Claire Diterzi - Interview - 22 janvier 2008

/ Interview - écrit par wqw..., le 04/02/2008

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Deuxième album pour Claire Diterzi dont la carrière en solitaire, nous dévoile jour après jour un univers au caractère toujours un peu plus marqué. Rencontre avec cette chanteuse atypique au cours de l’une de ses journées promo marathon…

Deuxième album pour Claire Diterzi dont la carrière en solitaire, nous dévoile jour après jour un univers au caractère toujours un peu plus marqué. Rencontre avec cette chanteuse atypique au cours de l’une de ses journées promo marathon…

Claire Diterzi
Claire Diterzi
Pour l’énième fois de la journée, pourrais-tu nous présenter ton tableau de chasse ?
Présenter mon tableau de chasse… J’ai voulu écrire des chansons à partir de choses concrètes, à savoir des sculptures et des peintures pour tenter de voir un peu où ça me menait. Je pense que c’était un cheminement assez logique, je viens du rock alternatif, après j’ai beaucoup composé pour le théâtre, la danse contemporaine avec Philippe Decouflé, une b.o. pour un film qui s’appelle Requiem pour Billly The Kid, récemment l’expo de Titouan Lamazou au Musée de l’Homme (ndr : Zoé Zoé, femmes du monde est visible jusqu’au 30 mars 2008). J’ai aussi composé sur des lectures musicales, je suis vraiment passée sur toutes ces disciplines là et je me suis dis « pourquoi pas la peinture et la sculpture. » Tableau de Chasse est un peu ce que décrit la pochette : je me sens comme une amazone guerrière qui traque des chansons, des idées, des mots et qui ramène ça comme un butin, un trésor, comme des trophées qu’on expose dans un album.

Le choix de ces tableaux était totalement subjectif ou dicté par je ne sais quel "dictat" ?
Tout à fait instinctivement. J’ai acheté plein de livres, je les ai découpés. Au final j’avais une centaine de choses dans un cahier et je me suis arrêtée à onze œuvres et le hasard a fait que c’était à chaque fois, à une ou deux exceptions près, la représentation d’une femme nue, ou tout du moins presque nue. Tout ça, je pense, pour m’aider à parler d’amour qui est quand même un sujet universel dans la chanson. Le couple, la sexualité, la sensualité.

Sans privilégier un courant artistique plutôt qu’un autre ?
Non, je voulais vraiment qu’on se balade dans le temps et je pense que c’est ce que permettent les œuvres d’art. Elles sont silencieuses. Elles existent parfois depuis des centaines, voire des milliers d’années. Il y en a de très récentes dans les musées, on a l’impression d’être devant quelque chose de très futuriste. J’aime beaucoup ce silence et ce voyage dans le temps que permettent ces œuvres. Donc il n’y a pas vraiment de périodes, ni de mouvements, mais j’avais envie d’avoir des choses plus ou moins connues, assez accessibles. Ce sont des œuvres qui racontent une histoire. A chaque fois c’est une situation, ça représente un personnage dans une situation. Donc ça m’a vraiment permis, d’inventer, de délirer, de broder, autour de ces personnages.

A chaque fois ton travail s’est fait autour des émotions que te procuraient ses œuvres ou tu as réutilisé certains éléments ailleurs ?
Non chaque œuvre fait une chanson et j’ai vraiment passé du temps sur une œuvre pour la matière dont elle est faite, le sujet qu’elle représente, l’histoire qu’elle me raconte et qui me permet de trouver des sons en musique et des mots. Les sculptures, par exemple, sont toutes construites à partir de rythmes comme si on entendait Rodin ou Camille Claudel sculpter le marbre. Des œuvres au contraire comme les toiles à l’huile, comme le Turner qui évoque une histoire d’amour qui n’a jamais eu lieu, c’est une espèce de paysage fantomatique maritime où on a que des fonds sous-marins, des voix de sirènes. J’ai cherché des sons et des mots qui étaient dans l’œuvre que j’avais sous les yeux ; j’ai joué le jeu.

Fragonard (Le Verrou)
Fragonard (Le Verrou)
C’était donc très cadré.
Pas vraiment, parce que l’interprétation d’une œuvre peut-être ce que l’on veut. Pour Le Verrou de Fragonard, par exemple, j’ai tout de suite entendu les trompes de chasse. J’étais dans la forêt avec une meute de chien, la chasse à cours, il y a 300 ans. Chaque œuvre raconte quelque chose mais permet à l’imagination de créer toute une histoire autour de ce personnage, de l’époque, de la matière. Je trouve ça, au contraire, sans limites. Je peux inventer ce que je veux.

