Koumekiam - Interview au Magic Mirrors - 31/05/2009

/ Interview - écrit par nazonfly, le 29/06/2009

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Koumékiam et Pascal aux lumières se sont prêtés au jeu de l'interview après leur concert au Festival Paroles et Musiques.

Koumekiam est un jeune artiste slammeur lyonnais qui vient de sortir un premier album de 9 titres, A l'aise à l'est, une véritable réussite qui s'inscrit dans la lignée des grands de la chanson française. A l'occasion de son concert au Magic Mirrors, dans le cadre du Festival paroles et Musiques de Saint-Etienne, nous rencontrons Koumékiam, chanteur et parolier et Pascal qui s'occupe des lumières.

 

Krinein : Le concert était très sympa. Et le public apparemment content. Comment as-tu ressenti le concert ?
Koumékiam
: Ça s'est bien passé. J'ai bien aimé le fait de jouer à 15h. Il y avait des gens de tous les âges, des enfants. Ça met de l'ambiance.

Tu as aujourd'hui pas mal de bouteille sur tes concerts. Ça te permet d'improviser plus facilement sur scène ou est-ce qu'il y a des ambiances qui passent plus que d'autres ? 
Koumékiam : Ça fait quatre ans que le projet de Koumekiam tourne. Entre jouer à 15h au Magic Mirrors, la première partie de Tété à l'Epicerie Moderne, la première partie de Tri Yann à Saint Marcellin ou encore en prison, tu ne fais pas le même concert. Ca dépend de l'énergie du moment.

Tous les artistes ne vont pas forcément jouer en prison.
Koumékiam : J'essaie d'avoir une démarche mais ce n'est pas facile. Comme c'est en lien avec l'administration pénitentiaire, tu te demandes parfois de quel côté tu es. Tu ne peux pas dire : « Ouais c'est génial la prison, c'est un vrai plaisir. », mais c'est une expérience qui m'apporte beaucoup.

Justement en parlant d'expériences qui t'ont beaucoup apporté, il y a ce séjour en Roumanie. Peux-tu nous en dire quelques mots ?
Koumékiam : J'y suis allé à 19 ans pour travailler dans un orphelinat qui faisait un peu centre social, y faire du théâtre. Mais ça n'a pas été le coeur de ce que j'ai fait en Un café ?
Un café ?
Roumanie. Je m'y suis fait des amis, j'ai écrit, j'ai occupé le temps, j'ai aimé le pays. C'est un pays qui est européen, l'alphabet est latin, la langue est latine, tu n'es pas déphasé. Tu as l'impression d'être chez des cousins, et puis en même temps, le pays a un passé tellement différent de la France et qu'il est dans une situation tellement différente que du coup tu es super loin. Du coup, c'est une expérience marquante.

Maintenant tu écris aussi en roumain. Qu'est-ce que ça t'apporte ?
Koumékiam : J'ai du plaisir à écrire en roumain. J'arrive à trouver des mélodies avec la musicalité de la langue. Au niveau de la pudeur, écrire un texte que personne ne comprend en France t'amène quelque chose. En plus, comme ce que je fais est assez verbeux, les chansons en roumain permettent d'aérer le set, tu te comprends plus rien. C'est agréable d'écouter de la musique que tu ne comprends pas. Ma mère écoutait Bob Dylan, je sentais que c'était fort ce que disait Dylan mais sans rien comprendre. Parfois, tu sens que c'est fort mais sans comprendre.

Il y a aussi un côté politique dans tes paroles qui n'est peut-être pas l'essentiel mais qui est néanmoins présent.
Koumékiam : Je pense que pour toute personne qui choisit une vie d'artiste, qui va dire des choses sur scène, n'importe quel disque est alors politique. Tu viens dire des choses, tu les assumes, tu es obligé, tu viens les dire devant plein de gens. Même si le coeur de ton projet est de parler de la beauté d'un arbre, c'est politique.
Pascal : Tout est politique. Dans Koumekiam, il y a une diversité de choses, mais il y a ce petit côté engagé qui me parle vraiment. De la même façon, le fait d'avoir Un concert ?
Un concert ?
des chansons en roumain, c'est une ouverture qui est intéressante pour le public.
Koumékiam : Il y a des artistes qui ont une ligne directrice dans ce qu'ils vont aborder et qui vont refuser de parler de politique, de parler d'amour. Moi je n'ai pas fait ces choix-là.

Cela permet de faire passer différentes émotions, entre Maman qui est plus touchante et Jamel, il est drôle qui est plus énervée. Tu as joué dans un groupe rock, puis tu as découvert le slam, sans oublier la musique roumaine, de l'Europe de l'Est. Il y a beaucoup d'influences sur l'album.
Koumékiam : Jusqu'à présent dans l'écriture, je vais parfois avoir des trucs très tranchés, très rageurs, parfois des choses beaucoup plus légères dans la manière de l'aborder, de contourner le sujet et je ne fais pas le choix entre l'un et l'autre.

Au niveau de la composition, tu écris les textes et Arnaud fait la musique ?
Koumékiam : Oui sur la plupart des morceaux, c'est ça. Arnaud les arrange, mais c'est très très indépendant. Parfois c'est une instru d'Arnaud qui m'amène à écrire un texte, parfois le texte va amener Arnaud sur une instru, parfois c'est une instru et un texte qui vont fonctionner ensemble. J'ai envie qu'on essaie d'explorer de manière vraiment libre la manière d'écrire une chanson. Là on parle d'Arnaud, mais dans la tournée on est quatre. On parle, on communique sur ce qu'on fait différemment, sur ce qu'on fait dans notre travail, mais chacun fait son truc. Et on se connait bien, on s'apprécie bien, on se fait confiance. Parce que Arnaud écoute, ressent le texte, et c'est lui qui est le plus à même de savoir comment faire. C'est valable aussi pour Pascal avec les lumières. De la même manière, ils vont me donner des avis sur les textes, mais celui qui écrit c'est moi.

