Futur Crew - Interview

/ Interview - écrit par Toma, le 03/12/2006

Tags : crew futur konix groupe espace reunion album

Interview de Futur Crew

Je branche le dictaphone, mais aussi les trois FUTUR CREW qui n'auraient finalement pas besoin de questions pour se lancer dans de longues réponses. Il m'a été difficile de retranscrire l'interview avec l'ambiance dans laquelle elle s'est déroulée, mais je pense que le meilleur moyen est d'imaginer un fou rire continuel entre chaque phrase prononcée avec le toujours agréable accent réunionnais.

Krinein : Bonjour à vous trois, alors on va commencer par les petites présentations. Donc Futur Crew, qui êtes-vous ?
Roko : Ben moi c'est Roko...
Konix : et moi Konix...
DekapitJ : Donc moi c'est DekapitJ...

Krinein : Ok jusqu'ici je suis, et FUTUR CREW comment ça s'est monté, comment vous êtes-vous rencontrés ?
D : Nous, à la base, ce qui nous a réunis réellement c'est le dessin, le coté tag, graffiti. On cartonnait pas mal à la Réunion, on avait chacun notre passion, moi je dessinais énormément de manga, à l'époque de Ken le Survivant, le Club Dorothée, tout ça, même les Strange, les Marvel. Après les années ont passé et on s'est rencontrés dans une école de dessin, une école d'animation de dessin animé en fait.
R : On touchait au story Board, à l'animation, la 3D...
D : J'avais déjà rencontré Konix dans le monde du graph mais juste comme ça et puis on s'est vraiment rencontré à l'école de dessin.

Krinein : Donc à la base FUTUR CREW, c'était uniquement le dessin ?
D : A la base c'était pour mettre au point un studio dans le design, le graph même, la BD et la peinture.

Krinein : Et quel a été le déclic pour passer à la musique ?
K : Le truc c'est que depuis les années 90, moi j'avais commencé à faire des productions. J'avais un pote qui avait une carte son. Il ne s'en servait pas donc je lui ai dit « file la moi, que je fasse de la musique » et voilà j'ai commencé à faire de la musique. Avec les Futur Crew, on faisait du dessin et ils me disaient « vas-y ramène des sons ». Y'a pas eu vraiment de réflexion : « on va faire de la musique ».
D : Après, aussi, on a eu pas mal d'obstacles dans le monde des BDs, de la peinture, dans les galeries. Donc à un moment donné je pense aussi qu'intérieurement on en avait gros sur la patate, on avait envie d'exprimer ça. Tu peux exprimer ça à travers le graph, le tag, mais c'est vrai qu'exprimer ça en écriture c'est plus, j'sais pas, c'était différent, on contournait le truc. Et puis en plus on s'est rendus compte que « chouette on va bosser nos clips nous-mêmes », ça restait dans le domaine de la peinture.

Krinein : Oui donc c'est venu un peu comme ça par hasard finalement...
R : En fait c'est pas né comme ça, c'est une suite logique, ça part de la rue, les murs, après les graphs on s'est acheté du matos, les premières caméras, et ainsi de suite...
D : Aussi on a fait notre première télé, on a fait la première émission hip hop à la Réunion qui s'appelait la « Hiphop family ». Et puis un beau jour de juin 2003, ça a décollé...
R : Ouais c'est vraiment une suite logique, on a grimpé les échelons petit à petit.
D : Mais surtout on a commencé à rapper parce qu'on avait quelque chose à dire sinon ça servait à rien de rapper. On a commencé assez tard, on avait à peu près 24 ans, donc on avait quand même un certain recul, une certaine vision de la vie. On avait rencontré déjà pas mal d'obstacles sur notre chemin pour comprendre un peu le système. C'est pour ça que sur notre EP tu trouves des titres comme J'ai jamais trouvé ma place qui sont assez anarchiques, le coté « fuck you » vient de là finalement, parce qu'on a voulu nous « fucker » à plusieurs reprises, on a voulu nous ralentir dans notre progression artistique.