Et plus concrètement, comment as-tu travaillé sur ces morceaux ?
J’ai composé toute seule à partir de guitares. Je travaille dans mon studio chez moi avec un ordinateur dans lequel je rentre mes prises, je fais mon montage. Pareil pour tous les cœurs, les programmations. J’en étais vraiment à l’esprit de maquettes, chez moi, en me disant comme tous les artistes « on refera ça en mieux en studio » et finalement j’ai gardé les trois-quarts des maquettes. Il y avait une spontanéité vocale et musicale que tu ne retrouve pas en studio. J’avais vraiment besoin d’enregistrer dans ma solitude. Par contre, il y avait des choses qui techniquement demandaient plus de moyens donc là j’ai été en studio faire des prises de violons, refaire des voix et puis arranger quelques programmations.

C’est aussi toi qui t’occupe d’écrire les arrangements ?
Oui, oui, j’ai écrit tout mon album de A à Z sauf les cors de chasse. C’est le seul sample que j’ai utilisé parce que, évidemment, je ne pouvais pas me payer les Bûchers de Paris avec les cinquante trompes de chasse. Ils m’ont donné l’autorisation, j’ai pris leur disque, ça m’a pris plusieurs jours, j’ai tout écouté. J’ai pris les quelques notes qui me touchaient et je les ai triturées à l’infini pour en faire des mélodies, les mettre dans mon rythme, dans l’harmonie, enrichir un peu par ce qu’une trompe de chasse, c’est toujours la même chose, ça fait quatre notes. Là, j’ai réussi à les faire chanter, je me suis amusée. Là  c’est vraiment du travail d’ordinateur mais il y a sinon beaucoup d’acoustique, beaucoup de guitares, des percus, etc.

Donc c’est VRAIMENT un album solo !
Ah ben ouais ! Là j’avais vraiment envie. Et puis l’interprétation des tableaux, des sculptures, c’est aussi quelque chose de très personnel. Je ne pouvais pas discuter de ça avec qui que ce soit. Il fallait vraiment que j’aille au bout de mes sensations, au bout de moi-même.

Claire Diterzi (par Serge de Rossi)
Claire Diterzi
(par Serge de Rossi)
Il me semble que Tableau de Chasse, a été aussi conçu par rapport au fait que tu va jouer à Chaillot (ndr : les 22, 23 et 24 février prochain) ?
Oui. Comme j’ai beaucoup joué à Chaillot avec Decouflé, j’avais composé la musique de sa pièce chorégraphique et je l’ai interprété en directe sur le plateau. J’ai joué une centaine de fois dans ce théâtre donc évidemment je le connais bien, je connais bien les gens là-bas, la musique a marché, on apprécie mon travail. Du coup on m’a fait cet honneur de me demander de jouer trois soirs dans la grande salle. C’est un gros théâtre qui programme deux ans à l’avance. Je n’avais pas commencé à travailler l’album que je savais que je jouais à Chaillot. Je me suis dit « je ne vais peut-être pas me pointer à Chaillot avec ma guitare et ma flûte à bec, il va peut-être falloir habiller le théâtre et penser à mon album. » D’où l’idée de baser mes chansons sur les arts visuels pour habiller, avoir de la matière picturale pour les projections vidéos et rebondir sur la scénographie.

Pour revenir aux thématiques de l’album, tu sembles assez en colère contre la société de manière générale, la télévision, le politiquement correcte, la position de la femme…
Je ne suis pas du tout féministe ! Je suis assez apolitique. Il y a des choses après qui m’énervent en tant qu’artiste. Je ne supporte pas la télévision, je trouve ça vulgaire. La Star Academy qui véhicule une image vulgaricime de mon métier et qui n’est surtout pas réaliste. On rend les gens célèbres et après quand ils sont célèbres, on les remplit : « tu vas chanter ça » ; on met des disques dans les bacs à coup de marketing. C’est l’inverse de ma façon de fonctionner. Les gens comme moi, se fabriquent eux-mêmes, avec le temps comme le pinard (rires). Comme l’agriculture, on est des choses qui poussent petit à petit donc forcément j’ai du mal avec les gens qui cautionnent ça. C’est dit dans une chanson qui s’appelle A quatre pattes. Ce sont aussi les moyens qui sont mis dans des clips complètement crétins, vides, où on voit des bimbos se trémousser devant un beau rapper black avec des gros tatouages et des lunettes de soleil. Tout ce premier degré me met extrêmement mal à l’aise. Je ne comprends pas qu’on puisse se tortiller comme ça devant autant de… lénifiance ? Ça existe ?

