8.5/10Grimaud (Hélène) - Beethoven: Concerto no. 5

/ Critique - écrit par wqw..., le 26/09/2007
Notre verdict : 8.5/10 - L'impératrice (Fiche technique)

Si sa musique a toujours été marquée par les ruptures et les déceptions de son quotidien, Beethoven, incurable idéaliste, a trouvé une interprète sensible à son propos, ses aspirations.

Hélène Grimaud (par Mat Hennek)
Hélène Grimaud (par Mat Hennek)
Intrigante, passionnante, Hélène Grimaud a conquit le cœur du grand public entre beauté, détermination et vie animale. Loin de sa jeunesse à Aix-en-Provence, celle-ci a su s’imposer comme une interprète majeure parcourant depuis le globe pour jouer en compagnie des orchestres et les chefs les plus prestigieux, se ressourçant à New York avec ses loups.
 
Déterminée et audacieuse, derrière une impressionnante clairvoyance se cache une réelle réflexion autour du piano, du jeu, de l’interprétation, presque une philosophie (lire Variations sauvages et Leçons particulières). Sous ses doigts, le son prend toute sa signification. La virtuosité passant par une profondeur qui souvent fait défaut à bon nombre de techniciens par ailleurs irréprochables.

Ce concerto de Beethoven fait partie des grandes pages de la composition. Il prend ici par son interprétation une vision tout à fait contemporaine loin des guerres napoléoniennes, d’un héroïsme sanguinaire… A travers sa pensée, ses idées, on se plonge dans un séduisant équilibre des extrêmes, « entre des vallées lugubres et des sommets idéaux », une fraîcheur imaginative et pourtant, le tout est chargé d’une mélancolie introspective qui nous pousse à changer notre regard… Le compositeur se révèle, à la fois, vecteur de tradition viennoise et grand explorateur ; des nouveautés que l’on perçoit également avec la sonate proposée.

Hélène Grimaud (par Mat Hennek)
Hélène Grimaud (par Mat Hennek)
Dans un jeu tout en nuances et délicatesses, Hélène Grimaud offre une manière différente d’appréhender Beethoven qui a toujours su exprimer la lutte entre l’individu et son temps, le doute qui l’assaille, en tentant à sa manière, par la musique, de lui faire retrouver la voie de son unité. Cette lutte, cette confusion, se prête sans aucun doute aux tensions que nous pouvons connaître, nous aussi, à notre époque, tout en tentant de trouver un moyen de l’apaiser.

Si sa musique a toujours été marquée par les ruptures et les déceptions de son quotidien, Beethoven, incurable idéaliste, a trouvé (par delà la tombe) une interprète sensible à son propos, ses aspirations. Elle dévoile alors un joli numéro de domptage, car un « concerto pour piano est comme un fauve pour qui on a un respect incroyable. » Un joli tour de piste… qu’on applaudit frénétiquement !

 

Hélène Grimaud (par Mat Hennek)
Hélène Grimaud (par Mat Hennek)
Hélène Grimaud – Beethoven: Concerto no. 5 "Emperor" | Piano Sonata no. 28

Concerto for Piano and Orchestra No. 5 in E flat major, op.73 "Emperor"
01. Allegro
02. Adagio un poco mosso – attacca:
03. Rondo. Allegro

Piano Sonata No. 28 in A major, op.101
04. Allegretto, ma non troppo
05. Vivace alla Marcia
06. Adagio, ma non troppo, con affetto
07. Allegro

 

Discographie
Reflection (Deutsche Grammophon / 2006)
Bartók - The Piano Concertos (Deutsche Grammophon / 2005)
Chopin | Rachmaninov (Deutsche Grammophon / 2005)
Credo (Deutsche Grammophon / 2004)
Rachmaninov - Concerto pour piano n°2 (Teldec / 2001)
Beethoven - Concerto pour piano n°4 / Sonates pour piano op.109 & 110  (Teldec / 1999)
Brahms - Concerto pour piano n°1 (Erato / 1998)
Gershwin/Ravel: Piano Concertos (Erato / 1997)
Brahms - Pièces pour piano op. 116 à 119 (Erato / 1996)
Robert Schumann: Piano Concerto / Richard Strauss: Burleske (Erato / 1995)