7/10Miossec

/ Critique - écrit par Loic, le 29/05/2001
Notre verdict : 7/10 - Boire (Fiche technique)

Tags : miossec album christophe brest chanson france auteur

Miossec est un groupe à part de la scène musicale française. Pas tout à fait rock, pas tout à fait variété, pas pop du tout, le seul point de comparaison pourrait être Alain Bashung, pour ce côté inclassable.

Du point de vue de la composition, Miossec comporte 5 membres, dont le chanteur Christophe Miossec, qui a donné son nom au groupe. Cela est un premier indice qui nous laisse penser que c'est lui l'homme fort du groupe, ce qui est confirmé à l'écoute des quatre disques. Car ce qui nous saute aux yeux (ou plutôt aux oreilles), c'est l'omniprésence des guitares acoustiques, mais surtout la voix si particulière du chanteur. Autre spécificité du groupe : les textes. Ils ont pour thèmes récurrents l'alcool, le sexe, le sport, la politique, mais surtout les histoires d'amour tristes, ces même thèmes pouvant êtres combiné entres eux, comme dans Évoluer en troisième division extrait de boire, racontant l'histoire d'un footballeur alcoolique ayant une déception amoureuse... Comme vous avez pu le comprendre, ces textes sont souvent totalement nébuleux, cela étant dû soit a l'état d'ébriété du chanteur lors de l'écriture, soit a une décision volontaire de favoriser le coté poétique au détriment de la cohérence. Quoi qu'il en soit, ce n'est pas plus mal ainsi, car cela donne un petit coté mystérieux aux chansons, et nous laisse une plus grande liberté dans notre interprétation des textes, sauf quand ils dénoncent de manière explicite les atrocités de la guerre, ou les abus des politiciens, comme dans regarde un peu la France extrait du premier disque, ou il insulte sans détours Pasqua : "Pasqua l'horreur".

Après ces remarques d'ordre général, intéressons-nous à présent aux albums en eux même, en commençant par le premier : Boire. Ce disque, plus encore que les suivants, est fondé sur les guitares sèches. Les autres instruments ne servent que de faire-valoir lors des introductions et des refrains. Cela ne gène pas lors des premiers morceaux, bien au contraire, mais ennuie quand même à la longue et ne vous donne pas envie d'écouter l'album d'une seule traite, même si chaque chanson prise à part est excellente.
Mais ce défaut est très bien corrigé dans le second disque, Baiser, qui commence par la fidélité et sa très bonne introduction à la guitare électrique et à la basse, ce qui donne dès le début l'orientation de l'album. Car même si la guitare sèche reste l'instrument le plus utilisé, elle cède plus de places aux violon, basse, percussions, clavier, âne (vous avez bien lu)... Cela conjugué avec la voix du chanteur, égale à elle même, et des textes toujours aussi ambigus, donne un album bien meilleur que le premier.

Le troisième album, A prendre, reprend les ingrédients du second, en poussant encore plus loin la diversité des sonorités. La guitare sèche ne devient plus qu'un instrument parmi d'autres, et n'est plus la pièce maîtresse des morceaux. Cela donne un album plus accessible et qui connu un plus grand succès que les précédents, en grande partie grâce a deux chansons splendides : le chien mouillé (en silence) et L'assistant parlementaire. Cette dernière est a mon avis la meilleur chanson de Miossec, tant au point de vue musical qu'au point de vue du texte, qui dénonce au second degré et de manière très subtile les bassesses des politiciens.
Sans cesse repoussé, on a cru que le quatrième album n'allait jamais sortir. Mais ce retard est du au perfectionnisme de Christophe Miossec qui a repris du début la composition de cet album, après en avoir enregistrer une partie ne le satisfaisant pas. Nous ne pouvons pas juger ce qui a été jeté a la poubelle, mais nous pouvons savourer cette merveille qu'est Brûle. Cet album n'est pas une révolution dans la discographie de Miossec, il ne marque pas un virage musical important dans sa carrière. Il est juste de meilleure qualité que les précédents. Les chansons regorge toute de la sensibilité et de la poésie propre à Miossec, qui joue avec les mots comme jamais, en particulier dans Tendre S, l'une des chansons qui se détache quand même du lot.
Si vous avez aimé les premiers disques, vous ne pourrez qu'adorer ce quatrième opus.