Jacques Duvall : Porte-parole du désespoir
Musique / Critique - écrit par athanagor, le 09/04/2011 (Tags : jacques france paris marie album duvall ecrit
Il y a parfois des albums qui sortent du lot et bien malin celui qui saurait dire pourquoi. Celui-ci en est un criant exemple, malgré la teneur des thèmes que laisse présager sa pochette.
Dans le flot ininterrompu des sorties et nouveautés musicales où la qualité est malheureusement bien souvent perdue dans le nombre, il arrive néanmoins que parfois, un disque parviennent à retenir l’oreille. C’est d’ailleurs principalement sur ce critère qu’on choisit ou non d’y consacrer une chronique. Pour ce qui est de ce disque, on peut parler de coup de chance. C’est presque par hasard qu’on pose la galette dans le lecteur, car la pensée consciente n’aurait jamais fait ce choix après avoir passé de longues minutes à contempler la gueule inexpressive de Jacques Duvall, autoproclamé expert en désespoir. On se dit qu’il en faudrait du courage pour se coltiner un truc pareil et on vaque à ses occupations journalières. Mais heureusement, le hasard fait (parfois) bien les choses.
Car à défaut d’être provoqué par la pochette, le courage sera instantanément inspiré à l’auditeur par les premières secondes de Désespère où, sur un rythme sautillant et plutôt bon enfant, piqué de cuivre western, le triste Jacques conseille à celui qu’on voudra croire être son jeune apprenti, de désespérer sec. Lui décrivant par le menu toutes les raisons qui font que la vie n’est bonne qu’à ça, il ouvre son album en en proclamant la thématique, qu’il tiendra de bout en bout avec un panache et une finesse rare.
Usant avec parcimonie de l’influence folk, Duval sert principalement une musique pop-rock efficace avec un réel talent pour le mot juste. Ce talent au service d’une mélancolie contrôlée aux accents d’humour noir se goûte le plus sur Comme par désenchantement, en binôme avec Coralie Clément, Trop tard et Tout doucement. Mais les autres titres ne sont pas en reste et c’est véritablement tout l’album qu’on retrouvera à chaque fois avec bonheur. Enfin, avec bonheur… façon de parler. La chanson la plus triste du monde, sorte de parallèle neurasthénique du Tribute de Tenacious D, rappellera d’ailleurs à l’ordre tous les joyeux drilles qui auront l’outrecuidance de taper du pied pendant l’écoute.
L’album pourtant n’est jamais réellement triste, car l’ironie et l’humour sont clairement portés par le décalage entre paroles et musique, les unes déprimante à en rigoler, et l’autre toujours entraînante et servie par une excellente production. Devant l’inutile exercice qui consisterait à décrire ce disque pour tenter d’en dévoiler l’âme, nous nous contenterons de ce seul conseil : laissez sa chance au hasard.
Jacques Duvall - Expert en désespoir
01. Désespère
02. La grève des éboueurs
03. L'insecte
04. Comme par désenchantement
05. Je l'emporterai au paradis
06. Trop tard
07. Chagrin de beauté
08. Pas moi
09. Tout doucement
10. La chanson la plus triste du monde
11. Jour de pluie