En parlant de lumière... C'est un aspect qu'on voit moins dans un groupe, Souvent on interroge le chanteur, voire le guitariste mais les lumières ... Comment travaille-t-on là-dessus ?
Pascal : C'est fait au jour le jour, les idées se rajoutent et on appréhende le set, les morceaux. La difficulté, c'est d'essayer de faire quelque chose de vivant. Pour ça il faut vraiment connaître les textes et les comprendre, les creuser. On est aujourd'hui à un stade où il y a vraiment des choses intéressantes dans les lumières, pas forcément faciles à appliquer en plein jour au Magic Mirror. Le set change régulièrement, ça influe sur ce travail, il faut tenir compte de la composante Et une petite clope pour la route ?
Et une petite clope pour la route ?
principale, l'implantation typique du lieu sur lequel on arrive. Il y a vraiment des morceaux où je suis content de ce que je fais, par exemple sur Vartan, je suis vraiment avec eux sur scène. A l'inverse, eux aussi inconsciemment, ils sentent les lumières, ça les soutient mais ça peut aussi les déstabiliser à certains moments. Il y a vraiment une cohésion dans l'équipe.
Koumékiam
 : Quand Pascal dit qu'on réagit inconsciemment à la lumière, c'est sûr. Mais il nous permet de prendre conscience de ça. Aujourd'hui, on réagit consciemment grâce à Pascal. Ca fait presque un an qu'on a décidé qu'on voulait toujours avoir quelqu'un aux lumières, au son. Koumékiam est vraiment un groupe de quatre personnes.
Pascal
 : Au niveau de la musique, des paroles comme des lumières, il y a ce côté vivant, pas figé et qui amène une proximité avec le public vraiment importante.

Oui la proxi­mi­té avec le pu­blic est vrai­ment im­por­tante. L'am­biance au­jourd'hui était sym­pa­thique. Ça doit être agréable de jouer de cette façon.
Koumékiam : Ce qui est agréable, c'est d'arriver avec plein de points de rencontre et de voir ce qui se passe. Notre set est quand même bien écrit mais on prend plaisir à se laisser le droit de se planter parce qu'on a tenté des trucs. Des fois on se plante sur un truc et derrière tu as une montée d'adrénaline, une énergie qui va se communiquer au public. Le truc vit comme la vie, on se plante.

Vous avez entre 60/100 dates prévues à partir de début septembre. Vous allez faire de gros festivals, comme les Francofolies. Comment vous voyez ça ?
Pascal : De mon point de vue, c'est pas mal de pouvoir nous projeter sur 6 mois, un an. C'est pas mal d'avoir 6 mois. C'est du plaisir. C'est terre à terre, mais c'est important de le souligner.
Koumékiam : On va tourner en dehors de la région, aller un petit peu partout. On va aller dans pas mal d'endroit en France au moins.

Est-ce que tu as envie d'aller tourner à l'étranger, notamment en Roumanie ?
Koumékiam : Oui bien sûr mais pas n'importe comment. Aller en Roumanie pour débarquer 4 jours pour faire 3 dates dans les instituts français, non. Qu'on ait du temps là-bas, de faire des choses qui font un peu sens, ça peut être super classe. Mais j'ai peu d'expérience de gens qui ont fait de vrais trucs et pas « hop tu prends ton billet d'avion, tu fais ton concert et tu te casses.» . En tout cas, moi je suis chaud, si c'est fait dans les bonnes conditions.

On entend souvent les avis des artistes reconnus,  mais je voulais connaître ton avis sur internet et le téléchargement.
Koumékiam : Je me pose des questions. J'ai la chance de vivre de ma musique aujourd'hui. Si je ne peux plus en vivre, c'est pas grave, je ferais autre chose. Après si n'importe qui, même quelqu'un qui personnellement ne me touche pas, prend mes textes et fait un truc avec, je ne vais pas aller lui péter la gueule. Je vais peut-être lui dire : « Tu aurais peut-être pu me passer un coup de fil. » S'il faut une loi pour mettre ça sur papier, je ne sais pas. En tout cas mes chansons pour l'instant elles ne sont pas très protégées. Dans ton écriture, tu ne penses pas d'abord à la propriété. Mettre une règle avec des droits de propriétés sur les auteurs... c'est délicat. Je ne sais même pas si c'est très pertinent. Internet c'est quelque chose qui existe maintenant, mais que tu mettes une loi ou pas... tu ne peux pas empêcher ça. Je pense qu'Internet est plus fort que toutes les règles.

Tu disais que tu vivais de ta musique. Finalement c'est plus de tes concerts que de la vente d'album.
Koumékiam : Oui. Après je suis aussi comédien. J'ai fait du théâtre même si je n'en fais plus beaucoup. Je fais aussi pas mal d'ateliers d'écriture.

Pour conclure, est-ce que tu as une dernier mot ?
Koumékiam : Non pas de dernier mot.


Nous remercions Koumékiam et Pascal pour leur disponibilité, ainsi que Aurélie de Caravelle Prod et Alexandre pour avoir organisé cette interview.