportées, Grand Messe d’un concert historique. Dehors, le public applaudit encore, dans la loge, le groupe sait que le tour est joué : trente minutes de rien. Mutisme trempé d’un soir de défaite. Colmar. Bruxelles. Rideau.

Taiseux de nature, l’homme n’est genre à chanter pour ne rien dire.

Deux ans de silence.

Tristan retrouve les trois premières lettres de son prénom, le goût du voyage et sa liberté. De vers éthérés en mélodies inspirées, vingt-quatre mois et des poussières employés à aligner le flot de ses pensées. Nourrir puis mûrir l’envie de revenir, régénérée par l’inévitable retour sur lui-même d’un auteur compositeur qui doit apprendre à lâcher prise pour mieux renaître et savoir qui il est.

Résultat : onze titres portés par un vent menant irrémédiablement à l’est.

Tristan élargit son horizon, allant jusqu’à revenir seul dans des endroits qu’il fréquenta jadis, en groupe. Question de perspective. Du ponant au levant, le créateur cogite en mouvement. Le compositeur s’inspire du voyage, l’auteur, de la marche, de l’observation et des autres.

Artiste pluridisciplinaire, Tristan crée le graphisme de la pochette, écrit, compose et concocte un album aux parfums épicés d’Orient sur émulsion rock.

Son univers, désormais.

Enregistré sous la houlette de Daniel Presley avec une bande de brillants spadassins entre Carpentras et l’indispensable port d’attache, Brest, Sauf erreur de ma part, premier album en solo de Tristan Nihouarn est une incroyable balade rock dans les chemins de traverse d’un talentueux auteur mélodiste où cuivres, cordes, violoncelle, piano et même duduk côtoient avec harmonie les larmes électriques d’une guitare qui ne l’a jamais quitté.

Premier extrait, Meredith offre un malicieux portrait féministe à peine romancé, histoire d’une beauté butée qui passe (peut-être) à côté de la réalité…