Krinein : Toujours du côté des galeries ?
D : Politique aussi, partout, j'te donne un exemple, à l'époque des emplois jeunes. Nous on bossait notre BD, on avait tout, on avait bossé les graphs pour avoir notre bécane, notre machine etc. On demande à la nana de regarder ce qu'on a fait. Si j'avais bien compris, les emplois jeunes étaient là pour aider les jeunes à construire leur entreprise ou à rentrer dans la vie active. Nous on avait besoin de ça, au lieu d'aller faire du graph sur les murs, à faire du tuning sur les voitures. Nous si on a 5000 francs par mois, ben on va continuer à bosser dans la BD, à faire des tomes et tout.
R : La nana elle nous a regardé et elle nous a dit : « Non, vous n'avez pas besoin de moi vous savez vous en sortir, les emplois jeunes c'est que pour les jeunes qui ne savent rien faire...
D : Après t'as que deux solutions : soit tu lui balances la chaise dans la gueule ou bien tu dis c'est « fuck you », en fait le système est pas là pour t'aider. Quand ils te disent « oui, les emplois jeunes sont là pour aider les jeunes à émerger » non c'est faux, c'est fait pour t'endormir.
R : Après on en est sortis plus fort. On a fait nos trucs tout seuls et c'est vrai que quand on compare avec les jeunes aujourd'hui, quand ils sortent des emplois jeunes, des subventions, ils sont perdus. Nous à l'époque, on a cherché cette solution et comme on l'a pas eu, on s'est démerdés et on a plus besoin de ça maintenant et là-dessus on a pris de l'avance. On a appris à faire nos trucs tout seuls.

Krinein : Et donc tout ce qui est Futur Crew, tout ce qui va autour, c'est qui, juste vous ?
R : Futur Crew c'est vraiment que nous trois.

Krinein : Maintenant vous êtes chez ULM. Comment est-ce que c'est venu, une opportunité ?
R : Y'a pas de père noël, ça se passe pas comme ça....
D : C'est vrai que des fois y'a des mecs des maisons de disque qui viennent à la Réunion, qui écoutent des mecs et qui les signent mais pas nous.
R : Si tu vas pas au charbon... En fait y'a un an et demi de ça il a fallu qu'on vienne à la métropole, qu'on se démerde pour payer nos billets, en plus on savait même pas où on allait dormir, et on a fait toutes les maisons de disques. Là y'avait Virgin qui était intéressé et d'autres comme ça mais ULM ils ont été plus rapides et nous on proposé plus. Non vraiment ça tombe pas du ciel, y'a pas de père noël.
D : On a vu aussi la réalité du marché. On a vu des DA qui avaient des piles de CD comme ça à coté de leurs bureaux. Enfin bref tu vois les soi-disant marchands de rêves... mais en fait ils vont te dire qu'ils n'ont pas le temps d'écouter, etc... Enfin tu vois c'est même pas la faute du DA mais c'est le système qui veut ça. Bref, en fait, le seul truc que tu peux dire au jeune, c'est que le futur c'est « fuck you », quoi.

Krinein : Alors insistons un peu sur ce point, Le futur, c'est fuck you c'est le titre de votre EP, alors concrètement que ce que ça veut dire ?
R : Ben c'est ça, c'est le fait que y'a pas de père noël que tu dois te démerder par toi-même.