Ça peut exister…
(Rires) Autant de rien du tout, autant de vide. Donc oui il y a une chanson qui en parle mais en rigolant. C’est cru, ça dit les choses, mais je ne me cache pas derrière l’humour. C’est un album drôle, je ne suis pas qu’une chanteuse sérieuse, même si ce sont aussi des chansons d’amour. C’est vraiment un équilibre. Il y a aussi des chansons plus sensuelles sur lesquelles on ne rigole pas du tout, on écoute ça comme une chanson sérieuse.

Allen Jones (Hatstand, Table, Chair - 1969)
Allen Jones (Hatstand, Table, Chair - 1969)
Comment ça s’écoute une chanson sérieuse ? (rires)
Je ne sais pas ! Toutes les chansons de Rodin m’inspiraient moins d’humour. C’était tellement sensuel, tellement puissant Rodin, tellement sexuel et érotique que c’est un autre domaine, que les œuvres d’Allen Jones (A Quatre pattes) qui représentent des femmes objets, meubles. Le choix des œuvres est aussi calculé. Pour La vieille chanteuse de Toulouse-Lautrec, je me suis vraiment mis dans la peau d’une vieille chanteuse de quatre-vingt ans, il y a cent ans, éclairée par la bougie. Pareil c’est un peu contre le jeunisme du métier.

Tout ça n’est donc pas vraiment un acte militant qui s’inscrit dans un tout, qui ferait de toi une chanteuse engagée.
Non, je ne suis pas militante. Je pense que ça fait sourire les gens. C’est dit et chanté de façon suffisamment drôle pour pas qu’on m’emmerde. Mais j’avais besoin de le dire en tout cas. Les Repas de famille, c’est une chanson… oui il y a une chanson aussi un peu anti-religieuse (rires), anti-cléricale, anti-famille, anti-droite, mais tout est dit en sous-entendus.

Ce sont des restes de Boucherie (ndr : le premier groupe de Claire Diterzi, Forguette Mi Note était signé chez Boucherie Production)  ?
Oui peut-être… (rires) Mais je suis beaucoup retourné en enfance avec cet album. J’ai deux sœurs avec lesquelles j’ai beaucoup de complicité et dans notre enfance, ma mère nous a élevées toute seule avec peu de moyens. Je pense qu’on avait une créativité assez débordante. On déconnait bien. Elle nous envoyait au catéchisme, on ne supportait pas ça. Le repas de famille beauf, enfin des trucs (rires). J’avais envie dans cet album de faire ressortir des trucs de mon enfance, de mon adolescence mais j’en parle comme une adulte.

C’est finalement un album très personnel. J’ai l’impression que tu de dévoile beaucoup plus que précédemment. 
Plus travaillé, plus abouti, plus personnel… plus intime. Je n’ai jamais autant travaillé sur un projet. Un an et demi, tous les jours, ça fait beaucoup.

Si ta manière de chanter a toujours été en décalage des standards, j’ai l’impression que plus ça va et plus tu t’autorises de fantaisie, de liberté dans le chant.
Je ne pouvais pas chanter avec la même voix sur toutes les chansons puisque ça ne représente pas toutes les mêmes femmes. Toulouse-Lautrec c’est une vieille chanteuse, la danaïde c’est hyper sensuel… Les bimbos, je ne pouvais pas chanter n’importe comment, il fallait que je trouve une voix de Barbie, un peu con-con. Je me suis bien amusée mais chaque chanson est un rôle finalement. C’est plus une approche de comédienne vocale. Les chœurs étaient un désir très présent dès le début de l’album. Je voulais qu’il y ait beaucoup de chœurs très inspirés par le Mystère des Voix Bulgares que j’adore et l’Europe de l’Est qui me fascine.

