Let us close the Gates of Hell ! - Un compte-rendu du Hellfest 2013 - Troisième jour

/ Article - écrit par Draly, le 18/07/2013

Tags : metal hellfest groupe album festival rock public

Je sors de ma tente en pleine forme, je commence vraiment à me faire à ce genre de rythme. Shooté au Metal je pourrais déplacer des montagnes. Le temps est quasi-idéal, on a droit à un soleil radieux auquel s’ajoute un petit vent frais plus que plaisant. J’échange quelques débilités avec des types du camping puis jette un œil sur mon programme. Allez ! C’est la dernière ligne droite, pas le temps de lambiner cette fois !

Je commence donc cette journée avec Leprous au Temple. Les Norvégiens, qui sont aussi les membres du live-band d’Ihsahn, ont une bonne expérience de la scène et s’en tirent avec les honneurs. Leur Metal prog déjanté fait mouche en ce dimanche matin et constitue pour beaucoup une grosse découverte. Léger bémol, seuls les deux derniers albums Coal et Bilateral sont représentés, on aurait apprécié au moins un morceau de leur premier effort. Mais mis à part  ce détail mineur, le show s’est révélé sans faute. Un bon jeu de lumière, un son propre et des compos fortes. Moi qui pensais ne jamais les voir fouler nos vertes contrées, je suis agréablement surpris.

On reste dans un registre assez déconnant avec Waltari et leur « Crazy Metal » , étiquette qui veut tout et rien dire. En fait, nos Finlandais officient dans un Heavy moderne et débridé qui ne se prend absolument pas au sérieux. Ca veut notamment dire qu’ils peuvent se permettre de placer un break technoïde dans un morceau où il a rien à foutre, ou de sortir un album sur lequel ils nous pondent une cover de Madonna… Mais ça veut surtout dire que le groupe est une bande de grands gamins qui dégagent sur scène une incroyable énergie. C’est très sympa à suivre et on se prend vite au jeu.

On fera ensuite face à un petit quiproquo. A cause d’un souci de dernière minute, le groupe Nachmystium ne pourra être présent, Seth récupère donc son créneau et s’autorise dix minutes de scène en plus. Mais reste alors à combler le créneau laissé par le dieu chacal, et pour ça on appelle les français de Svart Crown. Tout ceci est très bien, mais on aurait au moins pu en informer les festivaliers, de la même façon qu’il a été annoncé que Ghost échangeait sa place avec Danzing… Enfin, ce n’est pas vraiment important puisque on a eu droit à un show plutôt bon dans l’ensemble. Les Français nous servent un Black assez rentre-dedans qui sait tout de même aménager de petites pauses pour que l’auditeur puisse reprendre son souffle. Mais j’ai l’impression que le groupe perd en authenticité ce qu’il gagne en accessibilité… Les structures et compos sont sympathiques et flattent l’oreille, mais font dans le déjà-vu et parfois (de ce que j’en ai ressenti) dans le forcé. Un groupe pour néophyte ou amateur de Black compulsif.

Un petit détour du côté des gentils à la Mainstage 1 où je vais voir Heaven’s Basement. J’avais encore jamais entendu parler de ces jeunes hardos britanniques, et là encore, bonne surprise. Ca joue bien, ça envoie, c’est dynamique. Je ne pense pas que leurs morceaux feront date (en tout peut être pas ceux que j’ai entendu), mais le groupe a du potentiel, et s’en tire déjà en live plus que bien.

On retourne sous le chapiteau des extrêmeux pour aller mater les gros bœufs d’Inquisition. Bon je vous avais déjà fait part de mon avis sur la tendance qu’a le Black américain à tomber dans l’ultra-violence bas-du-front. On se retrouve souvent avec des groupes qui ont vu dans le Black un prétexte pour être bêtement provocateur ou un moyen de paraître profond et torturé. Inquisition s’en sort plutôt pas mal de ce côté-là car il propose tout de même des titres maîtrisés, bien exécutés et bien construits. Enfin je ne peux m’empêcher de tout de même trouver ça un peu fallacieux…

Pour l’heure suivante je ne savais pas vraiment quel groupe aller voir, je n’en connaissais aucun. J’ai donc opté le groupe avec le nom le plus ridicule. Sans surprises : Pig Destroyer ! On a affaire à un gros groupe de Grind Core bien bourrin qui te martèle la gueule à coups de titres courts et denses (entre 30 secondes et 3 minutes de blasts) entrecoupés de samples aux airs de série B. C’est assez déconnant, et j’ai beau ne pas vraiment porter le Grind dans mon cœur la prestation scénique et l’euphorie du public ont fait que je ne me suis pas ennuyé.