Krinein : D'accord mais on peut le prendre de deux façons assez différentes : « démerde-toi par toi-même » mais ça pourrait très bien être « le futur c'est la merde » ?
R : C'est sûr aussi que le futur c'est la merde, c'est sûr que tout ne va pas s'améliorer dans le futur.
K : Ouais mais c'est surtout que nous on est la preuve vivante que le futur c'est « fuck you » mais que tu peux faire ton truc, tu peux avancer...
D : Soit tu fais ton truc comme nous, soit tu vas cramer des voitures parce que t'es énervé.
R : Voilà soit tu peux foutre la chaise dans la gueule à la nana soit tu continues à bosser tes trucs...
D : Mais c'est pour ça, regarde les mecs qui crament les banlieues, ben finalement c'est la période du retour du punk. Les jeunes, ben c'est des punks mais ils le savent pas encore. Mais nous on est là pour leur dire « t'es un punk mec, parce que tu crois ni dans le système, ni en dieu, ni dans la politique ». Quand tu crois plus en rien comme ça t'es un brain dead, ton cerveau est mort : tu brûles tout, tu brûles même les pompiers, même la bagnole de ton voisin. Mais tu vois c'est le système qui a mis toute une génération de punk en route. Nous on aurait pu basculer dans cette punk attitude mais finalement on a basculé dans la punk attitude musicale...
K : Non mais en fait là je parle peut être juste pour moi mais je ne crois pas qu'on puisse enculer Sarko et brûler la voiture de son voisin ou niquer sa propre boite aux lettres. Pourquoi ils vont pas dans le 16ème, les mecs...
D : Ouais c'est le retour du « No Futur » finalement. Mais en fait nous on dit pas que y'a pas de futur, si y'a un futur mais ton futur c'est « fuck you ». Si tu attends que quelqu'un te donne la main, ben tu peux attendre encore longtemps.
R : Et puis aussi si tu « fuckes » pas ben tu te feras « fucker » donc...
D : Ouais c'est presque une loi, on devrait enseigner ça aussi à l'école en même temps que les mathématiques. Le monde se divise en deux catégories, y'a ceux qui « fuckent » et ceux qui se font « fucker ». Moi je « fucke ».

Krinein : On parlait des banlieues. Alors pour le petit métropolitain que je suis, la Réunion dans ma tête ça reste la destination de vacances. Alors c'est sûr je sais qu'il y a beaucoup de problèmes, mais en gros est-ce qu'on peut comparer le Saint-Denis réunionnais avec le Saint Denis du 93 ?
R : Bien sûr qu'on peut comparer. Ça reste un problème humain, y'a que la structure qui change. Pareil, on a des blocs. Quand t'es dans la merde, que t'as pas de boulot...
K : Déjà faut que j'te rappelle un truc à la Réunion, c'est 50% de chômage.
D : ... mais on a le soleil, tu chômes mais au soleil !!! Non plus sérieusement le malaise il est pas seulement de l'île ou de la métropole, il est mondial. C'est même plus une question de noir ou blanc, tu peux être blanc et te faire niquer quand même. Soit tu nais riche soit tu nais pauvre.

Krinein : Vous avez beaucoup de racisme à la Réunion ?
D : Y'a du racisme envers les gens qui ne sont pas verts, ceux qui ont pas le dollar, si t'as pas le dollar t'es pas de la bonne couleur c'est tout. Tu vois si demain je suis comme je suis là mais avec le million, on va me lécher le cul et même toi peut être tu seras prêt à me présenter ta soeur alors que là dans mon état actuel jamais tu ne me la présenteras.

Krinein : Oui, enfin là pour ma soeur on va peut être attendre un peu ...
D : Attends, moi je suis prêt à te présenter ma soeur comme ça, c'est vrai !! 

