Les Wampas - Interview

/ Interview - écrit par Emeric, le 10/03/2004

Tags : wampas didier rock scene chanson monde album

Les Wampas, toujours en tournée après la sortie en 2003 de "Never trust a guy...", ont fait leur show sur la scène de l'Observatoire de Cergy le 5 Mars 2004. Krinein s'est discrètement glissé dans leur micro-loge pour leur poser quelques questions, et c'est Didier qui y répond tout en grattant quelques cordes.

Krinein : Ta dernière apparition scénique remonte aux Victoires de la Musique, qu'as tu pensé de cette soirée ?
Didier Wampas : C'est pas le genre de soirée que j'apprécie beaucoup mais puisque c'est pour passer à la télé un samedi soir, tant mieux ! On m'y invite, j'y vais pour jouer et pour le public.

K : Et ta prestation ?
D.W. : C'est un peu du n'importe quoi, comme souvent, rien n'était prévu! De toute manière, je ne prépare rien et je ne veux rien préparer.

K : Du coup les Victoires qui sont attribuées n'ont pas beaucoup d'importance?
D.W. : Non, c'est nul, ça sert à rien, un an après personne ne se souvient de qui a reçu les récompenses.

K : Mais ça te fait plaisir que Mickey 3D soit primé?
D.W. : Non, même pas car cela ne rime à rien, je les aime bien les Mickey mais ça leur apporte quoi à part vendre plus de disques?

K : Finalement, il y a parfois un certain manque de sincérité dans le domaine de la musique ?
D.W. : C'est le business, moi je m'en fous de vendre des disques, je fais de la musique et puis c'est tout. Mais bon, il en faut de l'argent aussi pour faire un disque. Ce qui compte c'est ce que l'on souhaite faire passer.

K : Y a t-il un groupe ou un artiste qui se démarque?
D.W. : Pour moi, Schultz, ce gars là est sincère et honnête, il habite dans un petit studio à Montreuil, il n'a pas de thune ; en fait il faut être plus qu'honnête : il faut être fort pour résister à tout!

K : Ca fait un bout de temps que vous avez débuté, votre énergie débordante vous caractérise, mais n'avez-vous pas connu une période de doute?
D.W. : Quand tu as une passion et que tu arrives à la faire vivre, y'a pas de raison. La seule raison d'être découragé serait de ne pas vendre de disque mais j'en ai rien à foutre, ça ne m'interesse pas. Faire des disques c'est important, les vendre non. J'ai par exemple plein de 45 tours qui ne se sont vendus qu'a quelques exemplaires seulement et ils sont super importants. Le punk que j'écoutais en 77, c'étaient des 45 tours que tu ne trouvais même pas en France, personne ne connaissait les groupes que j'écoutais.

K : Tu distingues bien le boulot et ta passion !
D.W. : C'est tellement important pour moi, c'est mon rêve que j'ai pas envie qu'il y ait une hsitoire d'argent, de me prendre la tête avec les maisons de disques. Là, je reste libre.

K : "Manu Chao" est la chanson qui vous a révélé au grand public, mais d'autres groupes pourraient très bien chanté :"si j'avais le porte feuille de Di-dier Wam-pas..."
D.W. : Pour l'instant, ils peuvent toujours chanter car on a toujours pas touché d'argent. Tu sais, on gagne un franc par disque chacun, on a vendu 60 000 albums donc tu vois...Quand tu es seul et que tu en vends 1 million, là ça fait de l'argent.

K : Quand on parle des Wampas, c'est souvent Didier qui est à l'honneur, tu es un peu la locomotive?
D.W. : Au début, je ne voulais pas avoir ce rôle mais ça se fait petit à petit, et puis pareil au début je n'écrivais pas mes chansons puis il a fallu s'y mettre. J'me fous d'être en avant, ce qui compte c'est que les Wampas continuent. Et puis faut dire que je fais ma tarlouze sur scène.

K : Le DVD (Never trust a Dvd) est sorti ainsi qu'un live (Never trust a live), c'est pour vos fans?
D.W. : Ca fait plaisir pour le Dvd car on en a jamais eu, c'est sympa y a les images...Le live, je n'aime pas trop, j'ai jamais écouté un live des Wampas, avec les images c'est bon. Ce que je chante sur scène c'est la moitié du concert ! Du coup je ne m'en suis pas occupé.

K : Le site internet (www.wampas.com) est très bien fait, beaucoup d'infos!
D.W. : Je trouve ça vraiment génial, ce sont des amis qui s'en occupent.

K :
On parle beaucoup à propos des intermittants du spectacle, de leur situation, cela te préoccupe?
D.W. : D'un point de vue social et humain, je suis contre le protocole et je les soutiens mais d'un point de vue purement artistique je ne peux pas dire que je les soutienne. Depuis que les intermittants existent, le rock n'est pas mieux pour ça. Dans les années 80 y'avait pas grand chose, pas d'argent, juste un bar et deux squats dans Paris pour jouer mais la qualité artistique était dix fois plus forte qu'aujourd'hui où tu as 300 groupes tous intermittants...Les subventions ne font pas l'art.

K : On sent une certaines nostalgie...
D.W. : Non mais, c'est moins élitiste qu'avant, plus de gens écoutent de la musique, se déplacent aux concerts. On fait plus facilement un album, il y a plus de salles aussi. Mais ça a perdu en originalité. Il y eu le rap, la techno, l'electro qui étaient vachement novateurs et riches. En ce moment, c'est la chanson française de qualité, Bénabar ... mais c'est pas socialement intéressant. Le punk, le rap, le mouvement alternatif en 80 en France...ça a marqué l'histoire artistique, alors que la chanson française néo réaliste de qualité de merde non, ca fait rien avancer. Le rap, je n'en écoutais pas beaucoup mais ça fait avancer les choses dans les banlieues...

K : Ta définition du punk justement?
D.W. : Faire ce que l'on a envie de faire, c'est la liberté, la liberté totale, de ne pas être obligé de penser comme les autres, de vivre comme les autres. Et très vite, c 'est devenu le contraire, un uniforme de penser.

K : Ca va faire un an que l'abum est sorti, vous tournez toujours?
D.W. : Ca me fait un peu chier d'ailleurs, j'aime pas faire deux tournées. Il y pas mal de gens qui veulent nous faire jouer donc on ne va pas dire non à tous. Mais j'aimerai bien passer à autre chose.

K : Vous avez sorti pas mal d'albums !
D.W. : Pas assez, j'aimerais pouvoir faire plus de choses, j'ai rarement été libre en studio, pouvoir m'éclater. Ca coute tellement cher que tu n'as pas le temps, c'est un peu frustrant. En concert ca va, mais en studio...y a toujours quelqu'un derrière, des discussions. C'est ma seule frustration. Au niveau des disques, je ne suis pas satisfait. A part Kiss qui est pas mal je pense.

Remerciements à Didier et Laurent