Après cette débauche de violence gratuite, c’est avec plaisir que je retrouve les Français de Seth et des morceaux plus personnels. Alors on reste sur du Black, faut pas déconner non plus, mais la rage est ici au service de la musique pas l’inverse. Une setlist intéressante parce qu’elle propose des titres provenant de diverses époques du groupe (avec encore une fois une majorité du dernier, mais rien de frustrant). On a des morceaux qui savent se faire accrocheurs pour coller au live et d’autres plus obscurs pour toucher les fans du genre, et ce toujours avec un certain sens de la mélodie. Pour ce qui est du jeu scène, on a eu droit à quelque chose de classique mais dynamique, pas grand-chose à dire là-dessus. Un très bon show somme-toute.

Je pars ensuite m’amuser avec les canadiens technicistes de Cryptopsy. Pourquoi technicistes ? Parce que la compo est centrée sur la virtuosité des musiciens : des morceaux à l’extrême rapidité et aux riffs alambiqués. Ca tricote à mort comme on dit et c’est assez rude pour des oreilles encore novices. Toujours est-il que malgré la complexité du bousin, les zicos s’en sortent assez bien et se trouvent une bonne grosse base de fans.

La prochaine heure et demie est consacrée à faire bonne pitance (Raaah j’ai loupé Ihsahn !) car c’est avec stupeur (et parce que je suis un peu débile aussi) que j’ai découvert que le dernier train pour Nantes partait à 21h50… Et que ceux qui m’accompagnaient commençaient à en avoir marre de se faire essorer à tout bout de champ.

Après cette petite pause je m’en vais dire au revoir au Temple, mon meilleur compagnon, avec Korpiklaani. Comme avec tous les groupes de Metal Folk, la moyenne d’âge diminue et on a droit à un joyeux bordel dans la fosse. Le groupe nous a sorti toutes ses hymnes de comptoir Vodka, Beer Beer, Wooden Pints… et encore une fois les mecs semblaient vraiment s’éclater sur scène. Un concert défouloir dans la joie, la bonne humeur et les fragrances de houblon. On notera de plus un des meilleurs mix du fest.

Cette fois je fais mes adieux à l’Altar où se produit Wintersun. Alors le petit Jari (compositeur et multi-instrumentiste) est quelqu’un que j’apprécie beaucoup. Il y a quelques années j’étais tombé amoureux de son premier méfait, et je ne l’ai pas vraiment lâché depuis. On nous sert une excellent setlist, des pièces épiques, puissantes et complexes autant sur le plan technique que mélodique. Là où le bât blesse c’est sur la prestation en elle-même, vraiment quelconque. Certes c’est proprement exécuté mais sans réelle saveur. Enfin, en tant que fan du combo ça me suffisait.

Dernier groupe avec Symphony X en Mainstage 2. J’avais déjà vu nos progueux à Bordeaux il y un an et demi, donc je savais à quoi m’attendre. Un chanteur ultra-charismatique des compos accrocheuses et dynamiques et une débauche technique hallucinante. Evidemment, le show n’était pas aussi mémorable que lorsque qu’ils en étaient les rois, mais on a malgré tout eu droit à du très haut niveau. Petite déception côté setlist (qui ne dérangera que peu de monde finalement), seuls trois albums sont représentés : 4 titres d’Iconoclast, 3 de Paradise Lost, 2 de Divine Wings of Tragedy. Après j’ai beau de loin préférer le groupe quand il verse dans un prog aux accents mythologiques, je suis bien obligé de me rendre compte que les deux derniers albums conviennent bien mieux à ce contexte de festival.

C’est sur ce dernier concert que je fais mes adieux au Hellfest, après ces trois jours qui sont passés décidément trop vite. Je repars galvanisé et prêt à hurler ma passion à quiconque veut l’entendre (et même aux autres d’ailleurs). Et c’est vraiment ce qu’il faut retenir de ce Hellfest, la notion de passion. La passion que l’on a pour cette musique jusqu’auboutiste qui nous lie tous et que l’on rêve de partager. Trois jours inoubliables (ouh comme c’est cliché ! mais la vie est clichée ma bonne dame !) entouré de visages amicaux et de guitares saturées.

Sur ce, je vous souhaite une bonne journée, et vous conseille vivement de sauter le pas et de me rejoindre l’année prochaine. Je vous attendrai que vous soyez Métalleux ou non !