Par fantaisie, j’entendais aussi que tu n’as pas de complexes, tu vas faire "gna-gna-gna-gna", c’est un parti pris artistique souvent non-conventionnel.
J’ai tous les âges dans l’album et à un moment je suis une sale gamine, je n’ai pas de limites. Je passe part tous les états, j’ai cinq ans, deux ans, quatre-vingts. Je me fous de chanter comme Lara Fabian, je me fous de la performance, ce n’est pas ça qui m’intéresse. Ce qui est important c’est ce que je raconte avec ma voix, ce que je veux donner comme émotion, c’est être éblouissante. J’ai une voix qui me permet de tout faire mais l’habileté ne m’intéresse pas. Elle me sert pour défendre des textes forts. L’album pour moi est engagé, il y a de vrais partis pris, ça ne ressemble à rien.

Oui il est engagé artistiquement même s’il n’est pas militant.
(Rires) Non je n’aime pas le mot ‘militant’. Il est engagé parce qu’il ne va pas dans la facilité. Il est exigeant et je n’ai pas peur d’être moi-même, d’inventer le monde et qu’il ne soit pas étiquettable.

clairediterzi_123202_250Mais ça n’est pas évident d’être soi-même…
Non, ce n’est pas évident surtout quand il faut mettre les disques en bac à la FNAC, surtout quand on te demande ce que tu fais comme musique… Tu as envie de te mettre une balle dans la tête. Je ne peux pas répondre à cette question. Je fais de la chanson mais je n’ai pas l’impression de faire de la chanson. Je fais de la musique, je suis une musicienne, je suis une chanteuse, je fais mon histoire, j’ai mon monde.

Est-ce que le fait d’être en groupe (ndr : Forguette Mi Note, Dit Terzi) te bridait un peu ?
Complètement. Le groupe, très tôt, c’était très énergisant. C’était génial, tu bravais tous tes complexes. Tout le monde allait à fond mais il y a un moment où c’est fatiguant cette énergie, il n’y a pas de leader et tu deviens exigeant. Moi je savais que j’étais une vraie artiste et je savais que dans le groupe il y avait des gens qui n’étaient pas artiste et ça me gênait à un moment. J’avais envie de chanter ce que j’écrivais et d’écrire ce que je chantais. Je n’avais plus envie de partager tout simplement. Ça été très mal perçu par le groupe donc du coup je suis partie mais jamais je regretterai de les avoir quittés pour…

Dit Terzi tu veux dire ?
Non Forguette Mi Note. Dit Terzi c’était une étape intermédiaire : j’écrivais, j’étais devenue autonome au niveau des compositions. Je faisais la musique et les textes.

C’était déjà la moitié de Forguette Mi Note, non ?
Oui, il y avait le contrebassiste qui faisait tous les arrangements. Là encore, il y a un moment où je me suis sentie comme en prison. J’ai cessé d’être en trio et je me suis retrouvée toute seule, avec moi-même et voilà, je m’amuse.

Pochette de l'album Boucle
Pochette de l'album Boucle
Est-ce que tu te rends compte encore plus de cette liberté maintenant qu’à l’époque de Boucle ?
Ce qui est important c’est que j’ai vraiment pris un an pour l’écrire Tableau de chasse en tant que projet. Boucle s’appelle comme ça parce que j’ai bouclé quelque chose avec. J’étais partie au Japon avec Decouflé, j’avais écrit des chansons pour lui, il y en a qui servait dans le spectacle, il y avait des chansons de Franck Monnet. J’avais un peu pioché à droite à gauche pour me rassembler et l’album était beaucoup moins cohérent que celui-là. Il était passé par plein d’étapes, plein de phases, plein de mains… J’ai pu signer chez Naïve et je me suis dis « bon on va rassembler tout ce qui s’est passé ces trois dernières années et on va faire un disque. »

Maintenant que tu es une vieille chanteuse avec le recul nécessaire, quel regard portes-tu sur ce parcours et sur le métier de chanteuse ?
C’est un métier difficile. Contrairement à ce que tout le monde veut croire, la difficulté dans ce métier c’est la longévité, la volonté, la persévérance. C’est ça qui fait un artiste, c’est le travail. C’est le temps qui fait la qualité. Bon tu as des choses très spontanées qui marchent tout de suite, mais c’est rare. C’est un métier difficile pour ça. Je ne me serai pas accroché, ça fait longtemps que j’aurais arrêté parce que j’avais pas de résultat commercial. Et à côté de ça j’avais des tournées de soixante dates jubilatoires. Je ne vois pas pourquoi j’arrêterais d’écrire des chansons puisque ça me permet de vivre bien et de jouer et d’être heureuse. 

