Ellis-Bextor (Sophie) - Shoot from the Hip
Musique / Critique - écrit par camite, le 30/11/2003 (
Après un tube de l'été surprise (Murder on the Dancefloor) et un premier album bluffant de qualité pour une chanteuse aussi ouvertement pop et sans prétention, revoilà Sophie Ellis-Bextor, sa batterie de producteurs, compositeurs et musiciens et son avantageux physique d'ex mannequin. Première constatation sans doute traumatisante pour les fans de la belle : les cheveux teints en blond. Mais comment a-t-elle osé nous faire ça, à nous ses admirateurs trop heureux d'avoir une poupée pop à la chevelure brune et aux mimiques bourrées d'autodérision ? Le succès, le star system, you know...
Deuxième constatation : l'emballage en jette toujours autant. Au rouge à lèvre étalé sur la photo noir et blanc de Read my Lips succèdent une mise en abîme digne des meilleures gueules de bois de vacances en camping et une police stylée années 70. Harmonie des couleurs savamment composée, photos ma foi pas repoussantes dans le livret. Bon bon, et sinon le disque ? Ah oui tiens, j'avais presque oublié que je l'avais acheté aussi pour ça. Espérons que cette fois-ci, elle ne me refera pas le coup de l'édition spéciale sortant trois mois après avec une fournée de titres supplémentaires. Non parce que y en a marre.
Autant vous dire les choses très clairement, ceux qui pensent que la musique ne passe que par les passionnantes recherches de Radiohead ou les compositions divines de Beethoven ne tireront que quelques sourires amusés ou dédaigneux devant tant de frivolité sonore. Les autres feraient bien de se méfier sérieusement de cet album conçu pour ensorceler l'auditeur de telle façon qu'il ne puisse plus retirer le casque de ses oreilles ou la galette de sa platine. Autant commencer par les deux singles (Mixed up world et I won't change you) d'ores et déjà programmés pour tourner en boucle sur les radios et, par conséquent, devenir des tubes. Moins de quatre minutes par titre, l'un en forme de fanfare monstrueusement dansante et l'autre plus enjoué, plus light.
Et puis voilà que d'un seul coup, comme ça, cash, Nowhere without you vient tout chambouler. Evoquant les dernières ballades de Madonna mais touchée par la grâce d'un titre d'Everything but the Girl, ce morceau prolonge les excellentes velléités décelées sur l'effort précédent avec des titres comme I Believe. Pas le temps de s'en remettre : Another Day déboule avec une fausse rythmique disco, des violons qui vont bien et une mélodie démoniaque. Les deux morceaux suivants replongent l'auditeur dans les choeurs veloutés et les orchestrations sans stress. You get yours semble vouloir vous casser les oreilles pour mieux vous surprendre à mi parcours. The Walls keep saying your name, pour sa part, offre l'occasion à Sophie de nous prouver qu'elle chante merveilleusement bien et un tour de montagnes russes musicales excitant pour tout amateur d'ambiances eighties. La fin du disque nous raccompagne agréablement à la maison sous la pluie.
Tout ça en moins de quarante minutes, ça donne envie de payer un autre tour. On sent pourtant que la jeune chanteuse n'a pas encore délivré tout son potentiel, loin s'en faut. Des débuts prometteurs sur scène, une évolution discographique intéressante... Si le troisième album n'est pas fabuleux, on aura du mal à pardonner. Monde cruel tiens.