Krinein : Vous vous sentiez obligés de venir à la métropole pour évoluer dans le milieu de la musique ?
R : Ben c'est vrai qu'avec Futur Crew, on a fait le tour de la Réunion. Là-bas, vivre du point de vue artistique c'est dur. Le fait de partir et de découvrir autre chose pour nous c'était avantageux.
D : Ouais là on est comme les hobbits, on va sur le terrain Mordor !!!
K : Et puis tu vois c'est clair que c'est pas du tout le même rapport, ici t'as plus de 65 millions d'habitants, à la Réunion t'as 700 000. Et pis que ce soit au niveau graffiti, au niveau image, au niveau rap, c'est vrai que le niveau ici il est plus fort.
R : Du coup c'est vrai que ça nous motive, on est un peu des challengers.
D : Ce qui est bien pour l'instant c'est que quand les gens ils nous voient arriver ici, ben ils nous voient comme des singes, mais en fait ils savent pas qu'en fait, on est des Bruce Lee.
K : C'est vrai qu'on a remarqué ça direct en venant ici, les gens de Paris, déjà ils voient les gens de province comme des ploucs alors imagine, nous qui venons de 13 000 kilomètres... sauf que moi je leur conseille de se méfier de moi...

Krinein : Justement vous avez des contacts avec des rappeurs ou plus généralement des artistes de métropole ? C'est dans vos projets ?
R : On a eu l'occasion de voir Princess Anies comme ça mais pour l'instant c'est pas notre priorité. Là, on est axé sur le EP et sur l'album qui va sortir en début d'année 2007.
D : Oui, et puis nous on aime bien faire nos preuves par nous-mêmes. On n'a pas envie de se faire connaître par rapport à d'autres noms plus connus tu vois.
R : Après y'a pas de problème on est ouverts.
D : Ouais, pour tout on est ouverts... D'ailleurs t'as vu dans les clips on est les premiers à avoir introduit des transexuels !!!

Krinein : Ah merde je n'ai pas encore vu les clips...
K : Tu travailles trop si t'as pas eu le temps de regarder les clips. Faut faire gaffe parce que quand on travaille trop, après on a des troubles de l'érection.

Krinein : Ok ok je vais les regarder...
K : Non c'est vrai je déconne pas. Et puis après la meuf si son mec bande plus, elle se barre. Déconne pas moi j'ai eu ce problème là !!!

Krinein : Ok ok c'est bon je vais les regarder ce soir en rentrant, vous avez gagné. Bon alors je vais essayer de revenir sur l'interview... Je pose souvent cette même question : comment voyez-vous le téléchargement ? Pour vous qui n'êtes pas connus encore vous voyez plus ça comme un moyen de vous faire connaître ou plus comme un obstacle ?
R : Ben voilà t'as 2 sortes de personnes, t'as celles qui écoutent ta musique, elles vont bien apprécier mais sans plus, elles ne vont pas rentrer dans ton univers et elles vont peut-être télécharger. Après, et c'est là que c'est le plus dur, c'est d'avoir les personnes qui sont vraiment à fond et qui vont avoir envie d'avoir le CD entre les mains, elles vont vouloir avoir la pochette. Et puis les gens ne veulent plus se faire avoir. Ils écoutent une chanson à la radio, la trouvent bien et se disent : « j'achète le CD » mais en fait y'en a qu'une qui est bien dessus. Tu vois maintenant les gens ils veulent coucher avec la fille avant le mariage.

Krinein : Oui ok on est tous d'accord là-dessus mais faut pas se voiler la face non plus, y'en a beaucoup qui aiment vraiment et qui ne font que télécharger, qui n'iront pas acheter le CD après l'avoir téléchargé même si ils aiment vraiment...
K : Non mais c'est vrai que le téléchargement ça fait peur, ça nuit aux artistes, etc... mais ça n'empêche pas Diam's de vendre 600 000 albums. Ça va quand même, hein !!!

