8/10The Little Willies - The Little Willies

/ Critique - écrit par Filipe, le 10/04/2006
Notre verdict : 8/10 - Little candies... (Fiche technique)

Ce n'est qu'en 2005, à l'occasion d'une première tournée des clubs de jazz new-yorkais, qu'ils commencent à faire parler d'eux. Eux, ce sont les "Little Willies", les descendants de Willie Nelson, entendez l'un des guitaristes les plus prolifiques de sa génération. Comme lui, ils sont américains... Comme lui, ils font honneur à la musique country, qui fit les belles heures de Nashville... Comme lui, ils interprètent I gotta get drunk, un classique du genre... Après avoir attiré l'attention des plus branchés, ils sont à deux doigts de faire l'unanimité auprès du grand public. La présence dans leur rangs d'une certaine Norah Jones, artiste de jazz à succès, habituée des Grammy Awards, y est peut être pour quelque chose...

La jeune femme n'est pas du genre à vivre de ses acquis. Après avoir enflammé les foules avec ses titres mi-jazz mi-folk (Don't Know Why, Come Away With Me, et autres Turn Me On...) et écoulé près de vingt-cinq millions de disques à travers le monde, elle relève un nième défi : celui de convaincre à nouveau, d'une façon différente, tout en s'amusant. Elle s'est donc laissée embarquer par l'aventure "Little Willies", sans en parler à sa maison de disques ni même arborer son nom de star (leurs tous premiers spectateurs n'en reviennent toujours pas). Et c'est en bonne texane et entourée de ses musiciens habituels (entendez son petit ami, le bassiste Lee Alexander, puis Jim Campilongo et Richard Julian aux guitares et Dan Rieser à la batterie), que Norah Jones peut enfin donner corps à sa passion pour la country.

Leur premier album comporte treize titres, dont huit reprises de chansons signées Fred Rose (Roly poly), Kris Kristofferson (Best of all possible worlds), Townes Van Zandt (No place to fall) et consorts. Il comprend une poignée de compositions originales, parmi lesquelles l'inénarrable Lou Reed, reléguée en fin de galette. Le dépaysement est immédiat. Exit les ballades monotones et sans défaut apparent, ces "chansons légères, douces, mélancoliques, épurées" qui firent le succès de Norah Jones. L'atmosphère suggérée par les Little Willies est tout aussi intimiste, mais terriblement plus enjouée. Pour eux, la fille de Ravi Shankar malmène son organe vocal pour en extraire une voix plus aigue et nasillarde, particulièrement opportune sur les rocambolesques I'll never get out of this world alive et I gotta get drunk. Norah Jones confirme ici tout le bien que l'on pensait d'elle. Chose étonnante : elle partage le micro avec son guitariste, Richard Julian. Le résultat de cette alliance vocale est extrêmement convaincant. A noter que les Little Willies ont tout de même eu le bon réflexe de glisser quelques ballades plus conventionnelles, mais toujours aussi efficaces : Love me et No place to fall en sont de parfaits exemples.

On regrettera néanmoins que la durée totale du spectacle n'excède pas les quarante-cinq minutes. Certains de leurs textes manquent à coup sûr de contenu. Malgré cela, ce premier album éponyme des Little Willies mérite que l'on s'y arrête, tant ce groupe semble prometteur. Simple parenthèse ou véritable remise en question, l'avenir nous le dira. Pour l'heure, Norah Jones et les siens s'amusent comme des petits fous et leur joie est terriblement contagieuse.


01. Roly poly
02. I'll never get out of this world alive
03. Love me
04. It's not you it's me
05. Best of all possible worlds
06. No place to fall
07. Roll on
08. I gotta get drunk
09. Streets of Baltimore
10. Easy as the rain
11. Tennessee stud
12. Night life
13. Lou Reed