7.5/10Da Silva - La Distance

/ Critique - écrit par Carlitolindo, le 19/01/2012
Notre verdict : 7.5/10 - preparez vos mouchoirs (Fiche technique)

Tags : silva france album pias distance musique chant

Je ne suis pas là pour vous faire un bulletin météo mais depuis début janvier, on ne peut pas dire que le temps soit clément avec nous, Français, et moi qui habite en montagne, je peux vous dire que la neige commence à me gonfler lourdement... Mais que vois-je ? Le premier single du nouvel album de Da Silva se nomme Les Stations Balnéaires ! A cette époque, j’ai presque envie de dire qu’il me manque totalement de respect avec ce titre évocateur, moi qui suis devenu en l’espace d’une semaine challenger pour la coupe « champion du déneigement de voiture avec pelle de Playmobil »…

Trêve de plaisanterie, on est là pour parler de La Distance, le 4ème album d’Emmanuel Da Silva, cet auteur compositeur, rebelle mais timide, que l’on voit rarement dans les médias et qui en a encore sous le manche apparemment, alors qu’attendons nous ?

Oh douce mélancolie

Mettons-nous à table tout de suite et attaquons par Confessions et sa mélodie soutenue au piano qui donne d’emblée l’idée que notre artiste continue de faire de la mélancolie son thème principal. Cette chanson porte agréablement bien l’introduction de l’album, Da Silva parle plus qu’il ne chante mais la mélodie, comme toujours de qualité, rehausse l’ensemble pour nous prendre direct aux tripes. On poursuit avec La crise où l’on retrouve la fameuse guitare sèche de l’auteur ! Le texte tendancieux teinté d’ironie et le chant tout en désinvolture nous offrent une piste beaucoup plus joviale mais un peu plate tout de même. On casse ce nouveau rythme avec Le repas qui d’entrée, avec son piano en relief et sa mélodie lourde, réinstalle une certaine tristesse… Vite soufflé par Le jeu et son orchestration guitare/synthétiseur/batterie du plus bel effet, le tout accompagné par la voix rauque de notre chanteur. Que dire de plus ?
Pas d'artifice sur scène

On peut ajouter que Da Silva sur ce début d’album mise beaucoup sur ses instrumentations (mis à part La crise), même si les textes sont toujours recherchés, on ressent un peu plus sa frustration légendaire à travers l’orchestration que par le passé, la chanson suivante La fin du mois ne peut que le confirmer ! Le texte, traitant vraisemblablement d’amour (pour changer), est porté par la nappe synthétique qui se tonifie à chaque refrain pour bien marquer l’ambiance général.

Allez hop, réapparition de guitare sèche sur L’escalier et son chant dynamique traitant de rupture… Rien d’impressionnant en vue, alors on passe au 1er single de l’album Les Stations balnéaires, alors oui c’est une véritable chanson single, oui il il n’y a rien d’extraordinaire, oui on retrouve encore le synthétiseur, oui il y a beaucoup de oui, non ?


Eternelle guitare sèche
On poursuit avec La distance qui sonne beaucoup plus dramatique, le ton est lancé dès le départ avec la voix pleine de doutes de notre chanteur sur un fond sonore froid comme de la glace... bref beaucoup de sincérité dans ses propos, une fois encore, pour nous toucher. Mélancolie quand tu nous tiens et ce n’est pas Les premiers, Le petit tambour et Le bâtiment qui me feront dire le contraire ! Texte teinté de souvenirs, voire même un poil crépusculaire ! Les adeptes seront gâtés mais c’est un peu indigeste au final.

On termine de la façon la plus symbolique possible avec La dernière personne, Da Silva est avant tout un guitariste et ce titre ne possède comme instrumentation que la guitare sèche de l’auteur. Je vous parlais de crépuscule ? Ne cherchez pas plus loin le texte et le chant de cette ultime piste nous le fait plus que ressentir, Da Silva ne cherche pas à finir sur une note plus joyeuse mais préfère nous emporter dans sa noirceur la plus profonde et, franchement, c’est plutôt intéressant comme concept, un peu comme un certain Decades de Joy Division… Sans le coté dramatique qui a suivi bien sûr !

Bis repetita... Ou presque

Emmanuel Da Silva fait partie de cette fratrie d’artistes français que nous définissons comme chanteur qui ont beaucoup de talent mais qui n’ont pas de voix pour chanter ! Bon avec lui, on est loin des Benabar ou Delerm mais la ressemblance avec Miossec ou Mickey 3D est sans doute plus plausible ! Je fais ce rapprochement car notre artiste a la particularité d’être très discret, comme les deux cités précédemment. La réclame pour La Distance est très sélective et rien que pour ça j’apprécie l’artiste. Fin de cette parenthèse et parlons du contenu qui finalement ne diffère pas beaucoup de La Tendresse des Fous, on retrouve les textes aux thèmes universels de l’amour, de la rupture, de la tristesse… Bref douze pistes à volonté mélancolique de bonne facture et qui ressortent plutôt bien avec sa voix un peu grave, voire même un peu rauque de temps en temps.


regard sombre et que dire de la musique
La petite différence vient de l’instrumentation qui évolue avec l’apparition à plusieurs reprises du synthétiseur et la diminution significative de la guitare sèche. La production relève de façon cohérente les textes sombres de l’auteur et c’est avec beaucoup de plaisir que l’on découvre pratiquement chaque nouvelle mélodie ! Je dis pratiquement, car l’album est tout de même loin d’être parfait, à cause, entre autres, de la répétitivité de Da Silva pour nous offrir toujours le même thème de la tristesse et de la mélancolie. Avec douze titres, on pourrait croire que ça va le faire, que l’on ne frôlera pas l’indigestion mais non ! Comme je l’explique plus haut Les premiers, Le petit tambour et Le bâtiment ne sont pas de mauvaises pistes, mais c’est trop avec le reste de l’album, je veux bien croire que Da Silva comme il l’explique « ne sait pas parler d’autre chose » mais un peu de variations ne lui ferait pas de mal et donnerait un nouvel élan à sa musique, ne serait-ce que sur 3 ou 4 chansons !

 

En conclusion La Distance de Da Silva est un bon album dans la droite lignée de ses prédécesseurs, cossu au point de vue du texte et de la mélodie, mais au bout de 4 albums le sentiment de répétition commence à se faire sentir, sans non plus nuire à la qualité de l’ensemble !

Allez-y tête baissée, vous ne serez pas déçus car il reste un des artistes de la chanson française sur qui on peut compter et qui en a suffisamment dans la tête pour mener sa carrière à bien sans trop la dénaturer !

Da Silva - La distance

01. Les concessions
02. La crise
03. Le repas
04. Le jeu
05. La fin du mois
06. L'escalier
07. Les stations balnéaires
08. La distance
09. Les premiers
10. Le petit tambour
11. Le bâtiment
12. La dernière personne

En écoute, Les stations balnéaires :