8/10The Darkness - Permission to Land

/ Critique - écrit par Lestat, le 01/11/2003
Notre verdict : 8/10 - Pour les fans de la période (Fiche technique)

Et si le rock n'était qu'un éternel recommencement ? Faisons un tour d'horizon : les artistes pop pleurent disques après disques la disparition des Beatles, le Punk n'en fini pas de revenir aux sources. Les vielles gloires comme Maiden recommencent à mouiller le maillot sur scène, Led Zep fait un malheur en DVD, Iggy Pop sort un nouvel album dont les meilleurs pistes sont indubitablement celles où collaborent ses vieux Stooges de complices. Pas de doute, depuis quelques années, la tendance est au revival. C'est dans ce contexte que The Darkness pointe son nez, bien décidé à dépoussierer les seventies.

Permission to Land, l'album des quatre musiciens qui nous intéressent aujourd'hui est une sorte de condensé de tout ce qui a été fait entre les années 70 et 90. Les Rolling Stones, Kiss, Led Zeppelin, AC/DC... autant de références que l'on retrouve ici et là au fil des plages. Gros délire ou véritable passion ? Pas facile de répondre à cette question tant l'album contraste entre un n'importe quoi des plus délirants et un sérieux des plus techniques. Prenons par exemple le livret de l'album, avec les photos du groupe : choucroute de cheveux, tenues léopards, foulards, cuir, petits pétards, moustache tombante à la Village People... difficile de ne pas éclater d'un rire surpris. Malgré celà, les paroles ne sont en aucun cas parodiques ou second degré. D'ailleurs, sur la pochette, on retrouve le bel autocollant de l'avertissement parental. Déconcertant, voilà le mot. C'est d'ailleurs l'un des principaux défauts de The Darkness : on ne sait jamais comment prendre ce groupe. Entre un morceau bien ridicule comme I Believe in a thing called love, avec ses refrains hululés kitschs au possible et une bombe comme Love on the rock with no ice, tout en rage et en guitares lourdes, difficile de savoir sur quel pied danser. Un mélange pas très digeste qui souffre d'un arrière-goût plutôt désagréable : Justin Hawkins. Le chanteur, car c'est bien lui, a l'avantage ou l'inconvénient d'avoir une voix qui monte vite dans les aiguës à tel point qu'elle s'en retrouve atypique même lorsqu'il ne pousse pas dessus. Les oreilles peu habituées auront vite envie de préserver leurs augustes pavillons en éteignant le tourne disque à grands coups d'invectives. Il faut le reconnaître, la voix d'Hawkins, c'est un peu comme celle de Dani Filth, c'est un coup à prendre. Mais comme je dis souvent, ne soyons pas mauvaise langue. Une fois l'élément vocal apprivoisé, le disque s'écoute de façon assez plaisante, pour peu que l'on ait gardé un esprit retro ou que l'on soit bon public à tout ce qui sort un peu du moule de la musique du 21ème siècle. D'autant plus que du point de vue des compos, ça tient relativement bien la route : cohérent, audacieux, avec en prime d'agréables solos de guitares plus ou moins survoltés.

The Darkness est un groupe trop rétro, trop kitsch à mon goût, malgré quelques morceaux qui m'ont littéralement scotché. Mais il serait idiot de ne pas reconnaître le talent et l'originalité des quatre Anglais qui sauront trouver facilement leur public et qui d'ailleurs semblent déjà l'avoir trouvé. Quoi qu'on en dise, un bel hommage aux grandes décennies du rock. The Darkness auront-ils la carrière de leurs modèles ? Malgré ce que j'en pense, c'est bien tout le mal que je puisse leur souhaiter...