Des fleurs et du jazz

/ Compte-rendu de concert - écrit par wqw..., le 12/05/2005

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The Bad Plus fait figure de trublion du jazz post-moderne, puisant ses influences aussi bien dans le jazz que dans le rock et dans un certain groove brut et abrasif.

Le temps s'annonçait aléatoire. Pourtant, les mélomanes avertis ont décidé de défier les éléments pour rejoindre les abords de la scène trônant au milieu du Parc Floral de Paris pour assister aux concerts du jour... Du jour ? En effet, depuis le début du mois de juin, sont proposés tous les week-ends, dans le cadre du Paris Jazz Festival, actualités et autres grands noms du jazz, le tout pour la modique somme de 4 euros, prix de l'entrée du parc.

Brian Blade
Brian Blade
Et pour commencer, le batteur Brian Blade et son Fellowship qui produisent un jazz relativement classique dans ses mises en place, malgré un joli travail sur les textures. Alternent alors parties en commun et chorus, notamment du sax alto Myron Walden que l'on retrouve également avec plaisir à la clarinette basse. Melvin Butler au ténor et au soprano se fait plus discret mais séduit néanmoins. Jon Cowherd au piano et Doug Weiss assurent à l'ensemble de solides fondations pour laisser les autres improviser. Brian Blade se laisse alors aller à quelques démonstrations, laissant voir l'étendue de son jeu. Une palette qui reste, sans doute, insuffisamment exploitée dans ce cadre très traditionnel. Peut-être une question de génération...

C'est ce que l'on se dit d'ailleurs à la fin de ce set en observant les déplacements du public, les 20-30 ans se rapprochant, les quinqua et plus se laissant décrocher vers l'arrière... Et pour cause, The Bad Plus fait figure de trublion du jazz post-moderne, puisant ses influences aussi bien dans le jazz que dans le rock et dans un certain groove brut et abrasif. Alors quand le trio new-yorkais monte sur scène on perçoit un frémissement, une électricité palpable parmi les auditeurs.

The Bad Plus
The Bad Plus
Et la prestation est sans nul doute à la hauteur de leurs espérances. Si l'on regrette que la basse de Reid Anderson soit un peu trop en arrière, on est enthousiasmé par la volubilité de jeu du pianiste Ethan Iverson. Pourtant cette journée était surtout placée sous le signe de la batterie, car c'est bien David King (que l'on retrouve également dans Happy Apple) qui assure le spectacle. Une richesse dans la construction, les cassures et une imagination qui suscitent un réel plaisir à entendre. Son gabarit de garçon-boucher, son sourire carnassier, une casserole ou un jouet pour bébé qui remplacent pour un temps baguettes et balais, autant d'éléments qui rendent le personnage sans aucun doute attachant et impressionnant à voir.

Le groupe joue alors à l'énergie, au dynamisme sans pour autant négliger les contrastes ni les nuances. Big Eater et Everywhere You Turn petites bombes rescapées de l'excellent These Are The Vistas, The Bad Plus présente, avant tout, les titres de son prochain album Suspicious Activities, prévu pour la rentrée. Et c'est avec plaisir que l'on retrouve une efficacité et une inventivité qui avaient sans The Bad Plus
The Bad Plus
doute un peu fait défaut à Give. Rassuré, on se laisse prendre aux tripes par ces mélodies (tumul)tueuses et l'on jubile sur la reprise du Human Behaviour de Björk, ainsi que sur cette reconstruction du We are The Champions de Queen.

Après trois rappels, le public regagne la quiétude du Parc Floral, convaincu que parmi les fleurs exotiques, The Bad Plus est sans doute en passe de nous régaler pour encore de belles années ou tout du moins nous garantit une fin d'année des plus stimulantes !