La crise que connaît le marché du disque t’inquiète ou justement non parce que ta carrière s’est construite par la scène ?
Oui mais en même temps la scène tu ne l’as pas si tu n’as pas de disques. Il faut avoir un disque pour être programmé, il faut avoir de la presse. Ça se mord la queue. C’est donc inquiétant que les gens n’achètent plus de disques. C’est un objet qui va disparaître complètement, on aura plus de support physique, ça va être abstrait. C’est presque un peu maso de sortir un disque (rires), les gens en achètent quatre fois moins qu’avant. Je ne sais donc pas, tout est inquiétant mais il vaut mieux savoir faire des concerts. C’est au moins quelque chose de concret.


Sur ton site ta playlist idéale va des B52’s au Mystère des voix Bulgares, en passant par Linda Ronstadt, Kate Bush, Björk… ou Tino Rossi. Tu as une réelle passion pour la musique en tant qu’auditrice ?

Je ne suis pas très écouteuse… Pas tant que ça. Je n’écoute pas beaucoup de musique, j’achète peu de disques, je ne lis pas (rires). Je vais beaucoup au cinéma mais j’achète peu de disques. Quand j’en ai un que j’aime, je peux l’écouter pendant six mois. Et puis comme j’ai passé un an et demi comme ça sur ma musique, le soir tu te reposes les oreilles. Je n’avais pas envie de voir de concerts. C’est bizarre mais je me suffisais.

Quel est alors ton regard sur la chanson française ? C’est une scène que tu suis, ne serait-ce que pour partager des scènes avec ?
Oui, je côtoie beaucoup d’artistes. Il y a des gens que je respecte mais rien qui m’excite vraiment.

Et pas en français ?
Joanna Newsom tourne en boucle à la maison. Bonnie Prince Billy, Radiohead, Björk… Joanna Newsom en ce moment c’est la claque. C’est vraiment marrant, elle aussi elle voyage dans le temps, Y’s… et puis si, Moriarty chez Naïve récemment, j’ai pris une bonne claque sur scène.

Plutôt du rock indé de culture anglo-saxonne.
Bah oui. Il y a eu de très beaux albums qui m’ont beaucoup touché… Je suis très admirative du dernier disque de Noir Désir, Des images, des figures, c’est un ultime chef d’œuvre. J’adore Dominique A. Françoiz Breut, l’album Vingt à trente mille jours, je l’ai usé… et Franck Monnet, Les embellies de mai. Ce sont des choses françaises qui m’ont toujours subjugué.

Et dans ces cas-là, c’est un vrai travail d’échange ?
Oui parce que, en plus, tu as toute une équipe. Là aussi j’ai une magnifique équipe, on est six musiciens, on est onze sur la route mais tu n’as pas la même pression quand c’est le projet de quelqu'un d’autre. Avec Decouflé on tournait à vint-quatre dans le monde entier. J’avais douze ans, c’était comme la colo. Tu rencontre des gens nouveaux, tu te fais des copains. C’est vraiment une nouvelle famille. C’est une petite bulle éphémère et c’est ce qui est dommage dans de métier c’est que ça *claquement de langue*, il faut toujours reconstruire quelque chose, une autre bulle. Tu ne peux pas savoir à l’avance, c’est la précarité du truc. Par contre ce sont des bulles qui valent de l’or par rapport à bosser dans un bureau. Je trouve que c’est une chance quand même. Mais c’est un peu déstabilisant.


Tu sais déjà si tu dois rejoindre de nouvelles bulles ?

Jean-Jacques Beineix (ndr : qui était co-producteur de Requiem for Billy The Kid) voudrait que je bosse avec lui sur un petit film, je vais voir un petit peu en fonction de l’album si j’ai le temps. Sinon, je suis en train de faire la musique pour une pièce de théâtre de Martial Di Fonzo Bo qui est un comédien que j’adore. Je me suis engagé à faire ça mais je n’ai pas encore eu le temps. Je dois le voir demain (rires) et normalement je devais faire une pièce sur Camille Claudel avec un metteur en scène mais je ne sais pas si ça va se faire. En tout ca,s c’est ce dont j’ai envie, faire une pièce, mais ça dépend pas mal de l’avenir de l’album.

De belles heures de musiques en perspective dans tous les cas.