8.5/10The Drift - Memory drawings

/ Critique - écrit par nazonfly, le 30/05/2008
Notre verdict : 8.5/10 - Des rives enchantées (Fiche technique)

Ces Memory Drawings de The Drift nous emmènent dans un voyage aqueux à la croisée du dub, du jazz, du post-rock et de l'ambient.

La pochette d'un album veut souvent beaucoup dire sur le contenu de celui-ci. Celle de Memory Drawings de The Drift est nébuleuse. Un dégradé de gris. Une photo, un montage aux multiples interprétations : est-ce un soleil sur une mer dechaînée ? Est-ce une vue microscopique d'un tissu humain ? Et pourtant l'image attire l'oeil et l'esprit.

 

A la dérive

Ouongggg
Ouongggg
Comme cette pochette, la musique de The Drift est complexe, mutante et pourtant irrésistible. Comment ne pas succomber à ces douces vagues qui bercent l'auditeur avant de violemment le submerger et l'entraîner au large. Rarement un groupe aura autant mérité son nom que The Drift, qu'on pourrait traduire par « la dérive ». Car c'est un véritable voyage qu'on entreprend à l'écoute de ces longues plages hallucinées (7 titres pour un total de 55 minutes), un de ceux sur lesquels il est impossible de garder les yeux ouverts tant l'appel de l'inconscient est fort. Pour écouter correctement ces dessins de mémoire, il faut se laisser porter. Se laisser porter par cette contrebasse qui résonne en sourdine, par cette guitare qui décoche de vibrantes notes et surtout par cet extraordinaire et omniprésent saxophone.

 

Emporté par la vague

Pfrlrlrlr... hum... pfrlrlrlrlr
Pfrlrlrlr... hum... pfrlrlrlrlr
La musique de The Drift n'est pas facile à classer. Le groupe a sans doute écouté de nombreuses choses différentes avant de régurgiter le tout d'une cohérence étonnante. Dès le départ de If wishes were like horses, par exemple, on sent une forte influence de l'ambient, d'une musique calme propre à la méditation. Mais, dès que le saxophone vient s'inviter, l'ensemble prend, au contraire, une tournure jazzy, à la limite du dub. Puis les titres explosent souvent dans un post-rock magnifique avant que la vague ne retombe laissant l'auditeur pantelant, épuisé et le sourire aux lèvres ou que tout se termine dans une éclaboussure noisy.

Dans le monde de The Drift, seuls les instruments ont la parole et les titres sybillins ne permettent en aucune façon de poser des jalons sur la route que les musiciens veulent nous faire découvrir. En réalité, l'auditeur arrivera, par lui-même, à se créer une feuille de route au milieu de ces esquisses de souvenirs.

 

A vrai dire, cet album n'est pas sans évoquer David Lynch dans la nébulosité d'une oeuvre qu'on ne peut s'empêcher de trouver exceptionnelle. Les structures se croisent et s'entrecroisent, les instruments s'entremêlent comme les vagues de l'océan. Un océan qui nous emmènera aussi loin que le voudra notre esprit.

The Drift - Memory Drawings

01. If  wishes were like horses
02. Uncanny valley
03. I had a list and I lost it
04. Golden sands
05. Smoke falls
06. Lands end
07. Floating truth