Krinein : Et pourquoi pas un système carrément sans maison de disque, avec tout directement sur Internet avec un système de licence globale par exemple ?
D : En fin de compte tu peux pas squeezer les maisons de disques. Finalement, tout ça, ça a été mis en place par eux. A la base il y aurait du avoir un genre de convention avec Bill Gates ou je sais pas quoi pour s'arranger que quand tu télécharges un truc : cling cling, ils te retirent un euro ou je sais quoi. Ne t'inquiètes pas que tout ce que tu télécharges, y'a une trace. Mais tu sais pourquoi ils laissent ? Parce que c'est comme tout ils veulent rendre les gens dépendants. Regarde la TNT : avant, les gens n'avaient que 5 ou 6 chaînes. Un jour y'a un mec qui est arrivé en gueulant « TNT : Télévision Numérique Terrestre, génial tu as plus de chaînes, tu as juste à acheter un décodeur ». Ok tu achètes un décodeur que tu poses là et génial tu as la TNT SUPER. Sauf que quand tu mets la TNT SUPER, t'as 12 chaînes en plus et là tu te rends compte que tu as d'autres chaînes en plus et tes petits enfants ils font quoi ? Ben, Papa, pourquoi ça c'est crypté ? Moi je veux regarder Canal machin !! Tu vois ben finalement ils te droguent, ils te disent « tiens, prends prends, prends la TNT, c'est gratuit vas-y prends, mange... » et puis quand tout le monde sera bien dépendant ben ils vont se dire : « Ok maintenant c'est à notre tour de prendre le pognon » et là ce sera trop tard parce que dans tous les foyers y'aura internet.
R : Maintenant, c'est vrai que le temps que ça se mette en place c'est clair que ceux qui vont en pâtir ben c'est les artistes, pas les maisons de disques, pas Bill Gates...
D : Ouais ce système te fait jamais de cadeau, c'est lui le grand motherfuck', celui qui fucke tout le monde. Tu veux pas acheter Canal Sat ou TPS, alors ils te donnent la TNT... Tu vois c'est là qu'il faut te méfier c'est comme quand une femme vient devant toi et qu'elle écarte et qu'elle te dit « viens, viens »...

Krinein : Revenons-en avec FUTUR CREW, c'est quoi votre futur proche ? Des concerts peut être ?
R : Ben, là on va retourner dans notre île pour produire d'autres clips, d'autres titres pour notre album, pis à notre retour, on va préparer tout ça.
D : Oui bien sur, pour l'instant notre travail, c'est de propager le nom de Futur Crew pour avoir un public, tu vois des gens qui sont vraiment dedans. Parce que nous c'est sur on aime faire des concerts mais avant on veut des gens qui soient vraiment dedans.

Krinein : Vous avez fait beaucoup de scène à la Réunion ?
R : Ouais on en a fait pas mal mais c'est vrai qu'à la Réunion y'en a pas beaucoup non plus. Et puis en plus vu qu'on est un peu le groupe hardcore, y'a certaines scènes où on était pas invité.

Krinein : Donc avec un peu de chance on vous voit sur scène en France au cours de l'année prochaine.
K : Si tu nous vois, ça voudra dire que ça va bien pour nous, et puis si tu nous vois pas, ça voudra dire que ça va bien quand même.
R : En fin de compte nous on fait ce qu'on a à faire, dans tous les cas la planète ne va pas s'arrêter de tourner. Nous actuellement on kiffe de faire notre travail artistique, de faire nos clips, de faire nos chansons.
D : Nous c'est ce qui nous intéresse le plus. Après c'est vrai qu'on veut aussi qu'il y ait du succès. Comme ça on aura plus d'argent, plus de jouet et on pourra donner à notre public plus encore. Tout ce qu'on a fait actuellement, les clips tout ça, on l'a fait avec les moyens du bord tu verras. On a utilisé une phrase de Victor Hugo « Ad Augusta per Augusta », obtenir des résultats grandioses par des voies étroites.

Krinein : D'autres projets en parallèle sinon ?
R : Non actuellement on bosse que du Futur Crew, on est à un moment important et comme on dit toujours, des fois on a qu'une seule capote, alors faut pas débander !

Krinein : Merci Futur Crew pour ce joli mot de la fin... bon retour à la Réunion alors et à très bientôt par ici j'espère. Merci également à Alexandra de System Buzz pour m'avoir organisé cette interview.